Affaire Troadec à Nantes : 7e jour du procès, "J’ai plein de trous noirs". déclare Hubert Caouissin

7e jour du procès de l'affaire Troadec à la Cour d'Assises de la Loire-Atlantique. L'audience de ce mercredi 30 juin permet de nouveau d'entendre le témoignage d'Hubert Caouissin et des experts.

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Ce mercredi 30 juin, le procès de Hubert Caouissin et Lydie Troadec se poursuit aux assises de Loire-Atlantique à Nantes.

La journée est de nouveau consacrée aux témoignages d'Hubert Caouissin et des experts.

ATTENTION : le récit des faits pourrait heurter les lecteurs les plus sensibles.

Reprise de l’audience à 9h15. La présidente fait revenir à la barre Manuel Quinquis, expert en morpho-analyses à l’institut d’expertises génétiques de Nantes-Atlantique et docteur Guillaume Visseaux, médecin légiste.

Elle fait diffuser les images de la reconstitution, la nuit du 29 au 30 avril 2019. On voit Hubert Caouissin enjamber la clôture devant la maison, écouter, concentré, à la porte d’entrée avec son stéthoscope.

Il va dans le jardin, constate la porte laissée ouverte pour le chat. Il porte un bonnet gris, un gilet pare-balles qui lui donne un embonpoint ridicule dans sa trop grande parka rouge, il ne porte pas de gants. Il est tenu "en laisse" par une corde blanche par les enquêteurs.

On voit la reconstitution de la bagarre dans le garage, comment il s’empare du pied de biche.

"Mr Caouissin, tout ça se passe dans le noir ?",  "Il y a Brigitte qui éclaire la scène avec la lampe".

"Il tient le pied de biche à deux mains"

La présidente : "Vous nous avez dit ici qu’elle tenait une lampe et un téléphone, à la reconstitution on ne voit pas de téléphone dans la main gauche de Brigitte". " On me dit faites ci, faites ça !", "Non Mr Caoussin, on vous demande de refaire ce que vous avez fait".

"Pourquoi ne prenez-vous pas la fuite ?", "Brigitte est devant, j’ai eu peur de me faire accrocher"

On le voit frapper "Pascal"  sur le haut du crâne. L’expert confirme les projections des traces de sang de Pascal Troadec sur les murs et le sol à cet endroit.

On le voit planter le pied de biche dans le crâne de "Sébastien", il montre comment "Sébastien" tombé dans la chambre, il met le genou sur son corps pour arracher le pied de biche. "Sébastien" le retient encore par la manche. Il sort de la chambre.

La présidente : "Il s’agit de vos gestes, c’est assez conforme lors de cette reconstitution avec ce que vous nous avez dit devant la cour, j’ai du mal à comprendre pourquoi vous le poussez dans la chambre". "Il tient le pied de biche à deux mains". 

"Pourquoi le ramener dans la chambre ?". "Il tient la barre il m’entraîne"

"Mrs les experts, pour qu’il y ait un trou à l’emporte-pièce, on peut tenir une barre à deux mains ?", "On peut penser que le cerveau est atteint, mais selon l’endroit atteint on peut penser que Sébastien peut encore garder le contrôle quelques minutes".

"J’ai des petits blancs"

La présidente : "Durant toute cette action, où est Pascal ?", "Dans le couloir". "Et Brigitte ?", " Elle est dans la garage". "Pourquoi ne viennent-ils pas aider Sébastien ?", "Ça dure 10 secondes". "Mais ils auraient pu sortir crier, téléphoner. Vous êtes certain que vous nous racontez la réalité ?", "J’ai des petits blancs". "Vous n’étiez pas en colère ?"

"Non je voulais juste les assommer, mais pas plus, j’étais envahi par la peur. C’est une violence folle, je le reconnais, mais je ne me projette pas pour tuer quelqu’un"

La présidente : "Vous les frappez avec beaucoup de force"… Il la coupe, "Non". Elle reprend, "pardon vous avez planté l’objet dans un crâne, vous frappez à plusieurs reprises un endroit vulnérable, vous ne vouliez pas tuer ?", " Non, je ne mesurais plus rien".

Les experts reprennent la diffusion des images, en faisant le récit de l’action. Les coups avec Brigitte Troadec. La description est conforme avec l’analyse des traces de sang, mais le légiste ne disposant pas des crânes ne peut aller plus loin.

"J’ai eu un flash en avril 2017"

La présidente : "Mr Caouissin, comment expliquez-vous les traces de sang au sol vers l’armoire et le lit ?", "Elle a dû bouger". "Sa montre sous le lit ?", "Elle a pu la faire bouger, ou moi".

