"Certains dorment dans la rue avant d'aller à l'école" : des mineurs exilés occupent l'église du Vieux-Port à Marseille

Ils sont entrés dans l'église Saint-Ferreol, sur le Vieux-Port de Marseille, ce samedi vers 17 heures. Plusieurs dizaines de mineurs exilés, accompagnés par une quinzaine de militants se battent pour un hébergement digne de ce nom.

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Ces migrants vivent dans des squats insalubres d'où ils seront bientôt expulsés. Leur minorité n'a pas été reconnue, dans un premier temps, ils ont entamé un recours et sont livrés à eux-mêmes. Ces  jeunes gens occupent "l'église du Vieux-Port". Une opération montée depuis deux semaines par les associations qui les soutiennent, avec une seule revendication : leur donner un droit au logement.

Ils étaient une trentaine hier, pour passer la première nuit dans l'église et seront bientôt une cinquantaine. D'autres jeunes gens, qui dorment dans un squat du quartier des Réformés, vont les rejoindre.

"Ils sont très motivés pour se former, travailler, mais certains dorment dans la rue avant d'aller à l'école", décrit Anouk, militante auprès de ces mineurs exilés. Pour se faire entendre, ils sont entrés calmement dans l'église. Les lits de camp sont interdits à cause des punaises de lit. Un appel au don est lancé pour leur fournir au moins des matelas gonflables. Le Samu Social porte des repas "mais ça risque de ne pas durer".

La minorité de ces jeunes gens n'a pas été reconnue par la justice et le conseil départemental des Bouches-du-Rhône. En attendant leur recours, ils sont dans un vide juridique, sans aucune solution pour dormir et manger. Ils refusent d'appeler le 115 pour dormir en foyer d'hébergement d'urgence.

"Nous, les associations, faisons tout à la place de l'Etat", souligne Anouk, "nous faisons le suivi juridique, la recherche de logement, de formation... C'est une urgence à chaque fois qu'un jeune arrive".

Selon cette militante, les procédures sont de plus en plus lourdes et difficiles "Ils doivent faire le récit de leur vie. On peut remettre en question la mort de leurs parents, par exemple, c'est une symbolique très forte."

L'Église, un soutien pour les migrants

À Marseille, un service diocésain de la pastorale des migrants est dirigé par Anne Giraud. Elle est sur place. Les militants qui ont organisé cette opération comptent sur le soutien de l'Église catholique. Lors de son discours à Marseille, le 22 septembre 2023, le Pape François a fait de l'accueil des migrants et du sauvetage des embarcations en péril le marqueur du respect des valeurs de civilisation dont se réclame l'Europe.

Pour le moment, les messes sont maintenues et les fidèles peuvent entrer dans l'église.

La Préfecture et le Conseil départemental sont présents

L'association Addap13, chargée de la prise en charge de ces jeunes gens et de l'évaluation de leur minorité, a proposé d'envoyer deux travailleurs sociaux dans l'église. "C'est du jamais vu", commente Anouk. Un ou plusieurs représentants de la Préfecture se rendront dans l'église lundi matin. 

Les actions spectaculaires de défense des migrants dans des lieux appartenant à l'Eglise

  • Le 21 novembre 2017, une cinquantaine de migrants mineurs occupe la même église qu'aujourd'hui, sur le Vieux-Port. Pendant l'occupation, des locaux appartenant au Conseil départemental sont transformés en foyer. La Croix Rouge installe des lits de camp, des placards, les sanitaires sont réparés. Une soixantaine de jeunes sont ensuite hébergés dans un lieu nommé Pressensé.
  • Décembre 2018, un immense bâtiment religieux désaffecté devient le "squat Saint-Just". Des centaines de migrants y sont hébergées pendant 17 mois. Familles et mineurs se côtoient. Sous le coup d'une procédure d'expulsion, c'est finalement un départ de feu qui cause une évacuation définitive des lieux.
  • En septembre 2023, une trentaine de mineurs isolés occupe l'église de Notre-Dame-du-Mont, deux jours avant la visite du Pape à Marseille.
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