En déplacement à Nantes, Clément Beaune, le ministre des Transports, s'est expliqué devant les élus locaux et les acteurs économiques sur l'annulation de l'appel d'offre pour le réaménagement de l'aéroport Nantes Atlantique. Un nouvel appel d'offre sera lancé d'ici à la fin de l'année. Rendez-vous est pris dans un mois.
Le ministre des Transports, Clément Beaune, s'est déplacé en personne ce lundi 2 octobre à Nantes pour s'expliquer sur l'annulation de l'appel d'offre pour le réaménagement de l'aéroport Nantes Atlantique, annoncé officiellement vendredi 29 septembre.
"J'ai voulu partager, assumer en toute transparence, en vérité, en responsabilité, cette décision difficile et ce moment difficile pour le territoire. Pour dire que nous ne pouvions pas engager l'État, le territoire et ses habitants dans une offre qui n'aurait pas été satisfaisante et qui présentait de trop grandes fragilités, a précisé le ministre à l'issue d'une réunion de deux heures avec les élus locaux et les acteurs économiques.
Clément Beaune a assuré qu'un nouvel appel d'offre pour le futur concessionnaire de l'aéroport serait lancé en fin d'année "On ne repart pas de zéro, on avance en saisissant cette occasion pour faire mieux, notamment sur le plan écologique. Il a informé de son retour à Nantes dans un mois, tout en soulignant le décalage inévitable de deux ans du projet.
Le projet de l'allongement de la piste, synonyme de l'intensification du trafic, pourrait ne pas être inscrit dans cet appel d'offre.
"Au moins il y a un peu de clarté et il y a aussi quelque part le courage de venir voir sur le terrain et enfin de prendre le temps d'écouter les élus locaux qui travaillent sur ce sujet depuis des années, a réagi la députée écologiste Julie Laernoes. Beaucoup de temps auraient pu être gagnés si le maire de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, la maire de Rezé, avaient pu être écoutés en temps et en heure, notamment sur la question de l'extension de la piste.
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Des avancées sur le couvre-feu et les nuisances sonores
Concernant l'application du couvre-feu pour les vols commerciaux entre minuit et 6h instauré depuis avril 2022, le ministre a demandé le renforcement des contrôles et des sanctions. "Les compagnies qui ne respectent pas le couvre-feu ou qui récidivent seront durement et fermement sanctionnées. Je suis ouvert à ce que nous ayons, les prochaines semaines, une discussion avec les élus pour voir si l'arrêté de couvre-feu peut être amélioré ou précisé".
S'agissant du plan de gêne sonore et des indemnisations pour l'insonorisation de l'habitat, Jean-Claude Lemasson, le maire de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, relève des avancées. Le ministre "doit agir pour modifier le décret de février 2011 qui stabilisait le montant par pièce et par habitation".
"C’est important parce que la dernière commission consultative d'aide aux riverains qui s'est tenue à la fin du mois de septembre a révélé que 63 % des propriétaires ne faisaient pas les travaux pour des raisons budgétaires, parce que la prise en charge était largement insuffisante. Maintenant reste à voir à quel niveau on met le plafond de travaux parce que si c'est 5 % de plus ça ne marchera pas", explique Jean-Claude Lemasson.
Une nouvelle méthode et une volonté d'écoute des élus
Julie Laernoes tout comme Jean-Claude Lemasson relèvent la volonté de concertation du ministre des Transports.
"Je pense sincèrement que le ministre a posé les bases d'un certain nombre de réflexions, qu'il est conscient de la difficulté dans laquelle nous sommes tous ici, que ce soit des difficultés économiques, que ce soit des difficultés de protection de l'environnement ou des difficultés de protection des riverains, souligne ainsi le maire Saint-Aignan-de-Grand-Lieu. Mais j'attends de voir pour pouvoir donner un avis définitif."
Il faudra que les hypothèses que nous allons mettre sur la table pour rénover le cahier des charges soient effectivement prises en compte.
Jean-Claude LemassonMaire Saint-Aignan-de-Grand-Lieu
"Ils se rendent compte qu'ils n'avaient pas écouté les élus locaux, réagit également Julie Laernoes. "Nous, les élus, on connaît notre territoire, on connaît les impératifs, on sait ce qu'on veut. On a déjà fait des contributions, mais elles n'ont pas été entendues. Comment vont être réellement prises en compte les solutions que nous avons travaillées et proposées. C'est là-dessus qu'on attend des garanties", ajoute la députée écologiste.
Vers un plafonnement du trafic ?
Le nouveau projet sera logiquement bien différent du projet initial, en raison des enjeux environnementaux. L'aéroport de Nantes Atlantique s'est développé avec 80 % de vols low-cost, mais quel est l'apport pour l'attractivité du territoire, s'interroge Julie Laernoes.
Il faut absolument intégrer dans le cahier des charges un plafonnement du nombre de vols pour que ça soit compatible avec la qualité de vie sur notre territoire.
Julie LaernoesDéputée écologiste
"On ne peut pas construire un aéroport en 2023 ou 2024 comme on pensait le faire en 2017. Le dérèglement climatique, le sujet de la santé des personnes nous apportent un éclairage nouveau, souligne également Jean-Claude Lemasson. On le voit aussi avec les particules ultrafines. C'est un sujet qui n'existait pas dans les plans climat, il y a quelque temps, et qui commence à apparaître."
En 2022, l'aéroport de Nantes Atlantique a accueilli 5,8 millions de passagers, un trafic proche du niveau de 2018 et à 80 % de 2019. Au premier semestre 2023, le trafic passagers était en hausse de 13 %.