La mystérieuse disparition des quatre membres de la famille Troadec a connu lundi un dénouement spectaculaire avec les aveux du beau-frère, qui a reconnu les avoir tués à cause d'une "rancoeur" liée au partage de pièces d'or d'un héritage.
Le suspect, Hubert Caouissin, a avoué avoir tué les deux parents Pascal et Brigitte, 49 ans, et leurs deux enfants, Sébastien, 21 ans, et Charlotte, 18 ans, le 16 février.
Il a été mis en examen et écroué lundi soir pour "assassinats" et "atteinte à l'intégralité d'un cadavre", a-t-on appris de source judiciaire.
Sa compagne, Lydie Troadec, soeur du père de famille assassiné, a quant à elle été mise en examen et écrouée pour "modification de l'état des lieux d'un crime et recel de cadavres", a indiqué une autre source judiciaire.
Le principal suspect, qui n'a pas de casier judiciaire, aurait, après le drame, démembré les corps, en enterrant une partie et brûlant l'autre, a déclaré à la presse le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès.
Hubert Caouissin a expliqué son geste en évoquant un "soupçon" de "disparition de pièces d'or", lors de la succession du père de Pascal et de Lydie Troadec. Ces pièces auraient dû être partagées, selon lui.
Lundi soir, une vingtaine de CRS sécurisaient l'entrée d'un chemin menant au corps de ferme où habitait le couple à Pont-de-Buis (Finistère), entre Brest et Quimper.
Sur la boîte aux lettres à l'entrée du chemin, figure le nom "Troadec".
Selon des voisins, la maison a été achetée "il y a un ou deux ans" mais ils assurent n'avoir "jamais vu" les propriétaires. Proche de la quatre-voies Brest-Quimper et située dans un vallon, la propriété, dont seuls les toits sont visibles, comprend 32 hectares de terres et de bois.
Le conflit familial à l'origine du drame remonterait "aux années 2006-2007". Hubert Caouissin en aurait nourri "une rancoeur" à l'encontre de la famille d'Orvault (Loire-Atlantique), a détaillé le procureur.
Le suspect travaillait comme technicien chez DCNS depuis 1987, a précisé le groupe industriel.
"Une grande violence"
Le 16 février au soir, Hubert Caouissin se rend au domicile des Troadec à Orvault, près de Nantes, à plus de 250 kilomètres de chez lui, dans l'intention de les "espionner".La famille endormie, il se cache dans le garage, avant d'entrer dans la maison par une porte communicante.
Réveillés par le bruit, Pascal et Brigitte Troadec se seraient retrouvés nez-à-nez avec lui. Le beau-frère aurait alors attrapé un pied-de-biche tenu par le père de famille, tuant les parents, puis les deux enfants, a indiqué le procureur qui évoque une "scène criminelle d'une grande violence".
Du sang, en quantité importante et appartenant à trois des quatre membres de la famille, avait été trouvé dans toute la maison.
Hubert Caouissin n'a quitté le pavillon d'Orvault que le lendemain matin, rejoignant Pont-de-Buis et informant sa compagne du drame.
Il revient à Orvault le 17 février dans la soirée pour "nettoyer" la maison. Le lendemain soir, il met les dépouilles dans le véhicule de Sébastien Troadec, puis passe "les deux, trois jours qui suivent" à "s'efforcer de (les) faire disparaître".
Retrouvée jeudi, la voiture du fils avait été garée à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Concernant les indices retrouvés à Dirinon (Finistère), qui ont laissé croire à un "jeu de pistes morbide", le suspect aurait décidé de s'en débarrasser de "manière précipitée", selon le procureur.
La recherche des corps
Le magistrat a salué le "gros travail" réalisé par la centaine d'enquêteurs de la police judiciaire mobilisés sur cette "affaire hors normes"."Il y a maintenant un autre enjeu dans ce dossier, c'est bien évidemment (...) de découvrir l'endroit où les corps ont pu être enterrés", a souligné Pierre Sennès.
Suite au signalement de la disparition de la famille, le 23 février, les enquêteurs se sont mis sur la piste d'Hubert Caouissin après la découverte de ses traces génétiques dans le pavillon d'Orvault et la voiture du fils.
Placés en garde à vue dimanche matin à Brest (Finistère), le beau-frère et la soeur de Pascal Troadec avaient déjà été interrogés au début de l'enquête. Hubert Caouissin avait alors dit qu'il n'avait plus vu depuis longtemps cette partie de la famille, avec laquelle le couple était fâché en raison d'une histoire d'héritage.
► Voir ou revoir la conférence de presse de Pierre Sennès, le procureur de Nantes