3 millions d'euros. C'est le montant de l'appel aux dons que lance Xenothera, une société nantaise de biotechnologie pour finaliser un traitement prometteur contre les infections à Coronavirus, sur lequel elle travaille depuis 2015.
2000 écoles fermées, près de 3000 personnes placées en quarantaine, et 7 morts en moins de quinze jours. En 2015, après avoir frappé plusieurs pays du Moyen-Orient, le virus Mers atteignait la Corée du Sud. Une maladie appartenant à la famille des Coronavirus, la même qui avait provoqué le SRAS, syndrome respiratoire aigu sévère qui avait frappé plusieurs pays d'Asie de 2002 à 2004.
Une menace récurrente qui a poussé Xenothera, start-up nantaise dans le domaine des biotechnologies, à intégrer les coronavirus à son programme de recherches. Mais à l'époque, la jeune entreprise créée en 2014 manque de moyens, et elle choisit au bout d'un an de concentrer ses priorités sur 3 axes principaux : les greffes, les bactéries multi-résistantes et les traitements contre le cancer.
Le traitement prendrait le relais des défenses immunitaires
Lancé en 2015, mis en sommeil en 2016, le programme de recherche pour le traitement des maladies à coronavirus a été relancé en février dernier, au moment où les premiers cas de Covid-19 ont touché l'Italie. Pour lutter contre les formes sévères de ces affections, l'entreprise nantaise mise sur les traitements d'immunothérapie, déjà expérimentés pour améliorer la tolérance des greffes.A partir de prélèvements sanguins sur des animaux immunisés, on fabrique un sérum qui pourra être administré aux malades, et prendre le relais de leurs défenses naturelles, insuffisantes face aux formes sévères du Covid-19.
Un procédé déjà testé
Des anticorps de ce type ont déjà été administrés à des patients dans le cadre du rejet de greffes, et le procédé a égalemement été testé en 2015 dans le contexte de la lutte contre Ebola. L'épidémie s'étant arrêtée, l'étude n'a pas dépassé le stade de l'expérimentation animale, mais elle avait prouvé son efficacité.
"Le fait d'avoir déjà validé ces études nous permettrait d'aller beaucoup plus vite", explique Odile Duvaux, la présidente de Xenothera, qui imagine pouvoir en quelques mois développer et produire un médicament pouvant être utilisé pour traiter les patients atteints du Covid 19, ou de tout autre forme de coronavirus.
3 millions d'euros pour produire le traitement
Seul problème : l'argent qui manque pour terminer l'étude et lancer une production industrielle de qualité pharmaceutique. Trois millions d'euros, pour lesquels l'entreprise nantaise lance un appel à subventions, auprès des entreprises et des particuliers.
"Le gouvernement a montré son intérêt pour notre solution, mais ça prendra du temps pour développer des fonds publics, alors que nous pourrions sauver des patients", plaide Odile Duvaux, avant de préciser que les donateurs ne seront pas des actionnaires, et que son entreprise ne s'enrichira pas avec cette campagne de dons. "C'est un appel pour un élan citoyen, afin de produire au plus vite ce médicament."
Jeudi, elle présentera sa solution devant Reading, un consortium scientifique créé pendant l'épidémie de H1N1, chargé de recenser les pistes les plus prometteuses pour un éventuel traitement.
En 24 heures, Xenothera a réuni près de 10 000 euros. Le CHU de Nantes, où les 7 chercheurs de l'entreprise travaillent toute l'année dans un laboratoire de l'Inserm, a confirmé son intérêt pour un partenariat qui permettrait de mener des essais cliniques.