Abandon de l'arbre aux hérons, "une décision courageuse" pour les élus verts, "un fiasco" pour l'opposition, Johanna Rolland s'explique ce jeudi

Le projet de l’Arbre aux Hérons, c’est une longue histoire, qui court depuis vingt ans. Tout démarre en 2000 avec un premier dessin de François Delaroziére qui pose les fondations du projet : un arbre géant, des jardins suspendus, un bestiaire mécanique couronné par un couple de Hérons embarquant du public. Johanna Rolland fait un point d'actualité sur le dossier qui cristallise les oppositions, notamment celle des écologistes, depuis des années. Johanna Rolland a annoncé aux élus l'enterrement du projet.

En 2000, le projet fait rêver. Imaginé dans le cadre du vaste programme de requalification de l’île de Nantes, en collaboration avec Alexandre Chemetoff. Aujourd'hui il cristallise les oppositions, notamment celle des écologistes de la majorité de Johanna Rolland. La maire de Nantes et présidente de la métropole doit faire "un point d'actualité" ce jeudi 15 septembre. 

"Une décision courageuse"

C'est une décision à la fois courageuse et de bon sens. Du côté d'Europe Ecologie les Verts, nous nous réjouissons de cette annonce qui est une bonne nouvelle pour Nantes

Mahel Coppey

Conseillère métropolitaine EELV

Très tôt les écologistes se sont opposés au projet et ont soutenu les collectifs de citoyens.

"L'arbre aux hérons au delà des questions budgétaires est un projet insensé. La construction d'une attraction faite de 1900 tonnes d'acier dans une carrière en plein soleil, aujourd'hui, c'était carrément absurde", commente l'élue. "Sans parler des montages juridiques un peu bancals qui ne font qu'enterrer définitivement ce projet", ajoute Mahel Coppey.

"Il va désormais falloir regarder comment les budgets alloués vont être réorientés. Il faut se saisir de ce moment pour peut-être imaginer la culture autrement. Pourquoi pas mettre les oeuvres du bestiaire dans les quartiers populaires, dans les communes ? Ces budgets pourraient être redistribués pour la protection des personnes les plus vulnérables, sur les ressources naturelles ou la sobriété énergétique". 

Ce projet avait aussi un déficit de transparence, il n'a jamais été mis en débat auprès des citoyens

Mahel Coppey

Conseillère métropolitaine EELV

8,5 millions d'euros déjà investis dans les études

8,5 millions d'euros ont déjà été investis dans les études. 4,5 millions d'euros pour la métropole, 3 millions de dotations et 1 million d'euros de l'Etat. Pour Laurence Garnier sénatrice LR de Loire-Atlantique et vice-présidente de la région porte-parole de l'opposition LR, l'abandon est un nouvel échec de la maire de Nantes.

"Je suis assez navrée de constater que tous les projets portés par la maire de Nantes se terminent en abandon.

On a eu le Yellopark, aujourd'hui l'arbre aux hérons. Au final deux dossiers qui se terminent en fiasco parce qu'ils on été mal pensés, mal calibrés peu partagés et qui ne font aucun consensus auprès de la population nantaise

Laurence Garnier

Vice-présidente LR de la région

L'opposition n'a pas toujours été contre  l'arbre aux hérons. "A 36 millions d'euros nous pensions qu'il y avait moyen de faire quelque chose de ce projet. On avait même parlé pendant la campagne des municipales d'un arbre de la liberté", précise la sénatrice.

A 53 millions d'euros, ça a commencé a fortement nous interroger. Là on voit bien que le projet aurait frôlé les 100 millions d'euros, ça devenait impossible. On a perdu beaucoup de temps et d'argent. Comment les collectivités et les partenaires vont-ils se retourner désormais?

Laurence Garnier, vice-présidente(LR) du conseil régional

"Ça témoigne aussi d'une fragilité politique de la maire de Nantes. Je pense qu'elle n'a plus de majorité pour mener à bien les projets qu'elle a décidé. Pour moi c'est très grave, notre ville a besoin d'avancer, elle n'en a plus les moyens", tacle l'élue LR.

"Johanna Rolland s'accroche aux branches"

Les réactions politiques sont nombreuses. Une "nouvelle victoire militante" pour Nantes en commun . "La majorité enchaîne les déconvenues, surtout depuis les résultats du premier tour de la présidentielle : la vision tout-pour-la-croissance n'est plus majoritaire dans
cette ville", déclare Margot Medkour

Valérie Oppelt, conseillère municipale LREM ironise :  "après Yellopark, l’arbre aux hérons, le projet s’arrête. Jamais 2 sans 3 ? Pas très pro tout cela, Johanna Rolland s’accroche aux branches." 

