Plusieurs dizaines de buralistes venus de toute l'ouest de la France se sont rassemblés hier soir devant la cité des congrès à Nantes. Ils sont arrivés revêtus de sacs en plastique blanc pour signifier leur opposition au paquet de cigarettes neutre.
Pourtant un projet de santé publique, ils estiment que la mesure met en danger l'économie de leur commerce. Plusieurs milliers de buralistes se sont rassemblés lundi soir dans des salles de Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et Nantes pour dire à nouveau "non" au paquet neutre voulu par le gouvernement et notamment la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Nous avons réussi à faire bouger les lignes au Sénat et maintenant, les députés de la majorité se posent beaucoup de questions sur ce paquet neutre. Il n'y a aucune raison que la France aille plus vite que les autres pays européens sur l'adoption du paquet sans logo et c'est un discours qui fait mouche auprès des parlementaires",
assure Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes, réuni avec ses troupes à la maison de la Mutualité à Paris. Dans la capitale, 1.500 personnes étaient attendues, et 6.000 au total dans l'Hexagone. On compte 25.000 débits de tabac dans l'Hexagone.
On pouvait lire sur des banderoles: "Supprimer les buralistes ne fera pas baisser le tabagisme" ou "Fiers d'être buralistes".
"Le paquet neutre est une vraie crainte pour nous buralistes, et dans les zones rurales, si ça continue comme ça, il n'y aura plus de petits commerces", prédit José Pessoa, 55 ans, gérant d'un bar-tabac dans le Loiret.
"Si demain je ne peux plus vendre de tabac, je mets la clé sous la porte", assure celui qui est le dernier commerçant d'un village de 800 habitants.
"Il va falloir coller à la culotte des députés. On les rencontre déjà dans les diverses circonscriptions, nous sommes très motivés", renchérit Pascal Montredon.
Lors du passage devant le Sénat du projet de loi santé, l'amendement instaurant le paquet neutre a été rejeté. Seulement seize sénateurs (6 socialistes et 10 écologistes) ont voté pour, et 228 contre. Quatre-vingts sénateurs socialistes se sont abstenus. Un amendement devrait être déposé une nouvelle fois en commission des affaires sociales le 9 novembre, avant un examen en séance prévu à partir du 16 novembre.
Pascal Montredon rappelle que "le paquet neutre est un très mauvais signe pour l'avenir de la profession de buraliste. En 2014, 1.041 bureaux de tabac ont fermé en raison notamment de l'importance du marché parallèle qui s'élève à 26,3% et ces défaillances vont aller jusqu'à 1.200 pour 2015", s'insurge-t-il.
"En termes d'emploi, c'est entre 2.500 et 3.000 personnes qui pourraient se retrouver au chômage à la fin de l'année, car un buraliste ne travaille pas seul, c'est dramatique", regrette-t-il.
Dans une étude réalisée en juin-juillet par le cabinet Monitor Deloitte pour le compte du cigarettier Philip Morris sur l'impact économique du paquet neutre sur les buralistes, et dont l'AFP a obtenu copie, il est indiqué que ce paquet sans logo ferait passer la part des cigarettes achetées sur le marché parallèle de 26 à 35%. Ensuite, la baisse de fréquentation des buralistes (qui réalisent 61% de leurs ventes et de 35 à 50% de leurs profits avec le tabac) se traduirait par une baisse de 9% à 11% du chiffre d'affaires des débits de tabac et une chute de 29% de leur excédent brut d'exploitation. Le paquet neutre pourrait entraîner de 660 à 860 fermetures de bureaux de tabac supplémentaires dès la première année.
Chaque année, le tabac est responsable de la mort de 73.000 personnes en France.
>>Pierre Simonneaux Président de la chambre syndicale des buralistes d'Îlle et Vilaine