La présidente : "Il y a deux hypothèses, ou c’est une vérité constante, ou vous essayez de reconstituer consciemment ou inconsciemment des choses difficiles". "Pourquoi donner des versions parfois différentes ?", "J’ai eu un flash en avril 2017". "Vous comprenez ma question, pourquoi ne pas situer les choses de la même façon ?", "J’ai plein de trous noirs, j’étais emmêlé".

"Vous dites les choses avec précision, mais en les situant différemment, vous ne dites pas "je ne me souvenais pas et ça me revient". Mais vous parlez de coups sur Charlotte différemment à plusieurs reprises". "Les juges me posent des questions, je leur réponds, ils me disent comment avez-vous fait, vous frappez de gauche à droite ou quoi…". "Qu’est-ce qui fait que vous vous rappelez ?", "J’ai eu un raptus fin avril, les souvenirs amènent des perceptions différentes".

"Je suis allé voir Sébastien avant de retourner dans le garage"

Les experts poursuivent la narration des faits observés durant la reconstitution, le sang qui saigne de la tête de Brigitte, le coup qui assomme Pascal Troadec. Indiquent toujours que les constatations sont cohérentes, à quelques exceptions près.

Ensuite on le voit assis dans le garage, en état de sidération, durant près d’une heure selon son témoignage. Ensuite, il serait retourné dans la chambre allonger Sébastien, écouter son cœur.

Hubert Caouissin conteste cet ordre de la reconstitution, "je ne savais pas ce qu’ils voulaient, les juges étaient perdus dans leurs demandes". "Je suis allé voir Sébastien avant de retourner dans le garage". La présidente : "Mais pourquoi ne pas l’avoir dit ?", "Je ne savais pas comment ils allaient procéder". "Bon", fait la présidente dubitative.

La diffusion des images reprend. Le médecin légiste : "Nous avons constaté un début de cicatrisation cellulaire sur un élément du corps de Charlotte qui indique une agonie longue".

La présidente : "Vous saviez que les deux chambres des enfants étaient au rez-de-chaussée, vous prenez beaucoup de précautions, garez votre voiture éloignée, vous écoutez à la porte avec le stéthoscope, il y a de l’éclairage public, vous faites tout ça". "Oui tout me fait peur".

"Vous dites : j’ai entendu Sébastien râler, frotter le bois de lit… ", " Oui j’étais aux prises avec Pascal". "Mr le médecin ?", "Des râles peuvent être occasionnés par l’air dans les poumons dans une situation inconsciente de la victime". "Les frottements sur le lit auraient dû laisser des traces ?", "Le réflexe étant de protéger la tête avec les mains, le sang se situe sous les doigts, si la partie supérieure frotte le bois de lit on ne retrouve pas de sang…"

Les images de la reconstitution reprennent. On voit Hubert Caouissin charger les corps dans le coffre. Ce sont des mannequins de 20 kg indique l’avocate générale. La présidente ajoute que l’un d’entre eux pesait 50 kg.

Hubert Caouissin précise à ce moment-là, avoir demandé pardon à chaque corps lorsqu’il les manipule. On le voit charger le corps de Charlotte sur la banquette arrière. Il précise charger les sacs poubelles au-dessus des corps et les recouvrir avec des draps trouvés dans la chambre de Sébastien.

"J’avais de la force, je faisais du bûcheronnage tous les jours"

Le médecin précise qu’il a fallu rompre les rigidités cadavériques, ce qui nécessite une grande force de la part de celui qui le fait. Plus encore pour les jambes, or il a fallu le faire pour les entrer dans un coffre de 1,15 m de largeur.

La présidente : "Mr Caouissin, sur les rigidités qui sont évoquées ?", "Je l’ai fait". "Le médecin dit que ça lui semble compliqué de rompre les rigidité cadavériques". "Il y avait moins de 24h entre les faits". "Le médecin indique que c’est entre 12 et 18h le maximum de cette rigidité". "Comment expliquez-vous ça ? ", "J’avais de la force, je faisais du bûcheronnage tous les jours, je faisais pas semblant !". Il mesure 1,67m.

La présidente reprend : "Pour que tout le monde rentre dans le coffre il faut briser ces rigidités", " Il n’y a qu’avec Sébastien que j’ai eu du mal. Oui je l’ai plié avec mes bras".

La présidente : "Mais vous étiez certain que la voiture allait entrer dans le garage ?", "Ben c’est pas une grosse voiture, et les garages sont faits pour y mettre des voitures !"

