À vos râteaux ! Le témoignage en BD d'une transition écologique à l'échelle d'un foyer

Parce que la transition écologique est l'affaire de toutes et tous, les Nantais Pauline Bardin et Édouard Bourré-Guilbert ont troqué la fourchette pour un râteau, histoire de produire eux-mêmes ce qu'ils avaient envie de manger. Accompagnés au dessin de Nicolas Gobbi, ils témoignent dans cette bande dessinée de leur expérience, en espérant faire des émules...

Bien évidemment, passer du rayon légumes d'un supermarché au potager, de l'achat facile et parfois compulsif à la culture raisonnée, ne s'improvise pas ! Il faut le pouvoir, posséder un bout de terre peut par exemple faciliter les choses. Il faut surtout le vouloir. Pauline Bardin et Édouard Bourré-Guilbert, installés depuis quelques années sur Nantes, l'ont voulu et s'en sont donné les moyens. Lectures, rencontres, stages, expérimentations...ils sont aujourd'hui incollables sur le sujet et partagent leur expérience à travers ce roman graphique paru chez Steinkis.

Aucune leçon de morale dans les 128 pages du livre, Pauline Bardin et Édouard Bourré-Guilbert, ici scénaristes, accompagnés du dessinateur italien Nicolas Gobbi, ont opté pour un ton léger et drôle, tant dans le dessin que dans le propos, avec pour objectif d'apporter leur pierre - ou leur graine - à un mieux vivre collectif, plus en harmonie avec la nature.

Si vous aussi rêvez d'accompagner le mouvement par une agriculture et une consommation raisonnées, tout en vous posant des questions sur ce qu'est une AMAP ou l'agroécologie, comment bien choisir ses graines ou préparer la terre de son potager, alors ce livre est fait pour vous.

Et si vous n'avez pas sous les pieds un bout de terre à vous, sachez qu'un potager au balcon, un jardin partagé ou en sous-location et pourquoi pas un potager sauvage comme le suggèrent Édouard et Pauline peuvent très bien faire l'affaire. Tous aux râteaux ! Interview...

Tout est parti d'une prise de conscience, dites-vous dans l'album. Pouvez-vous nous expliquer quand et comment celle-ci est intervenue ?

Édouard. Notre prise de conscience est intervenue à Montréal où nous vivions au début des années 2010. Là-bas, le ramassage du compost était géré par la municipalité avec une troisième poubelle en plus de celles des déchets et recyclés. La consigne payante pour les bouteilles était dans le quotidien de tout le monde. L'agriculture en ville était visible dans de nombreuses friches. Les voisins réaménagaient leurs ruelles pour combattre les îlots de chaleur. Etc. Beaucoup d'initiatives qu'on observe désormais en France. Il y avait une société civile dynamique qui traitait ces questions d'écologie sans pour autant parler de militantisme.

Les lectures ont suivi, parmi lesquelles celle de Philippe Squarzoni et son album Saison Brune qui sera le marqueur d'un avant et d'un après. Pierre Rabhi aussi, qu'on rencontrera à travers ses livres puis chez lui. Il alimentera ce pas de côté que nous cherchions à faire. Nous nous interrogions sur la manière dont était produit ce que nous mangions. Tels des détectives, il nous importait de retracer l'histoire depuis le début : par qui avait été produit notre légume (un agriculteur indépendant ou un industriel) ? De quelle graine était-il issu (reproductible ou hybride) ? Comment avait-il été cultivé (hors-sol ou en pleine terre) ? Où l'achetions-nous ? Etc. C'est devenu une nécessité pour nous de connaître notre assiette.

Pourquoi avez-vous souhaité faire de cette expérience une bande dessinée ?

Pauline. On a fait l'album qu'on aurait voulu trouver quand on démarrait notre propre cheminement. La bande dessinée touche désormais un large public. Elle a son rôle à jouer pour mieux appréhender toutes les questions de transition écologique qui sont parfois abstraites, détachées de nos quotidiens.
Nous avions sorti en 2014 un album intitulé Québec Land (éditions Sarbacane). Nous nous mettions en scène pour raconter notre expatriation au Québec. C'est donc tout naturellement que nous nous sommes tournés de nouveau vers la BD pour narrer nos nouvelles aventures en Loire-Atlantique cette fois-ci !

Comment présenter cette BD d'ailleurs ? Comme un témoignage ? Un guide ?

Édouard. Un témoignage oui. Un partage d'expérience qui invite le lecteur à s'interroger sur ce qui l'entoure, à prendre du recul sur sa façon de consommer ses tomates mais pas que !

On parle beaucoup de transition écologique un peu partout, un peu tout le temps. Mais certains ne savent pas trop comment s'inscrire dans ce mouvement. Cette BD est-elle faite pour eux ? Pour leur indiquer un chemin possible ? 

Pauline. On en parle beaucoup et tout le temps car aujourd’hui nous savons que nous sommes dans une situation où nous ne pouvons plus cacher la poussière sous le tapis. Alors, il faut se lancer. Nous espérons que cette BD touchera ceux qui n'ont pas encore trouvé leur porte d'entrée.

Parce que la transition est l'affaire de tous ?

Édouard. La transition est l'affaire de tous, individuellement et collectivement.

Faire son potager, soutenir l'agriculture de proximité, s'approvisionner dans une AMAP. De la terre à l'assiette, cette transition-là est finalement accessible à tout le monde...

Pauline. Nous proposons à travers cette BD d'observer ce qui nous entoure. De créer du lien avec les commerçants et agriculteurs qui travaillent et vivent près de chez nous. De tenter des choses dans son carré de potager ou dans sa jardinière pour retrouver le goût de faire les choses par nous-mêmes. En fin de compte, inutile de tergiverser, il n'y a qu'à se baisser.

Vous êtes scénaristes sur la BD, vous êtes associés à un dessinateur italien, Nicola Gobbi, Ce n'est pas tellement éco-responsable !

Édouard. Le bilan carbone de cette association est de 0, nous pouvons le certifier ! Aucun avion n'a été maltraité dans la fabrication de cette BD, promis juré !

Un trait léger, un ton qui l'est tout autant, parfois même humoristique. C'était important pour vous de ne pas être trop scolaire, donneur de leçon... ?

Pauline. Au début de notre transition personnelle, nous aurions aimé lire, regarder ou écouter plus de contenus adoptant un ton décontracté. Nous pensons que l'impact est d'autant plus fort quand les idées sont partagées avec humour et autodérision. Dans le contexte d'éco-anxiété dans lequel nous vivons, il est plus que jamais nécessaire de faire une part belle à la fantaisie !

Graphiquement, c'est ce que vous imaginiez ?

Édouard. Nicola s'est emparé du scénario avec brio. Il a su retranscrire notre histoire avec espièglerie. Son trait, plein de malice et de rondeur, donne la tonalité que nous avions imaginée.

Et demain ? Une BD sur la gastronomie raisonnée ? 

Pauline. Le terme « raisonné » peut finalement s'appliquer à tout. Ce qui offre un champ des possibles pour amorcer sa propre transition. Alors pourquoi pas, croquons une gastronomie raisonnée avec gourmandise et légèreté !

Merci Pauline et Édouard, propos recueillis le 23 septembre 2022

Chroniques, interview... retrouvez toute l'info du neuvième art sur notre blog dédié Le Meilleur de la BD

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