
Depuis 2016, le nombre de jeunes migrants isolés a plus que doublé en Pays de la Loire, pour atteindre aujourd’hui un niveau record. Mais leur prise en charge par les autorités n’a rien d’automatique.
Une prise en charge, seulement jusqu’à 18 ans
Comme Alyea, beaucoup de jeunes migrants choisissent de s'établir en Loire-Atlantique - l'un des départements qui accueille le plus de mineurs isolés en France. La raison ? Le réseau associatif d'aide aux migrants y est particulièrement actif.
France Terre d'asile, les Hébergeurs solidaires ou encore la Cimade ; grâce aux bénévoles, plusieurs associations participent à l'accueil de ces jeunes migrants sans famille.
C'est le cas d'Alyea, qui aurait besoin de soins très rapidement. “Il a perdu un œil pendant le voyage et son second œil est en danger”, s’inquiète son hébergeuse, Nathalie Le Berre.
Aucun dispositif n’est prévu pour les migrants dont l'âge se situe juste au dessus de la majorité.
Il n’y a pourtant aucune différence en terme de vulnérabilité entre un jeune de 17 ans et 11 mois, et un autre de 18 ans et deux semaines - Pierre Henry, directeur général de France Terre d’Asile.
Majeur ou mineur ? Une question difficile à trancher
Pour ces jeunes migrants isolés, l'enjeu crucial est d'être reconnu mineur pour bénéficier des aides. En l'absence de papiers d'identité, ils bénéficient d'un accueil d'urgence de cinq jours.
Pour être reconnu mineur, les jeunes migrants doivent expliquer leur histoire à des représentants du Conseil départemental qui évaluent leur âge. S'il est déclaré majeur, le jeune a la possibilité de porter un recours auprès du juge des enfants. Il doit alors fournir d’autres documents, et des examens osseux peuvent être réalisés.
"Ces examens ne sont pas fiables, cet avis est partagé par l'ensemble des experts, proteste Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile. On ne peut que s’étonner de la persistance de ces tests." Les examens osseux comportent une incertitude importante entre 16 et 18 ans selon l'Académie de médecine.
Le directeur de France Terre d'asile plaide pour un accueil plus bienveillant. "Il faut un dispositif d’accueil pour ne laisser personne à la rue. Ce n’est pas un droit absolu à rester sur le territoire, mais une protection minimale..."Ce n’est pas normal d’avoir des gamins qui se baladent dans l’incertitude - dénonce Pierre Henry