L'inflation et la flambée des taux bancaires impactent fortement le secteur du bâtiment. Au salon de l'habitat à Nantes, le constat est sans appel, les transactions sont en berne, notamment dans la construction de maisons individuelles.
Avec moins 40 % de constructions de maisons individuelles en 2023 en France, le bâtiment n'échappe pas à la crise. Les faillites sont en augmentation, ceux qui tiennent encore le coup misent sur une éclaircie.
"Depuis janvier, ça a changé. Les banques ont rouvert les robinets au niveau des prêts immobiliers, ce qui a permis pour nous d'avoir beaucoup plus d'activité et de se sentir mieux aujourd'hui", explique Gérald Gobin, constructeur de maisons individuelles.
20 % d'augmentation
Pour les entreprises, le contexte reste tendu et pour les primo-accédants, il est impossible de se projeter. Les maisons ont augmenté de 20 % ces dernières années. Et si le prix des terrains commence à baisser, il reste inabordable pour une grande majorité.
"Les primo-accédants ne sont plus les mêmes qu'il y a 10 ans. Il faut un couple qui a deux emplois type cadre supérieur. La maison individuelle va devenir un produit de luxe", constate Philippe Maltete, dirigeant associé "Maison Adélie".
"Nos jeunes, nos enfants, la génération future, vont avoir un vrai problème pour se loger. Que ce soit en maison individuelle ou pour l'achat d'un appartement, même à 30, 40 km de Nantes, ça va devenir compliqué, reconnait-il.
"Un petit terrain, c'est 270 à 300 000 euros"
Un jeune couple croisé dans les allées du salon hésite justement à acheter une vieille grange à la campagne, la seule solution pour devenir propriétaire. Ils sont venus rencontrer des artisans, "prendre des informations et se renseigner", explique Robin.
Le prix des terrains dans la région nantaise est très élevé. Il faut s'extirper.
RobinFutur propriétaire
Ils rêvent d'un grand terrain, 1 000 à 1 500 m² et d'un jardin potager, mais pas en lotissement, une maison de 80 à 90 m². Au vu des prix, ils savent que leur projet se concrétisera loin des centres urbains.
"Aujourd'hui, un jeune seul ou même un jeune ménage, s'il veut s'endetter pour une maison, un budget moyen avec un petit terrain, c'est 270 à 300 000 euros. Il faudrait qu'il rende par mois, à peu près 1 200 à 1 500 euros, ce qui est absolument impossible sur des salaires SMIC ou même un petit peu au-dessus, souligne Stéphanie Sourisseau, une mère de famille en visite au salon de l'Habitat.
C'est une vraie complexité aujourd'hui pour les primo-accédants, les jeunes. Je ne sais pas comment ils vont faire pour pouvoir avoir leur premier achat, ce qui n'était pas le cas il y a 25 ou 30 ans.
Stéphanie Sourisseau
Sa fille a fait le choix de s'éloigner de la métropole nantaise. "Elle a trouvé un nouveau concept de maison en bois. Cela va lui permettre de faire une maison de 45 m² pour 80 000 euros. Une première acquisition pour 140 000 euros avec le terrain de 380 m², le prix d'un petit appartement ou d'un studio à Nantes."
Si les prix des terrains sont légèrement revus à la baisse, celui des maisons individuelles devrait rester stable, selon les professionnels. "Les normes ont tellement évolué que l'on a un prix de construction aujourd'hui que l'on ne peut plus baisser", assure Philippe Maltete.
Les professionnels réclament plus de défiscalisation et le rétablissement du prêt à taux zéro pour les jeunes acquéreurs, afin de relancer le secteur de la maison individuelle.
Le reportage de Céline Dupeyrat, Olivier Cailler et Sophie Boismain
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