Me de Oliveira, avocate des parties civiles : "Mr le médecin, l’espace dans le garage avec la voiture, permet d’y rompre les rigidités cadavériques". "Je ne sais pas cela dépend de la corpulence du corps".

"Pourquoi Sébastien ne s’abaisse pas pour éviter les coups ?", "Je ne sais pas répondre" dit l’expert. "Ça dépend de la vigilance".

"Pour que le pied de biche reste fiché, vous parlez d’un coup à haute énergie". "Pour obtenir une perforation sans briser l’os autour il faut une très grande force".

"On peut imaginer que le coup très fort porté à Sébastien réveille les parents. Cette hypothèse serait la réalité est que vous avez reconstitué la scène en fonction de vos trous blancs ou noirs on ne sait plus". "Non c’est la vérité".

"Les rigidités cadavériques ?", "Je l’ai fait". "Ce n’est pas la peine de vous demander si vous l’avez fait seul ?" D’un trait sec, "Non ce n’est pas la peine", dit Hubert Caouissin, agacé.

Me Pacheu, avocat des parties civiles : "J’imagine qu’un coup porté avec une grande cinétique fait reculer la victime…" Le médecin : "Tout dépend de l’angle, on peut avoir un mouvement de tassement au moment du choc, mais si la personne anticipe le coup, il peut y avoir recul". "Mais si la personne est allongée". "Ça reste un plan mou, il y aura un léger mouvement de recul".

"Mr Caouissin, il y a quatre corps à l’arrière de la 308, au moins 240 kg, ça doit changer les choses durant 300 km ?", "Les sièges sont rabattus, c’est équilibré".

"Je dis ce que je sais au moment où je le sais"

L’avocat général : "Mr Caouissin, lorsque vous participez à la reconstitution, vous aviez tous ces éléments de médecine légale, c’est le raptus comme vous dites ou l’analyse des faits qui fait varier ?", "Non je n’avais pas ces éléments. Je dis ce que je sais au moment où je le sais".

Me Fillon précise qu’il a été difficile d’avoir accès aux documents à la maison d’arrêt de Nantes comme dans d’autres maisons d’arrêt. "L’adaptation du mis en cause au dossier est un phénomène normal".

11h45. Plus de questions. Compte tenu de l’heure, la présidente suspend les débats. Reprise à 14h20.

La présidente appelle à témoigner Caroline Capuani, médecin anthropologue à l’institut médico-légal à Marseille. Son témoignage se fait en visio-conférence.

Elle a travaillé sur la trame fibreuse des tissus, sur des éléments déjà avancés en décomposition appartenant à Charlotte. Une rate, un cœur jeune témoignant de signes agoniques. Des fragments de poumons témoignant également de signes agoniques. Témoignant aussi de traces de coups portés sur la cage thoracique.

La présidente : "Vous avez indiqué au niveau de l’examen du cœur et des fragments de poumons, appartenant à Charlotte, suggérant une survie post traumatique pouvant aller jusqu’à quelques heures ?" "Malheureusement on ne sait pas déterminer de la minute jusqu’à l’heure".

"Vous indiquez également des signes d’agonie sur un tissu appartenant à Pascal". "Je ne peux pas être plus précise, on trouve des fractures dans les tissus".

"J’ai pu lui mettre des coups de coude quand on s’est débattus"

Me de Oliveira : "Les contusions que vous constatez sur les poumons sont bien des traumatismes du vivant de la personne". "Oui assurément".

La présidente : "Caouissin, vous avez entendu Mme l’expert, elle met en évidence une agonie, des phénomènes contusionnels, au niveau de la cage thoracique il y a eu un choc du vivant de Charlotte…", "J’ai pu lui mettre des coups de coude quand on s’est débattus". "On sait maintenant que Charlotte n’est pas décédée immédiatement, pourtant vous aviez observé son cœur ?", " Je n’ai rien entendu. J’étais en panique". "Vous nous dites j’étais en panique, mais vous enlevez vos chaussures pour monter à l’étage ?", "Je fais ça depuis que je suis tout petit, c’est une habitude".

"Vous nous dites que vous êtes dans un état de panique inhabituel, mais vous faites des choses habituelles… ", "Chez Renée (Troadec, sa belle-mère) aussi j’enlève mes chaussures". "Mais là on est à Orvault, avec quatre morts". "J’ai gardé mes automatismes".

"Je ne voulais pas qu’elle devienne folle"

"Pourquoi avoir fouillé le bureau ?", "Je ne l’ai pas fouillé j’ai juste cherché les clés de la BM. (BMW)". "Pourquoi faire ?, "Pour la déplacer d’un kilomètre ou deux…".

