Plus important que prévu, le chantier de décontamination de la cathédrale de Nantes est entamé. L’édifice est touché par une pollution au plomb de grande ampleur, provoquée par l’incendie du 18 juillet 2020 et la destruction du grand orgue.
Les équipements de protection sont de rigueur et obligatoires pour pénétrer à l’intérieur de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, touchée par un incendie le 18 juillet 2020.
Malgré l’intervention rapide des pompiers, le feu a totalement détruit le grand orgue construit au XVIIe siècle, entrainant une pollution majeure au plomb.
Après une phase de nettoyage, la décontamination est désormais en cours. "On estime qu'il y a eu jusqu'à 5 tonnes de métal qui ont été fondues", expliquait en juillet dernier Valérie Godard, conservatrice régionale des monuments historiques à la DRAC des Pays de la Loire.
32 tonnes de déchets plombés ont été extraits de la cathédrale. Sur la tribune de l’orgue, des taux de 186 000 microgrammes par m² de plomb ont été mesurés.
"Dans certaines zones de la cathédrale le taux de plomb atteint 100 000, très largement au-dessus du seuil autorisé", confirme Clémentine Mathurin, conservatrice des monuments historiques à la DRAC des Pays de la Loire. La norme appliquée pour l’habitat est de 1 000 microgrammes.
Le chantier est titanesque, les poussières de plomb se sont dispersées dans tout l’édifice, sur les sols, les murs et les voutes à plus de 37 mètres de hauteur. Des échafaudages ont été installés et six nacelles vont être déployées à l'intérieur de la cathédrale, pour assurer ce travail de nettoyage.
"C’est relativement délicat, parce qu’il y a beaucoup de zones sculptées, d’éléments fragiles, des retables. Tout est à nettoyer avec des protocoles bien particuliers", souligne Thierry Galloyer, chef de chantier pour l’entreprise Lefèvre. 29 000 m² de surface vont être aspirés à la brosse et au pinceau pour ôter les particules de plomb.
Une trentaine de tableaux de grands formats ainsi que les lustres vont être déposés pour être nettoyés et restaurés si nécessaire.
Tant que ce chantier n'est pas terminé, "la restauration de l'édifice ne peut pas commencer et les diagnostics ne peuvent pas se terminer", explique Clémentine Mathurin. "Le travail qui reste à faire est considérable et on n'en connait pas encore l'ampleur".
Couvert de cendres après l'incendie, seul le chef d’œuvre de la sculpture de la Renaissance française, le tombeau de François II et Marguerite de Foix a été nettoyé. Il est désormais confiné sous une bâche.
"Il était indispensable d’intervenir rapidement pour enlever tous les dépôts qui s’étaient répandus sur les sculptures et qui risquaient de tâcher le marbre de manière irréversible. Ce travail a été fait très rapidement en décembre 2020."
Le montant des travaux de dépollution est estimé à 2,6 millions d'euros, entièrement financés par l’État. Il devrait durer environ six mois.
Une réouverture partielle au public est envisagée, fin 2023, début 2024 avec un accès à la nef et au chœur. Des parties seront toujours en travaux, notamment "le massif occidental", la façade la plus touchée par l'incendie.