Dans la périphérie de Nantes une association construit des tiny-houses qu'elle destine à l'accueil de personnes sans-abris. Et ces mini-maisons sont construites par des personnes elles-aussi en difficulté.
Cédric aime prendre soin des choses. Depuis un an, il vit dans une mini-maison en périphérie de Nantes. Mais avant ça, l’ancien pâtissier a connu la galère, et vécu dix longues années dans la rue.
"Je ne pouvais pas faire tout ça, prendre un café, une douche, être propre, c’est super agréable de pouvoir renouer avec les petits gestes du quotidien".
Chaque jour, des travailleurs sociaux l’accompagnent, pour l’aider à sortir définitivement de la rue.
Comme Cédric, une quinzaine d’autres personnes bénéficient du dispositif, piloté par une association locale depuis 2020.
"Ce qu’on a remarqué c’est que plus on prenait confiance, plus le lien se créait entre nous, plus il se sentait à l’aise dans la tiny house, explique Estelle Proteau, éducatrice spécialisée, de l'association Trajet, et maintenant, il n'y a plus de retour à la rue… tu te sens chez toi quoi". Réponse sans appel de Cédric, "Carrément !".
Une nouvelle stabilité, rendue possible grâce au travail d’autres personnes, elles aussi aidées par l’association.
"Un bon outil pédagogique très complet"
Dans les ateliers, ce sont des travailleurs en attente de papiers ou d’anciens détenus qui fabriquent de A à Z les maisons, en trois mois.
"C’est un bon outil pédagogique très complet au niveau du bâtiment, on a de la pose de fenêtre, de l’isolation, du travail de structure" explique Jean-François Evin, moniteur d'atelier dans l'association Trajet.
Un apprentissage intense, qui suscite même des vocations chez les apprentis menuisiers, eux aussi hébergés par l’association en foyer.
"Au lieu de rester à la maison, je suis venu ici pour apprendre un métier parce que ça m’intéresse, explique Mohamed, je contribue à la positivité de la vie humaine... C’est immense"
"Pour eux c’est vraiment valorisant, estime Jean-François, ils font avec soin, quelque chose que j’arrive pas à définir exactement, un investissement.. Puis ça peut être eux aussi demain qui se retrouvent à la rue et qui ont besoin d’un tiny".
"Pour rien au monde je ne perdrai tout ça"
A Nantes, plusieurs milliers de personnes vivent dans la rue, mais l’association peine à étendre son initiative.
"Il y aura toujours la difficulté de trouver des terrains, explique Adeline, on cherche de partout, les municipalités c’est les premières qu’on a appelées, mais n’importe quel bailleur même privé on prend il n'y a pas de souci".
Chaque mini-maison coûte 30 000 euros, financés par l'Etat.
Cédric, lui, restera dans sa petite maison aussi longtemps qu’il le voudra. Il espère que son parcours en inspirera d’autres.
"J’ai fait énormément d’efforts, quand je suis arrivé j’étais une autre personne. Aujourd’hui je me suis retrouvé, ça donne l’envie aussi, c’est carrément une nouvelle vie, pour rien au monde je ne perdrai tout ça".
Cette année, Cédric espère pouvoir entamer une formation, pour devenir éducateur de rue, et enfin tirer un trait définitif sur son passé.
Avec Carla Butting