Le maire de la Chapelle Heulin est dans la tourmente. Entre les incivilités et dégradations des espaces publics d'un côté, et le souhait des habitants de faire justice eux-mêmes de l'autre, il cherche l'apaisement.
Des mineurs agités et des habitants excédés. Pour résumer, c'est un peu la situation de cette commune de près de 3 300 habitants dans la vignoble nantais.
Après le vol d'une voiture impliquée dans un accident il y a un an, la situation se dégrade sévèrement à la Chapelle Heulin, surtout pendant les vacances scolaires.
Enlèvement de barrières, poubelles incendiées, tapage nocturne, destruction de biens publics et privés : ses habitants en ont ras le bol.
Certains souhaiteraient changer les choses par eux-mêmes et faire justice eux-mêmes pour régler cette situation qui ne trouve aucune issue depuis un an.
Jean Teurnier, le maire de la Chapelle Heulin a annoncé qu'il envisageait "d'installer des caméras de vidéo-protection sur l'espace public", il a aussi sur son bureau "un arrêté municipal prêt à signer pour imposer un couvre-feu aux moins de 18 ans de 22h à 6h".
Mais avant de prendre cette solution onéreuse (près de 60 000 euros) pour cette petite commune, il lance un appel au calme du côté des jeunes comme celui des habitants.
Le maire est aussi à la recherche d'un médiateur qui puisse parler aux jeunes "trouver leur centre d'intérêt pour les intéresser et éviter une répétition des dégradations". Il souhaite donc entrer en contact avec des associations de jeunesse au plus vite car "les habitants commencent à avoir peur, donc la riposte pourrait être violente".
"Si vous êtes témoin d’actes repréhensibles, il faut prendre des photos ou des vidéos, sans toutefois vous exposer, ce qui facilitera le travail d’identification par la Gendarmerie", avertit la mairie sur son site internet.
Jean Teurnier avoue se sentir profondément "démuni". Par rapport à une ville comme Nantes, lui ne dispose d'aucune aider pour régler le conflit.
Une impasse épuisante
"On n'est pas formé à ce genre de confrontations quand on est maire d'une petite commune. Dans les grandes villes, ils ont des médiateurs. Ces jeunes sont en dehors du système. Je suis prêt à les rencontrer, mais je ne sais pas ce qu'ils cherchent", avoue le maire de la Chapelle Heulin.La situation de Jean Teurnier rappelle celle de nombreux maires de petites communes du pays : démunis et surchargés.
Pour certains, ces situations compliquées à gérer les amènent à quitter leur fonction.
Le nombre de maires à démissionner en cours de mandat a augmenté de 55 % par rapport à la précédente mandature (2008-2014), selon une
enquête réalisée par l’Agence France Presse (AFP), début août.
L'ancienne maire de Guérande en Loire-Atlantique, Stéphanie Phan Thanh, a démissioné en juin dernier. Pour expliquer son départ, elle raconte s’être engagée parfois « au-delà de ses forces » et « souvent au détriment de sa famille » dans un mandat qui nécessitait de « s’investir à 200 % ».
Vanik Berbererian, président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) reconnaît qu'exercer « le mandat de maire est quelque chose de plus en plus difficile ».
En cause ? « Des baisses de moyens, des normes très lourdes et les citoyens sont de plus en plus exigeants. Par exemple on demande de plus en plus au maire d’intervenir dans des conflits entre particuliers. »