“Combien faudra-t-il de cancers pédiatriques ?" Ce député veut mieux protéger les aires de captages d’eau potable contre les pesticides

Inquiet de constater qu'on ne protège pas assez les zones de captage d'eau à destination de la production d'eau potable et que les contrôles ne sont pas suffisants, un député de Loire-Atlantique, Jean-Claude Raux, dépose une proposition de loi pour "garantir que l’eau que nous buvons n’est pas mauvaise pour notre santé”.

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"En Loire-Atlantique, 490 000 des 550 000 abonnés reçoivent une eau qui n’est pas conforme, avec une teneur en métabolite 2 à 6 fois au-dessus de la norme de qualité, ce qui représente 90 % de la population desservie". Ce constat alarmant, tiré d'une étude d'Atlantic'eau, le service public en charge de l’eau potable, publiée en 2023, vient de conduire le député écologiste Jean-Claude Raux à déposer une proposition de loi à l'Assemblée nationale. 

S'appuyant également sur un rapport de l'association Générations Futures, le parlementaire de Loire-Atlantique veut systématiser "la délimitation d’aires d’alimentation des captages au sein desquels l’autorité administrative compétente instaure un plan d’actions pluriannuel visant à préserver la qualité de l’eau."

Savoir quoi chercher 

Allant plus loin, la loi que l'élu veut soumettre au vote de ses collègues parlementaires instaure également "le contrôle, dans les eaux destinées à la consommation humaine, de la présence de métabolites des pesticides dont le contrôle est justifié au regard des spécificités locales et des informations obtenues dans le cadre de la réalisation des missions de l’ANSES."

Le texte prévoit, dans un second temps l'interdiction de l'usage de pesticides de synthèse et d'engrais azotés minéraux dans les aires de captage à l'horizon 2030. 

Ce qui motive cette proposition de loi, c'est aussi, selon Jean-Claude Raux, le fait que les agences régionales de santé n'aient pas accès à toutes les informations que détient l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) et ne contrôlent qu'une liste trop restreinte de molécules toxiques. Car de combien de molécules parle-t-on sur la masse des métabolites qui coule de nos robinets ?

"Des contrôles bien trop limités"

"Les métabolites, persiste des années, voire des dizaines d’années dans la ressource en eau, et bien après l’interdiction de certaines substances", alerte Jean-Claude Raux. Selon le député écologiste, l'étendue des contrôles est bien trop limitée.

"Combien faudra-t-il de cancers pédiatriques dans la plaine d’Aunis, à Sainte-Pazanne ou
ailleurs ?", demandait Jean-Claude Raux lors des questions au gouvernement ce mardi 15 octobre. "Combien de cancers du sang, de la prostate, de malades de Parkinson chez nos agriculteurs ? Combien de combats comme celui de Laure, fleuriste, maman d’Emmy morte à 11 ans d’une leucémie ?"

LIRE AUSSI : "Rien n'était visible sur mes mains", sa fille est morte d'une leucémie à 11 ans, le combat en justice d'une fleuriste exposée aux pesticides

"Il faut analyser les résultats locaux à la lumière des études nationales approfondies déjà menées", a temporisé la ministre de l’Agriculture, "afin de savoir de quoi l’on parle, d’établir les liens de cause à effet et décider des bonnes réponses". Annie Genevard a tout de même admis que le sujet était "sensible"

La proposition de loi portée par Jean-Claude Raux a été déposée ce 15 octobre. Précision : le coût de mise en œuvre par l'Etat de cette loi serait compensé, selon le texte, par le principe pollueur-payeur. Une élévation de 50% des taux de redevance pour pollutions diffuses sera proposé ainsi que la mise en place d’une augmentation et d’un plancher de la taxe sur les produits phytopharmaceutiques acquittée par les producteurs de pesticides.

Générations Futures

Le rapport dont fait état le député Jean-Claude Raux émane de l'association Générations Futures qui lutte contre l'agriculture intensive grande consommatrice de pesticides et d'engrais de synthèse et défend, à l'inverse, une agriculture durable.

L'association vient de publier une étude (consultable sur son site) qui constate que "peu de métabolites de pesticides sont intégrés dans la surveillance de l’eau potable au regard du nombre très important de métabolites existants."

Les métabolites de pesticides sont des molécules issues de la dégradation des pesticides et potentiellement dangereuses pour la santé.

Or, selon Génération Futures, on ne recherche actuellement dans l'eau potable que certains métabolites, laissant sans contrôle 71 % de ces molécules possiblement toxiques.

Générations Futures avait notamment, par le passé, dénoncé l'utilisation de métam-sodium comme pesticide en agriculture et s'était porté partie civile lors d'un procès à Angers après que 74 personnes ont été intoxiquées suite à un épandage de ce produit dans des cultures de mâche.

LIRE AUSSI : Intoxications au métam-sodium : une entreprise de Nantes jugée au tribunal d’Angers

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