"Vous dites que vous voulez déplacer les voitures, mais vous ne revenez que le lundi". "Oui", "C’est pour nettoyer seul ou avec Lydie ?", "Seul !", "Mais elle vous accompagne". "C’est pour que je puisse conduire la 308". "Madame Troadec ne vous a pas aidé ?", "Je ne voulais pas qu’elle devienne folle". "Folle ?", "Je ne voulais pas qu’elle voit ça". "Et vous Mr Caouissin vous êtes devenu fou ?", " Je ne sais pas, je ne ressens plus les émotions normalement". "Mais vous pleurez en garde à vue". "Oui, ce sont des émotions du passé. Je n’en ressens plus maintenant. C’est beaucoup trop violent".

"Vous ne pensez pas que la façon dont vous relatez les choses fait que vous oubliez des choses ? Souvent on voit des personnes en cours d’assises s’effondrer quand elle réalisent les choses". "Non ce n’est pas le cas".

"Donc vous êtes venu pour espionner, et vous avez été en situation de légitime défense ?", "Oui". "Vous avez parlé de folie et de pulsion meurtrière". "Je n’imaginais pas qu’on irait jusque-là". "Je voulais que tout s’arrête". " Quoi ?", "Ben les menaces". "Vous vous sentiez espionnés chez vous, c’est même un comportement de couple. Tout est suspicion. On peut imaginer que vous soyez allé à Orvault pour mettre fin à cet état de tension extrême. Peut-être que vous n’avez pas attendu que les lumières s’éteignent, que vous avez frappé Sébastien".

"On voit que c’est la colère, la peur, qui vous motive"

La présidente continue, "quand ils sont à Amsterdam, vous reliez ce voyage à un reportage d’Élise Lucet sur les sociétés off-shore". Hubert Caouissin l’écoute, bras croisés dans le dos.

La présidente continue la lecture du carnet de Lydie Troadec. Les cérémonies religieuses lors de l’enterrement du père de la "crapule" (le surnom donné à Pascal Troadec par Hubert Caoussin, selon Lydie Troadec)… "Ce n’est pas moi qui écris". "Mais ça relève d’un fonctionnement de pensée que vous partagez". "Non je ne suis pas d’accord, j’ai peur pour ma famille".

"La cause c’est la manne"

Hubert Caouissin 

La présidente : "Vous n’avez jamais fait de démarches à la gendarmerie ou à la police". "Avec quelles preuves ?", "Mais c’est le travail de la police de vérifier ! Or, on voit que c’est la colère, la peur, qui vous motive". "Mais ce sont les écrits de Lydie".

"Moi à cette époque je suis au fond du trou"

La présidente donne une longue lecture d’échanges familiaux, écrits de Lydie Troadec, qui révèlent les tensions, les jalousies, les questions d’argent, petites ou grandes. Tant chez les Caouissin que chez les Troadec.

"On peut envisager Mr Caouissin que Lydie soit dans un rapport de jalousie, de haine, et que petit à petit, vous soyez entrés dans son histoire ?", "Non, on a eu les appels d’Italie, l’intrusion atypique à Plouguerneau. Moi à cette époque je suis au fond du trou. Renée conclut toujours par :  je ne sais où ils trouvent l’argent ceux-là !".

"Donc c’est vous qui avez émis l’hypothèse de l’or ?", "Non c’est Pascal". " On avait trouvé un arrangement, je pensais qu’ils n’avaient pas été discrets, et qu’on pouvait redouter l’intervention d’une bande organisée. Il disait c’est l’affaire Pastor !".

"Les mafias tout ça vous y croyez ?", "Je voulais monter un dossier pour le fisc". "Mais Brigitte travaille au Trésor Public ?", "Oui c’est pourquoi je voulais aller à Tracfin".

Me de Oliveira : "Vous nous dites que les écrits de Lydie vous ne les controliez pas, mais elle parle de boite à musique de piano dernier cri". Depuis quand Lydie est-elle allée à la maison d’Orvault". "Depuis 2014". "Comment fait-elle pour savoir ?", "Je lui en ai parlé". "Quand vous êtes rentrés avec le sang sur les vêtements ?", "Vous faites bloc tous les deux".

"Vous ne pensez pas que votre patrimoine est supérieur à celui de Pascal et Brigitte ?". "Je n’en sais rien, je n’ai pas lu le dossier"

"Vous êtes en congé la semaine, comment appelleriez-vous cette journée du vendredi ?", "Le vendredi noir". L’avocate refait l’emploi du temps jour par jour, jusqu’au lundi suivant où il reprend le travail. "Là vous êtes sur votre ordinateur". "Non". "Si si, votre ordinateur indique que vous avez consulté Wikipédia Dupont de Ligonnès… À la DCN les ordis s’ouvrent sur Dupont de Ligonnès". "Je connaissais pas, c’est Google". "Vers 10h12 vous recherchez le rôle de l’ADN dans la police scientifique…", "Pas étonnant après une garde à vue".

