Poussées par l'incubateur de start-up Imagination Machine, à Nantes, Dorothée Barth et Coline Mazeyrat ont fondé Jho, pour "juste et honnête". Elle vendent tampons et serviettes hygiéniques sans produits toxiques sur internet, par abonnement, et reversent une partie des bénéfices à des ONG.
"On travaille à 200%, n'est que deux. Entre le service client, le marketing, les fournisseurs, la communication et les réseaux sociaux...Jho prend tout notre temps, c'est un véritable engagement." La Nantaise Dorothée Barth et son associée Coline Mazeyrat ont tout quitté pour fonder leur marque de protection hygiénique éthique, en septembre dernier. Jho, pour "juste et honnête", vend en ligne et par abonnement des protections intimes en coton bio, garanties "sans produits toxiques" (tampons sans applicateurs, serviettes et protège-slip).Poussées par l'incubateur de start-up Imagination Machine, créé par un homme d'affaire californien, à Nantes, elles ont monté leur entreprise en trois mois. Leur credo : mettre à disposition de toutes des protections "à la composition entièrement transparente, non dangereuse pour les femmes". Et ça marche : aujourd'hui, elles ont dépassé les 2000 clientes.
Les deux entrepreneuses ont eu cette idée après de multiples révélations et scandales sur la composition des tampons (chlore, substances toxiques), au printemps 2017. "Je me suis indignée, comme toutes les femmes, de non seulement m'être faite avoir par les industriels, mais aussi de n'avoir jamais pensé à me poser la question de la composition de mes protections hygiéniques. C'est un vrai tabou" raconte Dorothée.
Les fabricants de tampons et autres serviettes intimes n'ont en effet pas l'obligation de révéler ce que ces protections contiennent. Dorothée et Coline promettent, elles, "97,2 % de coton bio et le reste, un voile le polyester pour limiter le syndrome des chocs toxiques". Un coton dont elles contrôlent la provenance, via un fournisseur espagnol, dans lequel elles ont confiance.
Un engagement humanitaire
Dorothée était auparavant journaliste pour le magazine de la santé, sur France 5, et Coline a fait carrière dans le marketing digital. Elles ont tout quitté pour ce projet, auquel elles ont voulu ajouter une dimension humanitaire :"Jho fournit des protections intimes aux femmes migrantes de Calais via l'association Gynecologues sans frontières, dont le siège est à Nantes, et aide financièrement une ONG basée au Cameroun qui sensibilise les femmes aux règles, un tabou dans certains villages, qui empêche parfois ces femmes de sortir de leur maison, d'être scolarisée et indépendante," explique Dorothée, qui a voulu s'engager après avoir été confronté à ce problème, lorsqu'elle était auprès de femmes et d'adolescentes, à Madagascar.
Vos tampons sur abonnement
L'idée de la vente par abonnement vient de plusieurs start-up américaines, qui cartonnent outre-Atlantique. "L'abonnement c'est un mode de distribution qui s'adapte vraiment à notre consommation actuelle ; il existe des services de livraison de nourriture sur abonnement, de fleurs ou de produits de beauté... Mais pour les règles, quelque chose qui revient tous les mois, que l'on va utiliser 2 200 fois dans notre vie, ça n'existait pas. Ça nous a paru logique."Logique et plus accessibles, selon la Nantaise. "L'abonnement nous permet d'avoir des clientes qui habitent plus loin des villes. Certaines sont loin des magasins bios, où sont vendues les protections hygiéniques bios". Déjà un millier de femmes reçoivent tous les trois mois leur boite de protections dans leur boite au lettre. Un système qui permet aux clientes de ne pas payer les frais de port, actuellement à plus de 4 euros pour un achat au détail.
L'Europe en ligne de mire
Prochaine étape ; lancer une gamme de tampons avec applicateurs avant 2019, et créer un nouveau site internet. L'objectif à long terme ? S'ouvrir à l'Europe. Un but qu'elles pourraient atteindre à l'aide d'une prochaine levée de fonds : "Ça va nous aider à développer la marque et une nouvelle gamme de produits, mais aussi à recruter une vraie équipe pour poursuivre notre projet. Pour le moment on est que deux, et on ne se paye pas."Quoiqu'il en soit, les deux jeunes femmes ne souhaitent jamais partir de Nantes, où elle ont découvert "une solidarité et une bienveillance incroyable" au sein de l'écosystème des start-up.