"J'ai du mal à encaisser" : violenté alors qu'il tentait d'empêcher l'installation de gens du voyage, le maire de Vertou, près de Nantes, a porté plainte

Rodolphe Amailland, maire de Vertou au sud de Nantes, a fait part d'une agression qu'il a subi dimanche 11 juin alors qu'il tentait de stopper l'installation de gens du voyage sur sa commune. Si plusieurs soutiens s'expriment depuis, ces faits ravivent les tensions autour de la sécurité des élus locaux.

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"Un tournant dans sa vie d'élu", c'est ainsi que Rodolphe Amailland qualifie l'atteinte à sa personne survenue dimanche 11 juin. Aux alentours de 16h30, le maire (Les Républicains) de Vertou s'est rendu seul sur un terrain de sa commune afin de stopper l'installation d'un convoi de caravanes de gens du voyage. 

"C'est à ce moment que deux jeunes du convoi l'ont bousculé", relate la préfecture de Loire-Atlantique, qui a envoyé des "moyens renforcés de la gendarmerie nationale". 

Je ne voulais pas bouger, alors on m'a ceinturé et on m'a poussé dans le fossé.

Rodolphe Amailland

Maire de Vertou

"J'ai été appelé en raison d'une tentative d'installation illicite sur un terrain par une communauté de gens du voyage. J'étais en train de regarder la finale de Roland Garros, je ne m'étais pas préparé à ça", raconte Rodolphe Amailland. 

"Je me suis rendu sur place pour discuter avec les gens du voyage comme je le fais à chaque fois, poursuit-il, je me suis positionné devant les véhicules et j'ai demandé à parler au responsable, qui m'a dit qu'ils allaient rester là un petit moment."

Le maire décide alors d'attendre la gendarmerie et la préfecture sur place, bloquant l'entrée des véhicules. Le ton monte. "On a commencé à m'accompagner pour aller ailleurs et j'ai fini dans un fossé. Je ne voulais pas bouger donc on m'a ceinturé et on m'a poussé dans le fossé", affirme-t-il.

Du mal à encaisser

L'édile n'a pas été gravement blessé, mis à part quelques ecchymoses et égratignures. Mais cet acte violent passe mal : "J'ai un peu de mal à encaisser. Je suis dépositaire de l'autorité publique, c'est le vivre ensemble et la démocratie qu'on ne respecte pas".

Je ne pensais pas vivre à Vertou une problématique de violence physique à mon encontre.

Rodolphe Amailland

Maire de Vertou

"On a franchi un cap que je ne pensais pas être possible sur mon territoire, où je vis depuis 45 ans, où j'ai tout fait", déplore Rodolphe Amailland

"Est-il normal qu'un Maire venu tenter d'empêcher l'installation illégale, sans aucune information préalable, de 200 caravanes de gens du voyage se fasse molester et agresser ?", tempête l'édile dans une lettre ouverte.

Rodolphe Amailland a porté plainte dès dimanche soir auprès de la gendarmerie. Depuis, de nombreux soutiens se sont exprimés. "L'État condamne fermement, résolument ces faits", écrit la préfecture dans un communiqué. 

Le président de l'Association des maires de France, David Lisnard, estime "hélas très juste" le diagnostic établi par le maire de Vertou dans sa lettre ouverte. 

Plusieurs élus locaux de différents bords politiques ont fait part de leur solidarité sur les réseaux sociaux, y compris la France Insoumise de Loire-Atlantique qui martèle que "la violence physique ou verbale à l'égard des élus n'a pas sa place dans notre république".

Une violence "banalisée" contre les maires

Le président du conseil départemental de Loire-Atlantique, Michel Ménard, dénonce également ces "actes inadmissibles". "Être en désaccord ne justifie en aucun cas la violence physique, les insultes, les actes d'intimidation, les menaces,...", énumère-t-il, déplorant une violence devenue banale.

Le 10 mai, un autre maire de Loire-Atlantique, Yannick Morez, a posé sa démission. Ses voitures avaient été incendiées volontairement dans la commune de Saint-Brevin-les-Pins, endommageant son domicile.

L'élu avait par la suite été victime de menaces en raison de son soutien au projet de déplacement d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asiles. 

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