Me Cabioch : "La nuit du 17 au 18 février vous avez utilisé un stéthoscope, c’était la première fois ?", "Oui, j’avais pensé une fois précédente que ça me permettrait d’entendre ce qui se disait au téléphone". "Vous l’aviez depuis quand ?", "Depuis un an, en même temps qu’un pulsiomètre".

16h05. Suspension de l’audience pour une vingtaine de minutes.

"Hubert est quelqu’un de réservé, mais de très gentil"

16h35, reprise de l’audience, la présidente appelle Stéphanie Brauennec à la barre, collègue de travail d’Hubert Caouissin.

"J’ai fait la connaissance de l’accusé lors de son intégration à l’équipe. Je l’ai revu à mon retour de congé maladie. Après les faits. Nous avons travaillé dans le même bâtiment durant 5 mois", raconte-t-elle.

"Hubert est quelqu’un de réservé, mais de très gentil. C’est quelqu’un de solitaire, mais avec qui on a pu avoir des fous rires. Il nous parlait de temps en temps de son fils dont il disait avoir la garde alternée. C’est quelqu’un de strict, pointilleux, très à cheval je pense sur l’éducation de son fils".

"Il avait manifesté des connaissances détaillées relatives à un problème de dos que j’avais. Il m’avait fait un dessin de la colonne vertébrale, identifié les vertèbres, les terminaisons nerveuses, demandé des détails, proposé des exercices. J’ai été surprise par le niveau de connaissances qu’il avait du corps humain. Il était bienveillant. C’était le 26 février".

"Je me suis absentée, des collègues m’ont signalé l’avoir vu perdu dans ses pensées regardant par la fenêtre. Un collègue indique avoir entendu Hubert Caouissin, dire qu’il avait été pris dans un truc de fous durant les congés".

"Quand j’ai appris la nouvelle, je ne comprenais pas, c’est quelqu’un d’attentif aux autres, toujours prêt à apporter son aide. Rétrospectivement je me suis demandée si les connaissances qu’il avait étaient relatives à ce qui s’était passé".

Me de Oliveira, "Mr Caouissin vous est apparu comme intelligent, gentil ?", "Oui très intelligent".

Me Pacheu : "Mr Caouissin lors de la perquisition à Pont-de-Buis, on trouve un ouvrage Larousse de médecine, une encyclopédie de la médecine de A à Z, un cours de médecine relatif à la circulation sanguine". "Ce sont des ouvrages qu’on a achetés à une vente de solidarité pour le Vidal, donnés par ma mère à Lydie pour l’encyclopédie, ou trouvé dans la maison".

Me Fillon : "Vous avez dit aux enquêteurs, je n’ai rien à dire de méchant à son encontre ». « Oui ». C’est ce que vous ressentiez, vous ? » « Oui et j’ai été très choquée quand j’ai découvert les faits".

"En février on voyait qu’il était très stressé"

17h, la présidente fait venir Madame Maud Sergent, elle travaille à Naval Goup à Brest, c’est une collègue de travail d’Hubert Caouissin.

"Hubert Caouissin était un collègue de travail, quelqu’un de poli, gentil, réservé, vous pouvez m’aider ?", "Normalement la Loi prévoit que c’est vous qui devez nous dire ce que vous avez à dire » répond la présidente. Elle reprend : "Quand nous sommes revenus de congés, il montrait une inquiétude, nous a dit avoir eu des vacances de folie".

La présidente : "Mr Caouissin a beaucoup travaillé avec vous ?", "Je l’ai connu en 2016, on travaillait ensemble aux approvisionnements. Tout à fait normalement. En février on voyait qu’il était très stressé, il allait venait, il était bizarre. Il avait du mal à rester en place".

"Vous lui avez demandé s’il avait passé de bonnes vacances ?", " Il m’a répondu non, il m’est arrivé un truc de fou. Le lendemain un collègue est venu me dire qu’il le trouvait bizarre. Ça fait quatre ans, je ne me souviens plus".

"Il est revenu au bureau le visage brûlé ?", "Il a expliqué avoir eu un retour de flamme. Le 3 mars il m’a dit à la photocopieuse, qu’il faisait des rêves en boucle avec des morts dans une berline noire et qu’il n’achèterait jamais une voiture noire. Je lui ai dit qu’il était perché ! Je suis allé voir notre supérieur hiérarchique pour lui en faire part".

