Une délégation chinoise, composée d’élus et de constructeurs, était en déplacement ce jeudi à Bouvron pour une visite de la station d'épuration "innovante et écologique". La Chine se soucie actuellement de la gestion de l'eau et des eaux usées et cherche des solutions durables.
La station d'épuration de la Noë répond à leur attente et intéresse même des Chinois, venus en délégation la visiter et s'en inspirer pour leur projet de gestion de l'eau en milieur rural.
En 2020, la Chine comptera 800 millions d'urbains concentrés dans de grandes villes. En prévision, elle aménage des Ecocités, des villes vertes à conception durable pour palier la pollution des grandes mégalopoles.
Comment ça marche ?
Les eaux usées vont être filtrées dans des parcelles de roseaux (de plusieurs milliers de m2). La percolation ou décantation va se dérouler une fois en mode horizontal, une fois en mode vertical. Des regards disposés tout au long du processus permettent une surveillance visuelle, une armoire de contrôle assure une veille permanente sur les flux.
L'intervention humaine qui consiste à surveiller les niveaux d'eau est nécessaire mais peu coûteuse. Les roseaux, quant à eux, nécessitent une coupe par an qui stimulera leur croissance et donc leur consommation d'eau et de bactéries.
Et maintenant : l'apatite
Après les roseaux, les eaux usées ont perdu nombre de déchets et de bactéries, mais elles contiennent encore du phosphate, contenu dans les lessives, les shampoings...Dans un bassin vide en apparence, du gravier, une couche de 10 cm. Sous ce gravier, des granules d'apatite. L'apatite est un phospho-calcaire (enveloppé ici d'une couche de cendres et ciment mélangés) qui absorbe le phosphore.
Cela faisant, les granules d'apatite prennent du volume, il faut donc à terme les renouveler, mais il faut quand même compter 20 à 30 ans. Les granules saturées de phosphore seront ensuite broyées pour constituer un amendement agricole. Le déchet devenu engrais : un exemple concret de recyclage.
Retour en milieu naturel aménagé
Après son parcours dans les roseaux et sa traversée de l'apatite, l'eau rejoint une zone humide composée d'iris d'eau et de massette, le roseau des étangs. Cette zone pourra absorber différentes quantités d'eaux traitées avant que celles-ci ne rejoignent les noues et les saulaies.
Les noues sont des fossés larges qui accueillent l'eau en quantité et lui laissent le temps de descendre en terre. Elles sont bordées de saules, un arbre très à l'aise les pieds dans l'eau et à croissance rapide. 6 000 ont été plantés ici, on parle donc de saulaies, il y en a une au nord et une au sud de la station d'épuration.
Le bois produit par les saules sera coupé et transformé pour alimenter le chauffage du Pôle Enfance de la commune, les saules, eux, repousseront très rapidement (plus d'1 m par an).
La visite semble avoir fortement intéressé la délégation chinoise de la ville de Qing Yun. Cette ville, située à 3 heures de route au sud-est de Pékin, compte 80 000 habitants mais aussi nombre de villages autour. Des villages que les autorités souhaitent équiper de solutions durables et modernes pour la gestion de l'eau.
C'est pour cette raison qu'elles se déclarent ouvertes à la venue d'entreprises françaises.
Autour du secrétaire du parti communiste de la ville de Qing Yun, des constructeurs et des financiers chinois composaient la délégation qui était accompagnée de représentants du CSTB (Centre Scientifique des Techniques du Bâtiment).