Vingt ans après la mort de Jonathan Coulom, 10 ans, retrouvé dans un étang à la sortie de la ville de Guérande en Loire-Atlantique, sa famille attend toujours un procès. Il existe pourtant une piste sérieuse, celle du pédocriminel allemand Martin Ney. Mais la complexité de l'affaire et la lourdeur de la collaboration avec l'Allemagne rallongent les délais.

À la sortie de la ville de Guérande, l'étang du manoir de la porte Calon existe toujours.

C'est là que le soir du 19 mai 2004, le corps de Jonathan Coulom, 10 ans, est retrouvé dans le plan d'eau, pieds et poings liés. 

Le jeune garçon originaire du Cher a disparu six semaines auparavant.

Il a été enlevé durant la nuit du 6 au 7 avril 2004, dans son dortoir de centre de vacances à Saint-Brevin-les-Pins, trente kilomètres plus au sud de la Loire, alors qu'il participe à une classe de mer.

Un passé effacé, mais pas oublié

Le bâtiment de l'ancienne colonie de vacances a été rasé et remplacé il y a quelques années par une résidence. Mais le souvenir de cette terrible nuit hante encore les habitants.

À l'époque, ce sont ces camarades de dortoir qui signalent sa disparition. À 7h30 du matin, le 7 avril, son lit est vide, laissant supposer que Jonathan a quitté le centre en pleine nuit, en pyjama et pieds nus. Une supposition difficilement envisageable, qui rend sa disparition encore plus inquiétante.

Des jours, des semaines de recherche commenecent alors pour retrouver l'enfant de 10 ans.

Des battues sont également organisées dans la forêt, près des plages. Les résidences secondaires sont toutes fouillées, en vain.

Mort par suffocation ou étouffement

Six semaines plus tard, le corps de l'enfant est retrouvé à Guérande.

L'autopsie conclut à une mort par suffocation ou étouffement.

Le cadavre est trop dégradé pour savoir si des sévices sexuels ont été infligés.

L’enquête s'oriente alors vers une piste locale. Les profils connus de pédocriminels dans le secteur sont étudiés. Des appels à témoin sont lancés, mais sans aucun résultat, malgré le travail acharné de la cellule de gendarmerie. 

La piste allemande de Martin Ney

Des années plus tard, en 2017, une piste, envisagée dès le début, ressurgit. Une piste allemande. Celle de Martin Ney. Un homme de nationalité allemande reconnu coupable du meurtre de trois petits garçons Outre-Rhin. Et qui purge une peine de réclusion à perpétuité.

Son co-détenu affirme qu’il lui a avoué un autre meurtre, en France. Et ce meurtre serait celui de Jonathan.

En 2021, la justice allemande accepte de l’extrader vers Nantes, pour une durée de huit mois. L'homme est mis en examen en France. Il est amené à Saint-Brevin, 17 ans jour pour jour après l'enlèvement. Il répond aux questions du juge lors de multiples interrogatoires. Mais il conteste systématiquement tout : l'enlèvement comme le meurtre.

Pour l’avocate de la grand-mère de Jonathan, Maître Caty Richard, c'est pourtant une évidence. Le profil, la méthode de Martin Ney lors de ses meurtres en Allemagne en font un coupable incontestable.

Il y a trop de points communs, le mode opératoire est trop similaire, les victimes sont trop similaires pour que ce soit un hasard

Maître Caty Richard

Avocate de la grand-mère de Jonathan Coulom

L'avocate dit être convaincue que Martin Ney est mêlé à la mort de Jonathan : "J'ai toujours pensé que c'était quelqu'un qui n'en était pas à son coup d'essai. Il fallait trop de sang-froid pour rentrer dans les locaux, rentrer dans cette chambre, enlever ce petit garçon".

"Je n'ai absolument aucun doute sur sa culpabilité, donc absolument aucun doute sur le fait qu'il y ait suffisamment de charges contre lui pour le renvoyer devant une cour d'assises en France."

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Pour l’avocate de la grand-mère de Jonathan, Maître Caty Richard, c'est une évidence. Le profil, la méthode de Martin Ney lors de ses meurtres en Allemagne en font un coupable incontestable. ©France 3 Pays de la Loire

Une affaire complexe

Trois ans après la mise en examen de Martin Ney, et alors que l'enquête est terminée, pourquoi n'y a-t-il toujours pas de procès ?

Pour le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul, la complexité de l’affaire et la nécessaire collaboration avec l’Allemagne expliquent ce délai.

"On dit souvent que la justice est longue, mais la justice peut être longue pour de bonnes et pour de mauvaises raisons. En l'occurrence, dans cette affaire, elle est longue pour de bonnes raisons".

"Cette longueur s'explique par l'opiniâtreté, qui est celle du juge d'instruction, du parquet et des enquêteurs qui ont travaillé sur ce dossier, qui est un dossier très difficile".

"Aujourd'hui, le Parquet est en train de travailler sur une synthèse de la totalité de cette procédure, qui fait quand même 160 tomes. Ce sont des dizaines et des dizaines de milliers de pages qu'il convient aujourd'hui de synthétiser dans ce document".

 Un magistrat travaille à temps plein sur la synthèse de cette procédure depuis maintenant trois mois

Renaud Gaudeul

Procureur de la République de Nantes

Un procès fin 2025 ou début 2026 ?

D'ici cet été, le réquisitoire du Parquet sera transmis au juge d'instruction, qui décidera ou non de renvoyer Martin Ney devant les Assises.

Les recours éventuels, les discussions avec l'Allemagne pour le faire revenir en France, prendront des mois.

Si procès devant les Assises il pourrait y avoir à Nantes, il ne pourra pas se tenir avant la fin 2025, voire au début de l'année 2026.

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Vingt ans après la meurtre de Jonathan Coulom, 10 ans, retrouvé mort à Guérande, sa famille attend toujours un procès. La complexité de l'affaire et la lourdeur de la collaboration avec l'Allemagne rallongent les délais. Un procès pourrait voir le jour à l'horizon 2025 ou 2026. Intervenants : - Maître Caty Richard, avocate de la grand-mère de Jonathan Coulom - Renaud Gaudeul, procureur de la République de Nantes Equipe : Virginie Charbonneau, Emilie Sizarols, Jean-Yves Loes, Maxime Jaglin, David Jouillat, Mailys Gimenez, Archives Guérande, avril-mai 2004, Archives Allemagne 2017. ©France 3 Pays de la Loire

Le reportage de Virginie Charbonneau et Mailys Gimenez

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