La présidente : "Vous avez eu des discussions sur l’éducation de son fils ?", "Nous avons tous des enfants, je lui avais fait remarquer qu’il était dur avec son fils, il m’avait répondu qu’une bonne torgnole réglait bien souvent les problèmes !"

"Il faut que je me remette dans la configuration"

La présidente : "Mr Caouissin…", "J’étais perturbé, il y avait des choses qui remontaient".

La présidente : "Le 1er mars vous achetez un ordinateur portable…", "On n'en avait plus, ils avaient été saisis. J’avais un dossier d’AAH pour Lydie à faire".

Me Pacheu : "L’ordinateur acheté le 1er mars, on voit vos recherches, elles concernent l’affaire qui nous préoccupe, où vous connectiez vous ?", "À Plouguerneau"

La présidente : "Vous avez vu le médecin du travail le 27 février, le jour de la reprise". "Je ne me souviens pas d’avoir vu le médecin du travail, il faut que je me remette dans la configuration". "Vous êtes allé voir votre médecin traitant, la brûlure c’est après ou avant ?", "Il ne m’a rien demandé, je ne me souviens pas, c’était pour un renouvellement d’ordonnance, et mon mi-temps thérapeutique".

"Il ne savait pas que vous ne preniez pas régulièrement le traitement ?", "Je ne voulais pas lui dire, je voulais reprendre à plein temps. Je me méfie des médicaments à cause des effets secondaires. Je l’ai pris régulièrement jusqu’en 2016 en début d’année".

La présidente : "Vous saviez que le fait de ne pas prendre votre traitement en continu pouvait provoquer des troubles chez vous, mémoire agitation, troubles de comportement ?", "Je prenais le zolpidem de temps en temps parce que je dormais mal".

"Quand vous reprenez le travail vous étiez guéri ?", "J’étais au maximum des trois ans, après j’aurais été mis en invalidité". "ous auriez pu être mis sur un autre poste ?", "Non c’était la porte".

"Il m’a dit que c’était un retour de flamme"

17h30 La présidente fait entrer Monsieur Philippe Groguennec, collègue chez Naval Goup.

"On est de la même génération, il entré aux apprentis un an après moi. J’ai eu l’occasion de travailler à l’époque un an avec lui. Je l’ai retrouvé en 2016 quand il est revenu de son arrêt maladie. J’avais des mandats syndicaux, souvent absent je l’ai formé. En 2016, élu au CHST, je ne faisais que le croiser".

"Au retour des vacances de février, je lui ai demandé comment ça allait, il m’a répondu que ça n’allait pas, avoir fait une connerie, embarqué dans une histoire qui le dépassait".

"Je l’ai invité à s’assoir à côté de moi, j’ai vu son visage, il m’a dit que c’était un retour de flamme. Il m’a dit que c’était grave et qu’on en entendrait parler un jour. Il est parti. Je me suis inquiété pour lui. Le lendemain, je n‘étais pas présent dans le service, on apprenait qu’il avait été interpellé".

La présidente : "Savez-vous Monsieur quel usage les salariés peuvent faire d’internet ?", "Il y a une charte informatique…"

Hubert Caouissin demande la parole : "Quand on ouvre l’ordinateur la page d’accueil propose des informations. Je ne me souviens pas avoir fait de requête".

17h50. La présidente remercie le témoin.

"Mais vous lui mentez…"

La présidente : "Monsieur Caouissin, le 4 mars vous avez indiqué que vous vous attendiez à être mis en garde à vue, Jean indique que c’est le 2…", "C’est un enfant". "Dans quelles valeurs avez-vous éduqué Jean ?", "La droiture". "Mais vous lui mentez…", "Je ne voulais pas qu’il ait un papa en prison. J’allais me pendre". "Mais vous ne l’avez pas fait". "J’ai croisé Jean et j’ai vu son regard, il m’a dit préférer un papa en prison qu’un papa mort".

17h55. La présidente fait entrer Monsieur Ulysse Tanguy, spécialiste de sécurité sur la base navale de Brest.

"En 2017, j’étais officier de sécurité, sur réquisition de la PJ, nous avons remis les disques durs et les comptes mails de Mr Caouissin".

La présidente : "Vous constatez qu’en janvier 2017 il a tenté d’accéder dans un local pour lequel il n’est pas autorisé". "Le système a enregistré deux tentatives d’accès. Nous ne l’avons jamais questionné. En regardant son ordinateur, nous avions constaté une requête sur comment ne pas laisser de traces ADN en février 2017".

