Elle s'étale au milieu de la rue. Une menace sans équivoque, insultant les personnes trans et LGBT et les injuriant. La énième attaque transphobe et homophobe répertoriée cette année dans les rues ou sur certaines vitrines de Nantes. Signée d'une fleur de lys, emblème des groupuscules nationaliste et d'extrême droite.
C'est une attaque de plus à l'égard de la communauté LGBTQIA+ qui est inscrite en toutes lettres dans la rue Joffre à Nantes depuis la nuit dernière.
La fresque peinte chaque année par les riverains de la rue Joffre à la veille de la pride nantaise a été vandalisée dans la nuit de samedi à dimanche. Et, sur le bitume, un autre message s'affiche. "Mort aux LGBT".
Pour Sylvain Belin, un habitant de la rue qui a participé à sa réalisation n'est pas surpris, mais il est choqué "car cette fois, c'est encore plus violent que d'habitude ..c'est un message de mort qui a été inscrit...c'est d'un tout autre niveau que les insultes habituelles! c'est de la violence gratuite qui est très pesante, très lourde à supporter pour les personnes qui se sentent visées".
Violette Cordaro, la présidente de Nosig, le centre LGBTQIA+ de Nantes, est dépitée.
"Ça n'arrête pas, dit-elle. Il y a une véritable banalisation de la violence à l'égard de la communauté transgenre. Les actions des militants d'extrême droite se multiplient. Nous allons évidemment porter plainte pour injures et menaces, mais dans cette ambiance générale qui se dégrade, on sait très bien que cela va continuer" .
Une succession d'attaques dans un climat qui se dégrade
Violette Cordaro énumère les événements de ce type qui se sont produits depuis le début de l'année à l'encontre de la communauté qu'elle représente
" On nous a mis de la colle dans les serrures de nos locaux, des tags sur la vitrine, il y a eu aussi de nombreux collages d'autocollants en ville et sur les vitres du planning familial, des tableaux électriques abimés dans des écoles primaires pour empêcher la tenue d'un spectacle s'intitulant "fille ou garçon", la moitié des drapeaux arc-en-ciel installés cours de 50 otages ont été arrachés"...
Plus grave, la nuit du 10 juin, après la date de la marche des fiertés à Nantes, des personnes qui arboraient des signes arc-en-ciel ont rapporté avoir subi des menaces et des intimidations de la part de groupes, nationalistes et ouvertement transphobes et homophobes qui souhaitaient les voir enlever tous les signes, afin de les invisibiliser.
La présidente du centre LGBTQIA+ soupire, "on doit pouvoir savoir qui fait ces choses-là... quand on voit que certains signent ces actes en mettant des photos sur leurs réseaux sociaux, ils devraient pouvoir être poursuivis".
Sa crainte, c'est que cette haine des communautés homosexuelle et trans ne finisse comme à Tours il y a quelques semaines.
"Le centre LGBT a été attaqué par un jeune homme qui en avait marre de la théorie du genre et qui s'est senti légitime à lancer un engin explosif dans les locaux... heureusement les personnes qui s'y trouvaient ont eu le temps d'en partir, mais
Est-ce qu'il faut un drame pour qu'enfin on prenne conscience de ce que nous subissons?"
Violette Cordaro, présidente de NOSIG
Une fois de plus, Nosig va porter plainte pour les tags haineux écrits dans la rue Joffre. Mais la communauté demande plus que cela aux pouvoirs publics.
" Nous exigeons la dissolution de tous ces groupes d'extrême droite, et un véritable plan de lutte contre les discriminations, et cela passe aussi par un financement de nos activités. La vingtaine de centres qui existent en France ne reçoit aucune dotation de l'État".
Ces centres aimeraient pouvoir obtenir 3 Millions d'euros pour pouvoir notamment financer des interventions dans les écoles et mener des actions sur le terrain. "À titre de comparaison, les chasseurs, eux, reçoivent 11 millions d'euros chaque année", indique encore Violette Cordaro.
►Ce lundi 26 juin, à partir de 19h des militants LGBTQIA+ restaureront la fresque souillée de la rue Joffre