"Cette capsule, c'est un petit sous-marin", la gélule robot Neomom explore l'estomac et pourrait révolutionner le dépistage des cancers

Un robot gastrique est testé en ce moment même par le CHU de Nantes dans le cadre d'un essai clinique européen. Sa particularité, fonctionner à l'aide d'une vidéocapsule avalée par le patient sans anesthésie générale. Ce qui permet d'observer l'intérieur de l'estomac et du système digestif sans utiliser d'endoscope et avec une précision inégalée.

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Cette capsule est en fait une microcaméra sans fil avec éclairage intégré.

Une grosse gélule de 11,5 mm de diamètre, bourrée de technologie qui va bientôt explorer la partie haute du tube digestif de Florent un jeune Nantais de 35 ans.

Une caméra numérique de la taille d'un comprimé

"C'est une petite caméra qui est grosse comme un comprimé de paracétamol" rassure le professeur Emmanuel Coron, directeur de l'Institut des Maladies de l'Appareil Digestif au moment où Florent va avaler sa gélule avec de l'eau.

"En fait il y a une caméra et quatre LED qui envoient deux à dix images par seconde" explique le scientifique nantais.

"La capsule se déplace pour bien regarder toutes les parties de l'estomac guidées par le robot et  l'intelligence artificielle. Et après, elle fait son chemin dans l'intestin grêle" rajoute-t-il.

"Pendant l'examen vous devez rester allongé. Mais après, vous pouvez vous promener, faire ce que vous voulez. Il faudra juste ramener le boîtier qui permettra de lire les images de la capsule" explique Emmanuel Coron. 

"On valide le compte rendu des images et puis on transmet ça à votre médecin" conclut le spécialiste.

Un robot pilule qui est en test actuellement au CHU de Nantes, le seul hôpital français parmi les trois tests européens réalisés actuellement.

Le reportage de Vincent Raynal et Vincent Calcagni monté par Carole Mijeon : 

Une nouvelle caméra de haute précision

De l'aveu même de l'équipe de chercheurs nantais du CHU on utilise déjà des vidéocapsules depuis vingt ans pour explorer notamment l'intestin grêle.

Elles permettent le diagnostic de maladies comme la maladie de Crohn, des ulcères, des saignements, des tumeurs qui sont non détectables autrement.

La nouveauté de cette capsule qui répond au doux nom de Néomom c'est sa maniabilité et sa capacité à s'orienter dans l'espace du corps humain "car elle est guidée par un champ magnétique et contrôlée par un robot" précise le professeur Coron.

Autre énorme avantage : celui de visualiser d'autres organes.

"L'estomac, en particulier, qui est une grande poche non visible par la capsule classique" confirme le directeur de l'Institut des Maladies de l'Appareil Digestif du CHU de Nantes.

"La capsule classique, en fait, quand on l'ingère, elle va dans le sens du flux, donc elle ne montre qu'une toute petite partie de l'estomac et puis en plus, elle ne se retourne pas pour aller voir les différentes zones" détaille-t-il.

Cette capsule c'est un petit sous-marin, c'est ça la vraie révolution

Emmanuel Coron

directeur de l'Institut des Maladies de l'Appareil Digestif CHU de Nantes

Néomom fonctionne dans un champ magnétique guidé par un bras robotisé comme le détaille cette vidéo de la société toulousaine Asept InMed qui commercialise le robot gastrique Néomom.

durée de la vidéo : 00h01mn06s
vidéo de présentation du robot gastrique Néomom ©Asept InMed

"Le bras la guide dans le champ magnétique en fonction des images qu'il perçoit et donc il voit le trajet que lui a à faire" explique Emmanuel Coron.

"Si le médecin a besoin de prendre les commandes du sous-marin, il peut le prendre avec un joystick pour aller voir des zones qui auraient pu éventuellement être manquées" ajoute le scientifique nantais.

Le principe c'est quand même que ce soit automatisé un maximum, que ça libère le médecin de ce temps médical et qu'on puisse faire beaucoup plus de patients qui soient dépistés sans assistance médicale

Emmanuel Coron

directeur de l'Institut des Maladies de l'Appareil Digestif CHU de Nantes

Un scénario de fiction devenu réalité

Un sous-marin lilliputien envoyé dans le corps humain pour guérir son hôte ?

Un scénario que plusieurs films de science-fiction avaient déjà imaginé. Comme dans "L'aventure intérieure" de Joe Dante (1986) ou encore pour les cinéphiles plus âgés "Le Voyage Fantastique" de Richard Fleischer qui remonte à 1966.

Pour les plus jeunes ce dernier film raconte l'histoire d'un groupe de médecins à bord d'un sous-marin miniaturisé envoyé dans le corps humain d'un scientifique atteint d'une tumeur pour le soigner.

Un outil capital pour le dépistage de ce cancer invisible

Le cancer gastrique représente 6 500 nouveaux cas chaque année en France.

Il est classé comme le 4e cancer le plus mortel par l'Institut Pasteur.