"Monsieur Caouissin indique que c’est son ordinateur qui propose des liens…", "Il n’y a pas de réseau connecté".

La présidente : "Mr Caouissin…", "Ce n’est pas l’ordinateur c’est Google informations. Sur les tentatives d’accès je recherchais la DRH qui m’avait signalé qu'elle serait dans le bâtiment. Je ne savais pas que je ne pouvais pas entrer, à l’Île Longue je pouvais aller partout. Je ne me suis pas posé la question".

Me Pacheu : "Le lieu de travail est sensible, on parle de secret défense ?", "Mr Caouissin est un salarié d’État, il est habilité pour 10 ans. Il n’y a aucun élément d’information négatif le concernant. C’est une enquête administrative".

"Je n’ai pas fait de requête".

Me Fillon : "En regardant l’ordinateur par le réseau, vous contrôlez les salariés ?", "Non c’est interdit par la Loi. C’est un officier de sécurité qui peut le faire sur réquisition".

Me Fillon à Hubert Caouissin : "Vous vous rappelez de ce que vous avez fait le 27 février ?", "Je suis allé sur google informations, et je suis allé de lien en lien. Je n’ai pas fait de requête".

Me Larvor : "Que se passe-t-il quand on constate une tentative d’intrusion ?", "Ça ressort en rouge". "Vous êtes responsable sécurité et vous ne demandez rien ?"," On a 8 000 salariés, 12 000 badges, ce n’était pas de nuit, il n’y a pas eu d’intrusion".

La présidente : "Comment peut-on se connecter avec un portable ?", "Le réseau ne le permet pas. Pour les ordinateurs autorisés, il y a un double mot de passe, c’est très difficile de prendre la session d’une autre personne".

"Il m’a dit qu’il allait passer la clôture pour me péter la gueule !"

18H15. La présidente donne lecture du témoignage d’un voisin de Renée Troadec. Monsieur Christian Chevallier.

"Nous avions des relations de bon voisinage. Mme Troadec était dicrète pour ne pas dire transparente. Mr Troadec était un bosseur. En retraite il bossait dans son jardin ou sa maison du matin au soir. La seule fois où j’ai vu Mr Caouissin, je lui ai dit bonjour, il m’a dit qu’il allait passer la clôture pour me péter la gueule ! Il travaillait au jardin dur et bien".

Je n’ai jamais entendu parler d’or. Je n’ai jamais vu Mr Caouissin avant la mort de Mr Troadec 

Un voisin de la famille Troadec

Me de Oliveira : "Madame Troadec, vous dites que votre mère était écœurée par la conduite de Pascal. Vous dites que votre père a travaillé durement pour rénover des appartements". "Oui quatre, c’est une corvée, mon père voulait les vendre. Pascal refusait, ne s’en souciait pas. C’est moi qui devait régler les problèmes". "Vous connaissez leur valeur ?", "Non, ils sont très dévalorisés".

"Je note tout, c’est compulsif"

L’avocate Générale : "Madame Troadec vous avez eu le temps de tenir votre carnet au moment où les corps sont à la ferme". "C’est lui qui me dicte". "Vous écrivez, des livres du désordre partout comme s'ils étaient partis à la va vite. Or, ils sont mort". "Je ne sais pas vous dire". "Mais vous ne dites pas à Mr Caouissin ils sont morts". "Je ne sais pas c’est lui qui me dicte".

L’avocate Générale à Mr Caouissin : "Comment pouvez-vous dire les choses ainsi ?", "J’étais dans la perspective de ce qu’on avait pensé. Ils devaient partir en vacances".

Me Fillon : "Madame Troadec, vous relatez dans votre carnet, les habitants de Louveciennes refusent l’accueil d’immigrés de Calais, Kim Kardashian a été cambriolée, Jean est allé faire pipi, Marine Le Pen est montée dans la tour de Trump, elle n’a pas eu ses 6 millions de dollars… je m’arrête là". "Je note tout, c’est compulsif, c’est comme ça depuis que j’ai eu des problèmes de mémoire".

La présidente : "Mr Caouissin, vous avez ramené des objets venant d’Orvault qui auraient permis de faire des prises de notes ?", "Oui ce qui était ensanglanté". "Mme Troadec, vous avez noté des choses qui sont contenues dans ces documents". "Je ne sais pas c’est Hubert qui me disait : "Que sont devenus ces documents ?" "Lydie les a brûlés" dit Caouissin. "Non" répond Lydie Traodec. "C’est peut-être moi" reprend-il.

