Repenser la relation -homme animal d'élevage-, 150 éleveurs s'unissent pour redonner du sens à l'abattage des animaux sur le lieu de leur vie, ils ouvrent un financement participatif au public le plus large, pour la création de deux abattoirs mobiles.
Nous avons tous été confrontés aux images d'abattoirs dans lesquels des animaux souffrent le martyre avant de nous nourrir. Même si ces faits sont plutôt exceptionnels, ils ne manquent pas de nous interroger. Consommateurs comme éleveurs.
Doit-on continuer dans la voie de cette industrie qui salit les animaux destinés à notre assiette, et déshumanise les ouvriers des abattoirs qui y travaillent ?
Un retour en dignité
150 éleveurs de la Loire-Atlantique et du nord de la Vendée, adeptes du vieil adage, aide toi et le ciel t'aidera, se sont unis pour répondre à cette question, et sortir de cette impasse !L'idée leur est venue au cours d'une assemblée générale du GAB 44, Groupement des Agriculteurs Bio). Ils veulent créer d'ici un an, le premier abattoir mobile destiné à se rendre de ferme en ferme, là où les animaux ont vécu. Ils ont créé l’AALVie pour, Abattage des Animaux sur leur Lieu de Vie.
Guylain Pageot est éleveur à Villeneuve-en-Retz, il est un des promoteur de ce retour en dignité : "Cet abattoir mobile et de proximité a un rôle sociétal, celui d’offrir une possibilité à l’animal de naître, de vivre et de mourir à la ferme. Celui d’offrir, à l’éleveur, ou à l'éleveuse, la possibilité d’accompagner l’animal durant tout ce processus, celui d’offrir à la personne responsable de la mise à mort un lien particulier, sur le même lieu et en même temps, avec l’éleveur, ou l'éleveuse, et l’animal."
Le moment on le sait !
L'idée fait son chemin, pour commencer l'abattoir de Challans serait le point de départ d'un véhicule avec remorque, les deux aménagés pour procéder à l'abattage de l'animal dans sa ferme, et à son transport ensuite pour l'éviscération dans de bonnes conditions sanitaires."Nous sommes allés à deux reprises en Allemagne chez des bouchers qui ont mis en place cette pratique. Si on ne parle pas la même langue, nous parlions bien de la même démarche, une volonté d'être cohérent."
"Le moment on le sait. Il faut que cet animal meure pour qu'un autre vienne grandir à sa place. Nous aurons des moments de formation pour acquérir ce savoir-faire et se savoir-être."
L'administration comme l'ensemble des syndicats agricoles se sont réunis pour avancer sur ce nouveau projet. Guylain Pageot veut qu'il soit exemplaire et réplicable, ici en France comme ailleurs en Europe.
Un financement participatif
De l'idée à la pratique il n'y a qu'un pas, celui de son financement ! Et le pas est relativement important, 7 millions d'euro, pour financer deux dispositifs mobiles, l'un serait situé à Machecoul et l'autre à Plessé, permettant ainsi de desservir l'ensemble de la Loire-Atlantique et du nord de la Vendée.Car la ferme où se déroulera l'abattage des animaux, sous le contrôle d'un vétérinaire, ne doit pas se situer à plus de 60 km du lieu de l'éviscération et de la découpe.
"Nous lançons un financement participatif à hauteur de 20 000 euro pour commencer, sur la plateforme miimosa.com." La somme sera augmentée à chaque fois que l'objectif intermédiaire sera atteint.
"Ce financement est destiné à garantir l'autonomie des éleveurs, ne pas dépendre uniquement du monde agricole, et permettre aux consommateurs de prendre part à notre démarche. Nous tablons sur 40 000 donateurs." Manière de ne pas dépendre uniquement des financements habituels du monde agricole.