Il y a 100 ans, un régiment de soldats noirs américains réalisait à Nantes le tout premier concert de jazz en Europe. Jusqu'au 11 mars, une exposition retrace leur histoire.
Comme souvent dans l'histoire de la musique, le symbole n'est pas entièrement vérifié. Le 12 février 1918 est inscrit comme la date du premier concert de jazz en Europe. Au théâtre Graslin de Nantes, l'orchestre militaire du 15e régiment d'infanterie de la garde nationale de New York importe cette musique de la culture noire-américaine.
Historiquement, le jazz avait déjà atteint Europe, mais de manière beaucoup moins officielle. "La musique jouée par l'orchestre de James Reese Europe (comme celle des autres orchestres militaires présents en France au même moment) était un savant mélange de musiques dans l'air du temps : hymne nationaux, marches militaires, airs classiques, chansons folkloriques américaines et somme toute, assez peu de ragtime et pratiquement pas de jazz, au sens musicologique", ajoute Matthieu Jouan, commissaire général de l'exposition dédiée à ce morceau de l'histoire nantaise.
James Reese Europe est chef d'orchestre pendant la guerre, mais aussi et surtout soldat : au front et au sein du régiment des Harlem HellFighters, de nombreux noirs-américains vont aussi venir défendre leurs droits avant leur retour dans une amérique profondément ségrégationniste. C'est leur histoire que raconte l'exposition "Guerre de Jazz" organisée à l'espace Cosmopolis, juste derrière le théâtre Graslin où s'est déroulé l'historique concert.
Les commémorations ont aussi été un moment de débat autour, justement, de la signification réelle de ce moment. Historiens, musicologues, anthropologues, sociologues sont parvenus à un accord, le 26 février. Si l'événement et le symbole sont bien un raccourci historique, "il a été convenu que pour le 12 février 1918, on pouvait dire : quand soudain, le jazz !" conclut Matthieu Jouan.
La Guerre du Jazz, espace Cosmopolis, jusqu'au 11 mars. Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi de 13h30 à 18h, les samedi et dimanche de 14h à 18h. Gratuit.
Reportage de Christophe François et Christophe Amouriaux. Avec comme interlocuteurs Matthieu Jouan, commissaire général de l'exposition.