"C’était perturbé dans ma tête"

La présidente : "Mais comment avez-vous pu décrire la maison en détail ?", "Je les ai recopiés" répond Lydie Troadec. "Recopier, dicter…" La présidente souligne la contradiction.

"Madame Troadec vous pouvez dire à la cour d’assises ce que vous avez fait ?", "Oui, il m’a dit de recopier les papiers. C’était perturbé dans ma tête".

L’avocate générale reprend : "Vous notez nouvelle immatriculation prise en photo. Comment vous avez pu noter ça ?", "Je ne sais pas comment ça a été fait", "Soit ces notes vous les avez prises avant, soit vous n’avez rien à secouer du décès de votre famille. Vous allez passer pour un monstre froid ça ne va pas arranger votre cas !". 

Je ne suis pas un monstre froid et je ne veux pas me faire insulter

Lydie Troadec

La présidente appelle à plus de sérénité.

"Mais je ne suis pas allé à Orvault"

L’avocat Général : "Si vous prenez ces notes après la mort de votre famille c’est bien la preuve que vous continuez à chercher des preuves de leur train de vie". "Je ne sais pas".

Me Cabioch : "Vous vous sentez comment madame Troadec ?", "Mal, je me fais insulter".

La présidente : "Est-il probable qu’il n’y a pas eu qu’un seul trajet en juin 2016. Les notes tenues par Madame Troadec laissent penser qu’elle a pu les écrire avant les faits. Ils n’étaient pas là au mois d’aout, partis en vacances, il y a la carte postale. Leur départ à la va vite, ces annotations semblent ressortir de ce moment-là"

Hubert Caouissin : "Mais je ne suis pas allé à Orvault". "Vous n’êtes pas entré dans cette maison en août 2016 ?", "Non".

La présidente : "Madame Troadec, vous êtes certaine que Mr Caouissin est allé à Orvault ? Qu’il est entré dans la maison ?", "Non !".

L’avocate générale : "Madame la présidente allons-nous entendre les enregistrements ?", "C’est une question qui semble beaucoup intéresser la presse". "Et nous aussi Madame la présidente". "Pas ce soir il est 19h30".

L’audience est suspendue.

Hubert Caouissin est accusé de "meurtre précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime" et "atteinte à l'intégrité de cadavres". Lydie Troadec, son ex compagne, comparaît pour "recel de cadavres" et "modification des preuves d'un crime".

Au premier jour du procès, mardi 22 juin, Lydie Troadec a décrit à la barre le contexte d'une haine familiale ancienne et mystérieuse entre elle et son frère Pascal, au premier jour du procès du quadruple meurtre de la famille.

Mercredi 23 juin, c'est la vie d'Hubert Caouissin qui a été examinée. "Compulsif", "obsessionnel" et volontiers paranoïaque, Caouissin, toujours "ancré dans le passé" et convaincu de l'existence du "magot" qui l'a conduit au quadruple meurtre de la famille Troadec.

Jeudi 24 juin, la personnalité des quatre victimes a été évoqué. Une journée riche en émotions avec les témoignages notamment des soeurs de Brigitte Troadec.

Vendredi 25 juin, la journée a été consacrée aux témoignages des enquêteurs. L'un des enquêteurs a décrit un homme au comportement "étrange" et particulièrement "volubile" lors de sa première garde à vue alors que l'on était sans nouvelle desquatre membres de la famille Troadec.

"Je pensais qu'ils étaient assommés" : la cour d'assises de Loire-Atlantique a tenté lundi 28 juin de comprendre "l'état d'esprit" dans lequel Hubert Caouissin se trouvait, la nuit du quadruple meurtre de la famille Troadec, en février 2017, pointant les nombreuses incohérences dans le récit principal accusé.

Mercredi 29 juin, la parole a été donnée aux experts qui sont intervenus sur cette enquête. Tout au long de cette sixième journée de procès, les experts se sont penchés sur
les détails macabres de ces meurtres motivés, selon l'accusé, par l'existence d'un "magot" familial que le couple Troadec aurait dissimulé à son détriment.

Le procès des deux accusés se tient aux assises de Loire-Atlantique à Nantes jusqu'au 9 juillet prochain.

Hubert Caouissin, 50 ans, comparaît depuis le mardi 22 juin et pendant trois semaines devant la cour d'assises de Loire-Atlantique. L'ancien ouvrier chaudronnier de l'arsenal de Brest encourt la réclusion criminelle à perpétuité. 
    
Lydie Troadec, 51 ans, comparaît libre. Elle encourt trois ans de prison et 45 000 euros d'amende pour modification de scène de crimes et recel de cadavres.

 

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