"C’est dur d’avoir 20ans en 2020…" Emmanuel Macron lui-même l’a reconnu. Et c'est vrai que la jeunesse paie le prix fort à la covid. Pas sur le plan sanitaire, mais scolaire, universitaire et social... Sombre tableau ! Des raisons d'espérer ?
Plus de cours en supérieur, plus de soirée étudiante, des perspectives de stage et d'emploi très incertaines... L’inquiétude est forte chez les étudiants, seule catégorie de population entière à être confinée ! Pas facile à vivre quand on habite dans un petit logement, que la vie étudiante est réduite à néant, les relations amicales à de la visio. Et l’annonce d’un retour à une "vraie vie" en présentiel seulement début février, après tous les autres, lycéens, restaurateurs… a été très mal accueillie. La présidente de l’Université de Nantes, Carine Bernault, demande un retour dans les amphis dès le 20 janvier. "Face au risque de casse sociale, pédagogique et psychologique, l’université de Nantes alerte sur la situation de détresse et de solitude dans laquelle se trouve un grand nombre d’étudiants confinés" a –t’elle déclaré dans un communiqué.
Mais au-delà de la situation, actuelle, ce sont aussi les perspectives d’avenir qui angoissent les étudiants : comment mon concours va-t’il se dérouler ? Sera-t-il maintenu ? Quelle valeur aura mon diplôme avec des cours assurés à distance et des examens peut-être aussi allégés ?
Autre phénomène lié à la situation sanitaire et au confinement, le retour chez les parents ! Une étude a été menée par 2 chercheurs toulousains, sur 1561 étudiants lors du 1er confinement. 53% d’entre eux sont rentrés chez papa-maman (26% y vivent habituellement). Un retour pas toujours facile à vivre sur la durée, mais qui globalement semble s’être plutôt bien passé. Des liens entre parents et surtout frères et sœurs se sont même retissés.
Et pour les adolescents ? Eux aussi ont vécu cet "enfermement" imposé, à un âge où on a plutôt tendance à s’opposer et à vouloir de la liberté ! Deux chercheurs de l’Université d’Angers, Mireille Veuillet-Combier et Emmanuel Gratton ont envoyé un questionnaire à des collégiens et lycéens pendant le 1e confinement. 550, âgés de 14 à 17 ans, ont répondu aux 55 questions qui leur étaient posées. Il est important de préciser que ces ados ont vécu le confinement dans des conditions matérielles et d’habitation plutôt privilégiées ? Et que cela ne reflète donc pas tous les vécus des 14/17 ans par rapport au confinement.
►L'analyse d'Emmanuel Gratton, chercheur en sociologie
Malgré tout, cette étude est une des rares qui existe sur le sujet. Ce qui en ressort, c’est que ces jeunes, encore mineurs, ont plutôt bien vécu le confinement, qu’ils ont été très respectueux (à 90%) des gestes barrière et des interdictions de sortie. Révélation de cette période de confinement, confirmée par l’étude : l’application TikTok, qui a littéralement explosé sur cette tranche d’âge : elle est devenue la 2è application la pus téléchargée au monde après Whatsapp. Les ados s’en sont emparés, pour échanger, créer, s’amuser en cette période solitaire et un brin sinistre.
Mais le confinement a aussi accentué des situations déjà sensibles. L’enquête montre que les troubles du sommeil ou de l’alimentation, qui existaient déjà chez certains jeunes, se sont renforcés durant le confinement. D’où la vigilance à maintenir face à ces jeunes mineurs. D’ailleurs l’ANSES alerte. Pour l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail : " les deux tiers des 11-17 ans se situent à un niveau de risque élevé, ce qui peut se traduire par du surpoids, de l’obésité, des troubles du comportement alimentaire ou encore une qualité du sommeil et de vie altérée. Les habitudes prises à l’adolescence tendent à s’installer, avec un impact sur la santé et la qualité de vie à l’âge adulte".
Vigilance donc pour ces jeunes mineurs. D’autant que ces lycéens d’aujourd’hui seront les étudiants de demain. Pour Laurent Bordet, Vice-président de l’Université d’Angers en charge de la vie des campus, « c’est une source d’inquiétude et un objet de réflexion pour savoir quels dispositifs nous allons mettre en place pour les accueillir en 1ère année à la rentrée 2021 . On va avoir affaire à des nouveaux étudiants qui auront passé plus de 6 mois en confinement sur deux années. On le sait bien, d’avance, l’arrivée en Université, ça change les habitudes, on n’est plus dans le cercle familial, c’est un emploi du temps complètement différent, la découverte d’un nouveau milieu. Encore plus pour ces étudiants, on va devoir mettre en place des dispositifs d’accueil renforcés, de tutorat, parrainage… ».
Mais revenons aux étudiants d’aujourd’hui. Beaucoup avaient un emploi, beaucoup l’ont perdu et doivent donc faire sans cet argent indispensable. Au point que de plus en plus ont recours aux distributions de colis alimentaires organisées sur les campus. Aujourd’hui, plus de 350 étudiants se nourrissent grâce à Surpre’Nantes, la cantine solidaire initiée par des jeunes du campus pour leurs camarades.
La crise fait donc naître des belles histoires, des solidarités. L’Etat aussi a pris en compte cette détresse des jeunes en débloquant plusieurs aides : 20 000 jobs étudiants vont être créés pour aider les « décrocheurs » (jobs rémunérés 480€/mois). Les aides d'urgence du Crous vont être doublées. Le renforcement du plan "un jeune, une solution" est également annoncé, ainsi qu'une aide financière à la recherche du 1er emploi pour 500€/mois. Des dispositifs pas toujours jugés suffisants mais qui permettent d’assurer des filets de sécurité pour les plus précaires.
Des raisons d'espérer ?
La jeunesse est donc confrontée à une crise inédite… Mais elle croit en son avenir ! Dans une enquête à laquelle ont répondu entre septembre et novembre 10800 étudiants de 18 à 27 ans, 45% se disent d’ailleurs "confiants et très confiants en l’avenir". Et pour Rachel Bocher, chef du service psychiatrie au CHU de Nantes, il faut aussi peut-être voir cette crise comme une opportunité.Vous les jeunes, vous testez dans ces moments difficiles vos résistances, vos résiliences et même votre immunité face aux prochaines crises. Vous serez encore plus forts alors !
Un avis partagé par Marie Jadaud, présidente d’Interasso et étudiante en L3 Sciences à Nantes. Même si elle estime faire partie d’une génération sacrifiée, elle pense à l’avenir. "Avec tout ce qu’on s’est pris, on est la génération qui va pouvoir tout affronter dans la vie en entreprise pour gérer des crises et s’adapter "…
Alors à bon entendeur, futurs recruteurs ou associés… Salut !
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