"C'est honteux", "nous ne laisserons pas faire" : tristesse et colère après les menaces de mort contre la communauté LGBTQIA+ de Nantes

Au lendemain de l'acte de vandalisme contre la fresque peinte chaque année par les riverains de la rue Joffre à la veille de la pride nantaise dans la nuit de samedi 24 à dimanche 25 juin, c'est la consternation dans le quartier. Sur le bitume, le message "Mort aux LGBT" est la marque d'une violence rarement atteinte, bien que les attaques contre la communauté LGBTQIA+ aient augmenté ces derniers mois.

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"C'est triste, c'est même honteux de voir ça aujourd'hui. Face à des menaces de mort on n'a  pas de mots", lâche Simon Franck, encore sidéré. Membre des commerçants et artisans de la rue Joffre à Nantes, il était aux premières loges de l'acte de vandalisme qui s'est produit dans la nuit de samedi à dimanche 25 juin. 

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"Ça fait partie de notre histoire"

La communauté LGBTQIA+  a longtemps été hébergée rue Joffre à Nantes avant de déménager dans de nouveau locaux plus grands sur l'Ile de Nantes. Alors dans le quartier, ce lundi matin, l'émotion est encore forte, la colère aussi.

"Chacun est libre de ses choix, de sa vie. On ne peut pas avoir de haine contre un choix de vie, s'insurge Simon Frank. Notre rue, elle marche aussi grâce à la communauté LGBTQIA +. Ce sont nos voisins, nos clients, des humains, comme tout le monde. Certains commerçants ici sont partenaires de la marche des fiertés. Ça fait partie de notre histoire."

Des tags, des dégradations, ici, il y en a toujours eu. Mais, cette fois, un cap est franchi dans la violence. "Là, parler de mort, de pédophile, je ne comprends pas. Nous sommes tous estomaqués ! ", soupire le commerçant qui n'en revient toujours pas.

Des caméras de vidéo protection ont enregistré les faits dans la nuit de samedi à dimanche 25 juin. On y distingue clairement deux individus taguant la fresque peinte par les riverains. 

"On ne laissera jamais faire !"

"Dès que nous avons pris connaissance de ces dégradations et de ces insultes qui sont particulièrement violentes, la ville a décidé de porter plainte. On le fait systématiquement. On ne laissera jamais faire !", s'exclame Mahaut Bertu, l'adjointe à la mairie de Nantes, déléguée à la lutte contre l'inégalité et les discriminations. Pourtant, elle en a vu d'autres.

"Il y a une banalisation assez claire de l'homophobie et de la transphobie. Ce que l'on veut faire c'est marquer le coup. Nous avons une montée en puissance des actes qui est assez forte ces derniers mois", affirme-t-elle.

Le nouveau centre LGBTQIA+ a récemment été encollé et attaqué. Les marches sont régulièrement vandalisées. "Il y a une escalade. Cette fois, les insultes sont particulièrement graves, avec un appel au meurtre", constate Mahaut Bertu.

À chaque fois que la communauté gagne en droits et en visibilité, ça réveille les conservatismes et les mouvements les plus rétrogrades

Mahaut Bertu

Adjointe à la mairie de Nantes, déléguée à la lutte contre l'inégalité et les discriminations

Signe que les choses s'amplifient, le spectacle "Fille ou garçon" autour de la question du genre, qui tourne dans 24 écoles de l'agglomération, a été attaqué à plusieurs reprises. 

"Le spectacle a été saboté et a dû être interrompu après quelques chansons parce que des personnes estimaient que le discours les filles peuvent jouer au foot et les garçons mettre des baskets roses à paillettes n'étaient pas entendable par des petits. Les écoles ont été clairement visées. Il y a eu des manifestations de haine", se souvient une mère de famille.

"Ils ont un sentiment d'impunité"

Pour Viollette Cordaro, présidente de NOSIG, le centre LGBTQIA+ nantais, la situation ne peut que continuer, voire s'aggraver : "Si on regarde bien, ces groupuscules d'extrême droite sont de plus en plus visibles sur l'espace public. Il suffit de regarder les poteaux avec des sigles très identifiés. Le planning familial et d'autres associations sont ciblés par ces gens-là. Ils sont très actifs.

"Et, sur les réseaux sociaux, ils sont fiers de ce qu'ils font, comme les manifestations dans les rues de Paris, à Saint-Brévin contre le déménagement du centre d'accueil pour les réfugiés. Ils ont un sentiment d'impunité, poursuit-elle. C'est pesant, c'est anxiogène. Ces groupes s'attaquent à des personnes fragiles. Les personnes transgenres vivent dans une société binaire qui les rejette."

"Cette population est particulièrement touchée par le suicide, notamment chez les adolescents. Mais, tuer des jeunes, ils s'en foutent complètement ! Il va falloir mettre le paquet sur l'éducation pour enfin apprendre à vivre en harmonie, sans jugement. Mais pour ça, il faut des moyens", conclut Violette Cordaro.

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