"Face à une réalité de plus en plus intenable je félicité Johanna Rolland", a pour sa part régit Andy Kerbrat député NUPES.

L'abandon d'un projet qui fait polémique depuis 20 ans

La facture de cette oeuvre gigantesque portée par François Delarozière et la compagnie la Machine, n'a cessé d'augmenter pour atteindre 52, 4 millions d'euros dont deux tiers d'argent public. L'association Anticor avait dénoncé un montage financier opaque notamment sur la question des appels d'offre. En début de matinée, ce jeudi 15 septembre, Johanna Rolland a finalement annoncé à certains élus métropolitains l'abandon du projet.

A plusieurs reprises le vote métropolitain avait été reporté.

2000, la première esquisse

Dans son atelier, François Delarozière donne les premiers coup de crayons .Le dessin pose les grands fondamentaux du projet : un arbre géant, des Jardins Suspendus et des Hérons embarquant du public. Il a été modifié en cours de route. 

2017, la branche prototype

Concrètement les Nantais et les touristes commencent à réaliser ce que cela pourrait donner en 2017, avec l'installation d' une branche complète. Le prototype à l'échelle échelle 1/1 doit permettre d' explorer en grandeur réelle toutes les contrainte fabrication, montage, accueil du public, mais également la mise en culture des végétaux.

Avec le Grand Eléphant et la Galerie des Machines, la branche prototype de l’Arbre aux Hérons fait partie de la première tranche du projet des Machines de l’Île. 

2012 , une nouvelle galerie des machines

Après l'inauguration du Carousel des mondes marins, la galerie des machines est renouvelée pour mettre en avant l’Arbre aux Hérons. Il faut convaincre de l'utilité et de la faisabilité d'un tel projet, dont le coût n'a cessé d'évoluer pour atteindre aujourd'hui est chiffré à 52, 4 millions d'euros, 17,5 pour Nantes métropole.   

La maquette au 1/10e est plantée au centre de la galerie. Elle est la première à donner une vision globale de l’intention artistique et technique à travers les végétaux qui y poussent
et les systèmes mécaniques qui permettent de mettre en mouvement les hérons.

2019, la carrière Misery et le jardin extraordinaire

"Ce qui est fait dans la Carrière de Chantenay, doit contribuer à donner à Nantes une longueur d’avance pour ces défis que toutes les villes doivent relever : la végétalisation des villes et des bâtiments".  

Pour les concepteurs l'arbre sera donc vert. Pour les écologistes, remontés comme des coucous et farouchement opposés au projet depuis toujours, c'est une autre histoire.

Le jardin extraordinaire est inauguré le 28 mai. Conçu par le cabinet Phytolab avec l'aide du Service des Espaces Verts de la ville, le nouveau parc végétal, en bas du quartier Chantenay, s'étale sur 3,5 hectares avec sa cascade, son plan d'eau et ses plantes géantes.



Plus de 200 espèces végétales s'y développeront, profitant du microclimat local. La carrière offre en effet un endroit protégé où la température grimpe jusqu'à 4° de plus qu'au bord du fleuve quelques mètres plus loin.

Un parcours de 7 belvédères qui incite à la promenade, un joli promontoire aussi pour les riverains opposés à l'implantation sur site du futur arbre aux hérons.

Coût du chantier : 1,5 millions d'euros.
 

2022, le premier envol du héron

Le 24 mai 2022, le battement d'aile est symbolique.

Après plusieurs mois de construction, le grand héron a pris son premier envol au pied de l'éléphant.

Comme toutes les machines de la compagnie, le Héron est morphologiquement fidèle à la réalité tant d’un point de vue esthétique avec son enveloppe bois extérieure que dans sa structure mécanique, pouvant adopter de nombreuses attitudes de l’animal.

On cherche à mener ce chantier de la façon la plus harmonieuse et la plus folle possible de façon à ce que le résultat de ces cinq ans de construction soit absolument extraordinaire et bluffant

François Delarozière

Directeur artistique de la Machine

Après un été qui a ramené tout le monde à la réalité et à la raison, Johanna Rolland a trouvé une porte de sortie écologique.  Elle répond ainsi à tous les détracteurs qui voyaient dans la construction de cette nouvelle machine de bois et d'acier une aberration économique. La maire de Nantes tient un point presse à la mi-journée pour expliquer son choix. 

Pierre Oréfice et François Delarozière, concepteurs du projet tiendront une conférence de presse ce vendredi 16 septembre. D'ici là ils ne feront aucun commentaire. Même si on imagine fort bien qu'ils doivent avoir une sacrée branche en travers de la gorge.

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