Des grandes surfaces annoncent bruyamment qu'elles mettent en vente des masques par milliers mais dans les hôpitaux, on en est encore à utiliser des masques périmés. La situation agace au CHU de Nantes.
La photo tourne dans les services du Centre Hospitalier Universitaire de Nantes et sur les réseaux sociaux. Un colis de masques à élastiques avec sur le côté une étiquette faisant état d'une date de production "déc 2007" et d'une date de péremption : déc 2011. C'est une photo parmi d'autres.
Selon les soignants du CHU, de nombreux lots de masques périmés sont toujours distribués aux personnels. Côté syndical, les réactions sont variées.
"L'important, c'est qu'il n'y ait pas de pénurie"
A la CFDT, on estime que ces masques ont la même utilité. Certes, il y a une date de péremption mais c'est plus par obligation que pour signifier une moindre efficacité en cas d'utilisation au delà de cette date. Ces lots proviennent d'anciens stocks et de dons. L'important pour le représenant de ce syndicat, c'est qu'il n'y ait pas de pénurie.Le syndicat Sud, de son côté, a dégainé un communiqué dans lequel il "s’interroge sur la facilité à obtenir des masques conformes en faisant ses courses de la semaine pendant qu’un lieu de soin aussi important que le CHU de Nantes écoule de vieux stocks." Le syndicat a demandé à la direction que des masques non périmés soient mis à disposition du personnel.
Même indignation à la CGT qui a interrogé cette direction.
"La direction nous a dit, explique Olivier Terrien, le secrétaire général CGT du CHU, qu'elle avait fait tester et valider ces lots par une société extérieure. On a demandé qu'elle nous communique le résultat de ces tests."
En fait, selon la CGT, dès le début du plan blanc, des masques périmés ont été fournis aux soignants. "Or, précise Olivier Terrien, on sait qu'un certain nombre de professionnels ont été atteints du Covid."
"On fait les fonds de poubelles"
Ce qui agace au plus haut point, c'est que des grandes surfaces mettent en vente depuis ce lundi des centaines de milliers de masques homologués et qu'au CHU de Nantes on continue de fournir du matériel officiellement périmé."On fait les fonds de poubelles" constate Yohann Rouvière permanent CGT à l'hôpital Laennec."Il y a eu beaucoup de loupés en matière de prévention" estime Olivier Terrien. Il raconte qu'aux admissions, pendant un mois au début de la crise, les personnels n'ont pas eu accès à des masques de protection. Les masques étaient alors réservés aux soignants. "On expliquait aux admissionnistes qu'ils ne devaient porter un masque que s'ils étaient symptômatiques (s'ils avaient eux-mêmes des symptômes du covid-19). Or, ils étaient en face à face avec des familles porteuses du virus."
"Courant avril, précise Olivier Terrien, la direction a commencé à céder et à accéder à la demande de masques mais ils étaient sous clé et il fallait les quémander."
Et le secrétaire général de la CGT du CHU prévient que des plaintes seront déposées car plusieurs membres de ces personnels ont été infectés par le coronavirus.