C'est le Figaro qui a révélé l'information ce 28 septembre : "Le gouvernement stoppe le projet de rénovation lancé en 2019" titrait le quotidien. Ce chantier avait pourtant été annoncé lorsque a été abandonné le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en 2018.
En janvier 2022 déjà, certains s'étonnaient de l'opacité de la procédure concernant l'appel d'offres qui devait déterminer le nouveau concessionnaire de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
"On ne sait pas qui sont les candidats, mais surtout, on ne connaît pas le contenu de cet appel d'offres. On ne sait pas si la piste actuelle va être prolongée, on ne sait pas s'il y aura construction de parkings en silo, ni si l'aérogare sera entièrement déplacée ou simplement rénovée" s'énervait Mathias Crouzet, le porte-parole de l'association "Des ailes pour l'ouest".
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Lettre au gouvernement
Au début de l'été 2023, c'est un collectif d'élus de tous bords qui prenait la plume pour demander au gouvernement de tenir ses promesses.
"Quatre ans après cette signature (le "contrat d'avenir pour les Pays de la Loire" signé par Edouard Philippe), nous faisons, ensemble, le constat amer que l’État n’est pas au rendez-vous de ses promesses, et que la parole donnée – que votre parole – n’a pas été respectée" écrivaient en juin 2023 ces élus de la région. "Les principaux engagements pris par l'état n'ont pas été retenus, constataient ces élus, à commencer par le premier d'entre eux, le réaménagement de l'aéroport de Nantes Atlantique dont l'état de vétusté est indigne d'une région comme la nôtre."
Une saturation annoncée
Le silence de l'État quant à un calendrier de travaux n'augurait rien de bon pour cet équipement dont on annonce une saturation pour 2030 (10 millions de passagers en 2040 selon une estimation de la DGAC).
Pour l'année 2022, 5 millions 800 000 passagers étaient comptabilisés. Même si on est encore loin du record de l'année 2019 (plus de 7,2 millions), on note une progression régulière depuis la crise sanitaire.
Des difficultés qui s'accumulent
Nouvelle déconvenue pour ceux qui attendent une modernisation de Nantes Atlantique et une meilleure protection des riverains, selon Le Figaro (article réservé aux abonnés), l'Etat aurait donc annulé son appel d'offres pour désigner un concessionnaire. Manque de candidats à la reprise, difficultés pour allonger la piste, coût des travaux envisagés, les turbulences ne manquent pas autour de ce dossier.
"Cet aéroport n'est pas très beau, constatait une usagère des lieux ce vendredi matin. Il est "dans son jus" depuis plusieurs années. Néanmoins, il reste fonctionnel pour les passagers nantais qui l'utilisent. Ça nous évite de monter à Paris pour des liaisons sur l'Europe. Je pense que le projet de rénovation ne devrait pas être abandonné."
Plus de vols, plus de nuisances
Obsolète, pas assez grand, indigne d'une ville comme Nantes, sont des réactions collectées auprès d'utilisateurs de l'équipement.
Un autre usager constate que l'accessibilité laisse à désirer. "Des fois, ça crée des embouteillages" dit-il.
De son côté, la maire (divers droite) de Bouguenais, la commune sur laquelle se trouve l'aéroport, exprime sa déception :
"Ça fait des années qu'on attend la modernisation de cet aéroport, déclare Sandra Impériale. Pour la ville de Bouguenais, pour l'agglomération et pour la région. Ça n'est toujours pas le cas. Je vois toujours plus de vols et toujours plus de nuisances pour les riverains. Il y a trop de nuisances. On a voté l'interdiction des vols nocturnes. Ça n'est pas respecté. Non seulement on a un aéroport qui n'a pas déménagé, mais, en plus, on a des riverains qui subissent des nuisances."
"Cet équipement totalement inadapté"
À Saint-Aignan de Grand Lieu, abondamment survolée par les avions, la commune réagit à cette annulation d'appel d'offres en se satisfaisant de l'abandon du projet de rallongement de la piste, mais regrette que la modernisation de l'aéroport soit gelée :
"Cet équipement totalement inadapté continue d’accueillir aéronefs et voyageurs dans des conditions ubuesques, note un communiqué. L’Etat est incapable de faire respecter le couvre-feu instauré depuis le 8 avril 2022, avec des éléments de langage des compagnies aériennes teintés de mépris envers les populations riveraines et leurs représentants."
"Une incurie totale de l'Etat"
On espère à Saint-Aignan de Grand Lieu que le ministre délégué aux transports apportera quelques précisions le 2 octobre. On annonce en effet une visite de Clément Beaune ce lundi à Nantes. Il devrait rencontrer la présidente de la Région Pays de la Loire, Christelle Morançais et la maire de Nantes, Johanna Rolland. Laquelle ne mâche pas ses mots :
"C'est une incurie totale du pilotage de l'Etat, déclare Johanna Rolland. Qu'on se place du point de vue de la protection des populations ou du point de vue de la modernisation nécessaire de l'infrastructure, je pèse mes mots, c'est une incurie !"
Contactée, la direction de l'aéroport de Nantes Atlantique répond qu'elle n'a aucune information sur ce sujet.
Olivier Quentin avec Siegrid de Missouard.
