Après l'assassinat de Dominique Bernard, le professeur de français tué à Arras dans un attentat terroriste, de nombreuses questions se posent sur le rôle des enseignants et de l'école dans la société. Katia Béguin, rectrice de la région académique des Pays de la Loire, nous répond.
L'un était professeur de français, l'autre, d'histoire-géographie. Deux enseignants assassinés par des terroristes islamistes dans leur lycée.
Ce lundi 16 octobre, des milliers de personnes ont rendu hommage à Dominique Bernard, tué à Arras le 13 octobre dernier et à Samuel Paty, le 16 octobre 2020.
Deux attentats qui soulèvent la question du rôle des enseignants dans la société et plus largement, celui de l'école, symbole de la République, face à de tels événements.
La censure ne figure pas au programme de l'éducation nationale...
Alors qu'aujourd'hui, de nombreux professeurs avouent devoir s'auto-censurer par rapport à certains sujets, comme la laïcité, la religion, l'histoire de France... comment l'éducation nationale accompagne-t-elle ses enseignants pour aborder de tels sujets ? Faut-il les éluder, les contourner ? "Non, aucun sujet ne doit être mis de côté, bien au contraire, il est nécessaire de les aborder avec les élèves", répond d'emblée la rectrice de l'académie des Pays de la Loire, Katia Béguin.
Il faut faire comprendre aux élèves qu'il y a dans la laïcité un principe de neutralité qui permet, à tous, de se sentir libre de ses convictions
Katia BéguinRectrice de la région académique des Pays de la Loire
"Il y a certains de ces sujets qui sont effectivement inscrits dans le programme de l'Enseignement moral et civique, mais pas seulement, précise la rectrice, il y a aussi notre Centre de liaison pour l'éducation aux médias et à l'information (CLEMI), qui joue un rôle important pour former les enseignants et apprendre aux élèves une pratique citoyenne des médias pour se forger un esprit critique".
Au-delà de ces formations à destination des enseignants, Katia Béguin ajoute que des suivis sont régulièrement organisés par les inspecteurs disciplinaires, "pour permettre aux enseignants de trouver les mots, de trouver les explications et d'avoir une formulation pédagogique qui permette aux élèves de comprendre un fait, un événement, comme celui qui vient de se passer à Arras".
Face à ce risque terroriste, comment doit agir la communauté éducative ? Doit-elle faire remonter certains profils d'élèves qui pourraient inquiéter par leur comportement, leurs propos ? Des consignes ont-elles été données en ce sens par le gouvernement ?
"Aucune consigne n'a été donnée, assure la rectrice de l'académie des Pays de la Loire. De toute façon, quand il y a des inquiétudes, c'est quelque chose qui nous remonte. Si un professeur est menacé, par exemple, et ça arrive, il y a un dispositif de protection qui est engagé immédiatement".
Suite à l'assassinat du professeur de français, le gouvernement a passé la France en alerte "urgence attentat" et renforcé les mesures de sécurité aux abords et à l'intérieur des établissements scolaires. "Il y a d'ores et déjà un contrôle visuel des sacs qui est fait à l'entrée par les personnels des établissements scolaires", confirme Katia Béguin.
Entretien réalisé par Virginie Charbonneau