C’est une grève générale et illimitée qui a débuté ce lundi matin au CHU de Nantes. Une première du genre, où tous les services sont appelés à se mobiliser pour dénoncer des conditions de travail qui se dégradent. Et principalement aux Urgences adultes et pédiatriques.
Manque d’effectifs, fermeture de lits, épuisement du personnel… La situation n’est pas nouvelle, mais elle semble arriver à un point de non-retour.
"La problématique des Urgences adultes et pédiatriques est la même en besoin d’effectifs puisque l’activité des Urgences en général augmente", explique Stéphane Naulleau, infirmier en chirurgie cardiaque et secrétaire général FO au CHU de Nantes. "Sans oublier les déserts médicaux, le manque de médecins traitants et les fermetures des Urgences dans les centres hospitaliers départementaux, comme Saint-Nazaire, Ancenis qui génèrent un afflux supplémentaire de patients au CHU de Nantes".
A partir du moment où l’on supprime des lits en aval, ça bloque aux Urgences, ça fait entonnoir
Stéphane NaulleauSecrétaire général FO
Alors comment faire face à la demande quand, en plus, la direction ferme successivement des lits ? "Il y a encore 16 lits qui ont été fermés en octobre, ce n'’est plus gérable ! Les conditions de travail se dégradent, les collègues sont épuisés, physiquement et psychologiquement", ajoute le syndicaliste, qui poursuit, "à partir du moment où l’on supprime des lits en aval, ça bloque aux Urgences, ça fait entonnoir".
Des patients allongés 24 à 48h sur un brancard
En février dernier, une patiente de 57 ans est décédée aux Urgences, dans une file d’attente, sur un brancard, faute de lits. "Il y a des patients qui passent 24 à 48 heures allongé sur un brancard. D’autres attendent 10 heures avant qu’un médecin puisse les voir".
Selon l'ARS (Agence régionale de santé), entre 2015 et 2020, 700 lits de chirurgie ont été fermés, c'est le plus rentable et ce que cherche à absorber le privé, mais aussi 200 en obstétrique, 215 en psychiatrie, 200 en soins de suite et rééducation.
Des patients orientés vers le privé avec dépassements d'honoraires
Conséquence directe de ces fermetures : un renvoi des patients vers des cliniques privées. C’est le cas de la maternité à Nantes.
"On est obligé d’aiguiller des femmes vers le privé parce que l’on n'a plus assez de places. On a un service qui est fait pour 3 000 naissances à l’année et on est à plus de 4 500 naissances. Ce qui pose un problème d’ordre éthique car dans le privé, on est obligé de payer les dépassements d’honoraires".
Une situation qui ne va pas s'améliorer avec la construction du futur CHU de l'Île de Nantes "qui donnera lieu à une nouvelle fermeture de 63 lits", selon Stéphane Naulleau, qui précise que des actions coup de poing auront lieu après les vacances de la Toussaint.
Cette grève sera peu visible du grand public car les soignants seront quand même au travail, ils seront assignés. Certains porteront un badge "en grève".