Après avoir annoncé sa démission le 10 mai dernier, Yannick Morez est auditionné au Sénat ce mercredi matin. Il rencontrera ensuite la Première ministre Elisabeth Borne à Matignon en fin de journée.
Alors que sa démission a fait vivement réagir toute la classe politique, Yannick Morez est revenu ce mercredi matin sur tous les faits qui ont abouti à sa décision. D'abord les menaces, les agressions, l'incendie de son domicile le 22 mars. Mais aussi le manque de soutien de l'État qu'il a ressenti. Il a notamment raconté le contenu d'une réunion organisée le 10 février dernier avec le sous-préfet de Loire-Atlantique et le commandant de gendarmerie.
On a été très très surpris, le sous-préfet nous a tout simplement dit :"les menaces, j’en ai tous les jours », le commandant de gendarmerie a ajouté "vous savez, ce n'est pas grand-chose, ce sont simplement des menaces, de l’intimidation". Ça ne sert à rien de déposer plainte, nous ne ferons rien, c’est la liberté d’expression.
Yannick MorezMaire démissionnaire de Saint-Brevin
"La liberté d'expression a quand même ses limites. Maintenant ça bouge, mais un peu trop tard"
Pendant une heure, l'élu a été entendu par la commission des lois et la mission d'information sur l'avenir de la commune et du maire en France, mission créée le 31 janvier dernier pour répondre aux inquiétudes des maires. Yannick Morez a regretté qu'il n'y ait pas eu de communication de la préfecture sur l'installation du Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) à Saint-Brevin. "Je m’aperçois que mes collègues maires ont eu des relations importantes avec les préfets qui viennent faire des réunions publiques pour expliquer ce qu’est un CADA à la population. Nous n’avons pas eu ce genre de chose à Saint-Brevin. Quand le préfet dit qu’il a organisé des réunions publiques, … de la part d’un préfet, mentir effrontément en public, c’est important. Il représente l’État, il sait très bien qu’il n’a pas organisé de réunion publique".
Une audition qui s'est terminée par des applaudissements. Nul doute qu'aujourd'hui Yannick Morez se sent entendu : "La liberté d'expression a quand même ses limites. Maintenant ça bouge, mais un peu trop tard".
L'audition est visible sur le site internet du Sénat. Ce matin, Yannick Morez avait publié sur sa page Facebook un communiqué. "J'ai reçu un nombre incalculable de messages, mails ou lettres, souvent émouvants, où ils (des élus NDLR) témoignent de leurs difficultés, du manque de soutien de l'État, de la complexification des normes ou même de violences verbales ou physiques".
Yannick Morez reçu à Matignon à 18h30
Un message que Yannick Morez fera sans nul doute passer à la Première ministre. Le maire de Saint-Brevin doit être reçu par Elisabeth Borne à 18h30 à l'hôtel Matignon. Selon France Info, Matignon et le ministre de l'Intérieur ont demandé au préfet de Loire-Atlantique de ne pas accepter la démission de l'édile avant cette rencontre.
La semaine dernière, le gouvernement annonçait le lancement d'un "centre d'analyse et de lutte contre les violences faites aux élus". La ministre chargée des collectivités territoriales, Dominique Faure, en précisera les missions cet après-midi.
Les violences contre les élus en forte augmentation
Le 13 mai dernier, l'association des maires de France publiait un communiqué dans lequel elle énumérait les agressions de ces dernières semaines. Sabotage de véhicule, harcèlement, agressions physiques, menaces de mort... une liste glaçante. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, les faits de violences physiques ou verbales contre les élus ont augmenté de 32% en 2022.