Mais si la maladie est dépistée à temps, le taux de survie passe de 10 à 90 %.

"Quand les symptômes apparaissent et sont liés au cancer, le plus souvent il est trop tard pour sauver le patient" confirme Tamara Matysiak-Budnik, gastro-oncologue à l'Institut des maladies de l'appareil digestif au CHU de Nantes et coordinatrice de cet essai clinique européen.

Tout l'enjeu est de détecter ce cancer avant son développement. Au stade de ce qu'on appelle les lésions précancéreuses ou là où on est le plus efficace dans la prévention

Tamara Matysiak-Budnik

gastro-oncologue à l'Institut des maladies de l'appareil digestif au CHU de Nantes

Cette technologie est également épaulée par l'intelligence artificielle, ce qui permet de détecter des lésions tout juste visibles à l'œil nu.

"Ici, un ulcère de l'estomac qui fait à peine un millimètre" nous montre sur son écran le professeur Emmanuel Coron à propos d'autres patients examinés auparavant.

"Le logiciel vous dit là, il y a quelque chose qui a été détecté" ajoute-t-il.

"Et ça, c'est une grande aide pour le médecin et être certain qu'on n'a rien raté quand on a fait l'examen" constate le directeur de l'Institut des Maladies de l'Appareil Digestif du CHU de Nantes.

L'intelligence artificielle qui intervient pour aider le médecin à interpréter les images, c'est aussi un atout pour la coordinatrice de cette étude.

"Il y a un logiciel spécial qui est intégré dans l'appareil donc ça attire l'attention des médecins. Ça aide, mais on ne peut pas dire que ça remplace complètement le médecin" confie Tamara Matysiak-Budnik gastro-oncologue à l'Institut des maladies de l'appareil digestif au CHU de Nantes.

Un essai clinique unique en France

Des mini-robots gastriques comme celui-ci, il en existe en fonctionnement uniquement cinq au niveau européen, notamment au Portugal et en Irlande.

Mais environ déjà une centaine en Chine. Pourquoi cette différence ?

"En Chine, c'est beaucoup plus commun, puisque c'est une technologie qui a été beaucoup plus mise en avant. Et aussi parce que leurs pathologies sont différentes des pathologies européennes, ce qui permet d'avoir cet examen beaucoup plus facilement" explique Tanguy Pocreaux,responsable régional ouest de la société Asept InMed basée à Toulouse qui commercialise le robot gastrique Néomom.

"Il y a des habitudes alimentaires qui vont être différentes" continue Tanguy Porcreaux.

"Ils vont manger beaucoup plus épicé, beaucoup plus frit, ils vont manger également pas mal de poissons crus, un peu comme leurs voisins japonais" conclut-il.

Une alternative à la fibroscopie ?

L'examen classique pour réaliser une exploration du tube digestif et notamment de l'estomac, c'est la fibroscopie digestive.

Un examen rapide, non douloureux, mais eextrêmementdésagréable pour ceux qui l'ont déjà pratiqué sans anesthésie générale ce qui est llecas actuellement dans la plupart des cas.

"Il n'y a pas assez d'anesthésistes en France pour pouvoir faire des fibroscopies sous anesthésie à tout le monde" confirme le professeur Coron.

"C'est un examen qui est court, qui est avec très peu de risque, mais c'est un examen qui est vraiment désagréable pour les patients" ajoute le médecin nantais.

Le remplacer par le fait d'avaler une petite capsule, évidemment, ça n'a rien à voir, c'est le jour et la nuit pour le patient.

Emmanuel Coron

directeur de l'Institut des Maladies de l'Appareil Digestif CHU de Nantes

Pas encore de biopsie possible

Une limite médicale cependant : le classique endoscope permet de réaliser des ponctions de tissu pour déterminer s'il y a présence de cellules cancéreuses à travers ce qu'on appelle en langage médical une biopsie.

Pour l'instant cette caméra-capsule ne le permet pas encore.

Un obstacle pas vraiment incontournable selon le directeur de l'Institut des Maladies de l'Appareil Digestif CHU de NNantes.

"Moi, je crois qu'à l'avenir, l'IA sera tellement performante que rien que sur l'image, on pourra nous dire ce que c'est avec déjà un très haut taux d'efficacité diagnostic" prédit-il.

En attendant, les patients qui ont recours à cette technologie nettement moins invasive et beaucoup plus agréable, comme Florent, se montrent plutôt emballés.

"Ça me paraît plutôt pas mal pour les gens un peu qui redoutent un petit peu les anesthésies générales et les interventions. Je pense que c'est une bonne solution. " confie Florent prés l'examen qui a duré une vingtaine de minutes.

Florent quitte le service du CHU de Nantes avec à ses côtés le boîtier qui enregistre les images du robot gastrique qui continue son chemin à travers son corps.

Il lui faudra simplement ramener à l'hôpital le dit boîtier pour l'exploitation des images enregistrées.

Le mmini-sous-marin pilule, lui, sera évacué du corps par les voies naturelles.

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