Étudiants et internes en médecine étaient appelés à manifester jeudi 17 novembre 2022. L'objectif : s'opposer à la mise en place d'une quatrième année d'internat et au stage obligatoire dans les déserts médicaux. À Nantes, environ 600 étudiants se sont mobilisés.
Une procession de futurs médecins en colère ont marché du CHU à l'Agence régionale de santé de Nantes jeudi 17 novembre 2022 en début d'après-midi.
Le cortège d'environ 600 internes et étudiants en médecine a répondu à l'appel à la mobilisation de ses syndicats nationaux, relayé par le syndicat des internes en médecine générale de Nantes (SIMGO).
La manifestation fait suite à celle du 14 octobre et réaffirme l'opposition des étudiants à l'ajout d'une quatrième année d'internat en médecine générale.
La protestation est d'autant plus forte que cette année supplémentaire devra être effectuée dans "des zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou par des difficultés dans l'accès aux soins", c'est-à-dire des déserts médicaux, selon le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
Une entaille à la formation
La réforme devrait prendre effet à la rentrée 2023. Les premiers internes l'expérimenteront donc à l'automne 2026.
"Ils veulent nous envoyer dans des endroits où la capacité de formation est quasi inexistante", s'indigne Thibault Billy, président du SIMGO de Nantes. "Le gouvernement balaie cinq années de discussion".
C'est une décision complètement politique et électorale qui fait croire que le problème des déserts médicaux peut être résolu en claquant des doigts.
Thibault BillyPrésident du syndicat des internes en médecine générale de Nantes
Étudiant en deuxième année d'internat (8e année de médecine), Thibault Billy met en cause la politique de réduction du numerus clausus intervenu dans les années 1990 pour diminuer les dépenses de santé. "Ce n'est pas une question de répartition, mais de nombre", assène-t-il.
Mieux éduquer à la santé
Autre cheval de bataille : sensibiliser les patients à ne pas recourir aux consultations médicales à tort et à travers.
Il faut baisser la charge des consultations inutiles.
Thibault BillyPrésident du syndicat des internes en médecine générale de Nantes
"Pendant mon dernier stage en cabinet, ça m'est arrivé de passer une journée à traiter des petits rhumes, ou à faire des certificats sportifs non obligatoires", témoigne Thibault Billy. Il ajoute que "l'éducation à la santé est un énorme levier" pour remédier à ce recours trop systématique à la consultation médicale.
La menace du 49.3
François Braun, ministre de la santé, avait concédé un amendement au PLFSS pour permettre que certains stages puissent se faire en hôpital, et pas seulement en cabinet médical.
Les syndicats d'étudiants en médecine et interne avaient vu dans ce geste une avancée, mais la modification n'a pas été retenue dans la version du texte votée par le Sénat.
Pour ne rien arranger, le gouvernement devrait user de l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer ce le PLFSS devant les députés en début de semaine prochaine prochaine.
À Nantes, la suite de la mobilisation reste incertaine. Selon Thibault Billy, "tout va dépendre de l'impact de nos actions. Le gouvernement ne s'attendait pas à ce que l'ont se mobilise autant".
Les syndicats espèrent pouvoir reprendre une discussion "saine" avec le gouvernement. "On n'échappera pas à la quatrième année, mais il faut qu'on nous assure une vraie formation, co-construite en fonction du projet personnel de chaque étudiant", conclut Thibault Billy.