Une première reconstitution a eu lieu ce mardi 12 mars, à Pont-de-Buis, dans le Finistère, autour de la ferme où Hubert Caouissin dit avoir démembré et dispersé les restes de la famille Troadec. Une seconde est prévue le 29 avril à Orvault, dans le pavillon où les victimes ont été tuées.
Hubert Caouissin est arrivé à la ferme de Pont-de-Buis, dans le Finistère, en début d'après-midi ce mardi. Il a été extrait de sa cellule de la prison de Nantes.
Cette reconstitution a eu lieu à la demande des avocats du suspect principal dans l'affaire Troadec. Une demande qu'ils ont faite afin de voir le lieu où vivait leur client. C'est la première fois qu'Hubert Caouissin revient à Pont-de-Buis après son interpellation.
Les juges ont accédé à la demande des avocats de Caouissin avec l'espoir, peut-être, de voir l'homme révéler l'endroit où sont enterrés les crânes de la famille Troadec.
Où sont passés les crânes de Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte ? Malgré des mois de recherche dans la propriété du principal suspect, les enquêteurs n'ont retrouvé que des fragments de corps, mais pas les têtes, qui permettraient pourtant d'éclairer la manière dont les victimes ont été mises à mort.
Un jeu de piste macabre
Dans la nuit du 16 février 2017, Pascal Troadec, Brigitte et leurs deux enfants semblent s'évaporer de leur pavillon d'Orvault, en périphérie de Nantes.
Considérée dans un premier temps comme une affaire de disparition, l'histoire se transforme en jeu de piste macabre, lorsqu'une des voitures de la famille est retrouvée à Saint-Nazaire, puis quand des affaires personnelles de Pascal et Charlotte Troadec, sont découvertes dans le Finistère.
Les aveux du beau-frère
Quelques semaines plus tard, Hubert Caouissin et Lydie Troadec, la soeur et le beau-frère de Pascal Troadec, sont mis en garde à vue à Brest. Rapidement, ce dernier reconnaît le quadruple meurtre, et explique avoir ramené les cadavres dans sa ferme de Pont-de-Buis dans le Finistère, pour les démembrer, les brûler, et disséminer les restes aux quatre coins des bois et des étangs de cette propriété de 32 hectares.
C'est cette partie que les enquêteurs tenteront de reconstituer ce mardi 12 mars, en ramenant Hubert Caouissin sur les lieux où il dit avoir, deux jours durant, organisé cette disparition des corps.
Jalousies familiales autour d'un prétendu trésor
À l'origine, une sombre histoire de trésor, soi-disant découvert en 2004 par Pierre Troadec, le père de Pascal et Lydie. La légende familiale évoque près d'un million d'euros en lingots et pièces d'or, qui auraient été cachées au début de la seconde guerre mondiale, dans le mur d'un petit immeuble du quartier Recouvrance, à Brest.
C'est cet or, que personne n'a jamais vu, pas même Renée Troadec, la mère de Pascal et Lydie, qui est à l'origine de l'obsession criminelle.
Soupçonnant son beau-frère d'avoir dérobé le magot à la mort de Pierre Troadec, Hubert Caouissin épiait la famille, guettant leurs achats, leurs ventes sur Internet, et parcourant à plusieurs reprises, les 260 kilomètres entre son domicile dans le Finistère et la périphérie nantaise pour mieux surveiller leurs faits et gestes.
De l'espionnage qui aurait mal tourné ?
Aux enquêteurs, Hubert Caouissin a d'ailleurs déclaré que le quadruple meurtre était lié à l'une de ces "missions" d'espionnage qui aurait mal tourné. Venu pour écouter aux portes à l'aide d'un stéthoscope, il aurait été surpris par Pascal Troadec, armé d'un pied de biche, et c'est suite à cette première bagarre qu'il aurait fini par éliminer toute la famille.
Une version à laquelle les avocats des proches de Pascal et Brigitte Troadec n'ont jamais cru. Pour Cécile De Oliveira, avocate des soeurs de Brigitte Troadec, le crime était prémédité.
Des reconstitutions pour lever les zones d'ombre
C'est une partie de ces zones d'ombre que doivent lever les reconstitutions, celle du 12 mars, dans la propriété du Stang, à Pont-de-Buis dans le Finistère. Puis le 29 avril, lorsque les enquêteurs se rendront à Orvault pour rejouer avec Hubert Caouissin, cette fameuse nuit du 16 février 2017.
Arrêtée en même temps que son conjoint, Lydie Troadec ne sera pas présente aux reconstitutions. Le soir du crime, elle se trouvait dans le Finistère, puis elle aurait aidé, à Orvault, au déplacement de la voiture du fils, Sébastien Troadec.
Lydie Troadec est mise en examen pour modification des lieux d'un crime et recel de cadavre, délits passibles de trois ans d'emprisonnement.
Le procès serait envisagé à l'automne 2020.