L'Etat ne remettra pas en cause la concession de la plage de La Baule, en Loire-Atlantique, au groupe privé Veolia, a assuré mardi la sous-préfète de Saint-Nazaire, bien que cette situation unique en France provoque depuis des mois la colère des exploitants.
"A ce stade, il n'y a pas de raison de mettre un terme de façon unilatérale à cette concession. L'Etat n'a pas de raison à le faire", a déclaré la sous-préfète, Marie-Hélène Valente, à l'issue d'une réunion avec le concessionnaire, la mairie et les représentants des exploitants.Face au tollé suscité par la gestion de la célèbre plage par un groupe privé, et non par la mairie, et aux inquiétudes redoublées depuis le lancement le 20 avril de la procédure d'appels d'offres pour les 35 établissements de la plage (clubs, écoles de voile, restaurants), l'Etat avait demandé à Veolia de revoir sa copie.
Le géant de l'eau et des déchets a ainsi accepté de réduire la profondeur des lots attribués à 25 mètres (contre 41 m) et de ramener la redevance annuelle à 5,5% en moyenne du chiffre d'affaires total de la plage, en l'alignant avec celle de sa voisine, Pornichet. Ces deux points figuraient parmi les principaux griefs des professionnels qui craignaient une mise en péril de leurs activités.
Veolia, qui a également accordé un report de la remise des offres au 21 août, a "ainsi démontré sa volonté de trouver des solutions acceptables pour l'ensemble des parties; en conséquence, l'État a décidé de poursuivre l'exécution du contrat de concession", a souligné la préfecture dans un communiqué.
Seul candidat après le refus de la mairie de reprendre la gestion à son compte en application du décret Plage de 2006, Veolia s'est vu attribuer en décembre la concession de la plage de La Baule pour douze ans.
Dans une volonté d'"apaiser les tensions", le maire (LR) de la station balnéaire, Yves Métaireau, avait proposé le 17 mai au groupe privé de créer une société d'économie mixte locale, pour permettre à la ville de "concourir aux dépenses de gestion", une proposition qui avait été accueillie favorablement par Veolia.
L'Etat a donné son accord mardi à l'institution d'une gouvernance commune de la gestion de la plage de 5,4 km. Mais "il faut trouver un montage juridique qui convienne pour que la mairie et Veolia gèrent de concert cette plage car il ne faut pas modifier
le contrat de concession initial", a expliqué la sous-préfète.
"Une solution bâtarde"
Pour l'association "La Plage, coeur de La Baule", qui regroupe la majorité des 35 exploitants, c'est "une solution bâtarde" qui laisse les professionnels "dans une incertitude dramatique (...) à quatre semaines de l'éventuelle remise de nos candidatures"."Madame le sous-préfet ne laisse pas sa chance à la mairie de reprendre sa plage", a regretté dans un communiqué le président de l'association, Loïc Durand-Raucher.
Celle-ci continue à plaider pour l'abrogation de l'arrêté préfectoral confiant la concession à Veolia et en "(appelle) directement au président de la République pour obtenir des adaptations locales du décret Plage de 2006".