L'eau qui coule de nos robinets est filtrée et testée. Pourtant, dans plusieurs secteurs de notre région, on y retrouve des traces de pesticides et herbicides à des taux plus élevés que ce qui est normalement autorisé...
Depuis 2016, à Nort-sur-Erdre, à une trentaine de kilomètres au nord de Nantes, les analyses réalisées par le syndicat de l'eau montrent la présence d'ESA métolachlrore, un pesticide utilisé sur le mais et le haricot vert. Son taux dépasse les normes autorisées.
"A la fin de l'été, on était à 0,2 microgramme par litre, c'est à dire deux fois la norme pour l'eau potable", précise Nathalie Keravec, responsable gestion de la ressource en eau chez Atlantic'Eau, "le syndicat cherche à réduire du mieux qu'il peut mais techniquement on n'arrive pas à atteindre 0,1microgramme par litre".
L'eau est pourtant distribuée. L'agence régionale de santé considère qu'il n'y a pas de risque pour la santé. L'ESA métolachlore fait cependant partie des molécules sous surveillance.
"C'est une molécule de dégradation d'un herbicide et cette molécule a, soit un effet encore pesticide, soit un effet cancérogène, soit un effet perturbateur endocrinien, soit un effet sur la reproduction, soit un effet génotoxique", enumère Nathalie Keravec, "c'est pour cette raison qu'elle ne doit pas dépasser la norme des 0,1".
"On va retrouver ces métabolites durant de longues années, c'est pour ça qu'on met un place du traitement", précise Laurent Cadéron, directeur d'Atlantic'Eau,, "si on ne veut pas retrouver dans les années futures d'autres molécules, il faut, à terme, que l'on arrête d'utiliser des pesticides au-dessus des nappes utilisées pour l'eau potable".
Car le problème se situe au niveau des nappes phréatiques contaminées par les pesticides principalement issus de l'agriculture. Consciente de l'enjeu de santé publique, la direction de l'environnement propose des alternatives aux agriculteurs."Il y a tout un arsenal d'outils qui peuvent être déployés notamment pour accompagner les agriculteurs vers d'autres pratiques, vers l'agro-écologie, des mesures qui limiteraient le transfert des pesticides vers la ressource en eau", précise Étienne Simon, adjoint de la division eau et milieux aquatiques à la DREAL.
"Il faut être beaucoup plus volontariste"
Ce discours de l'Etat n'est plus suffisant pour le maire de Nort-sur-Erdre qui réclame des actions concrètes. Il demande l'arrêt pur et simple des herbicides sur les 120 hectares de zones de captage. Une demande refusée par le préfet en début d'année."On a trop attendu. Il faut être beaucoup plus volontariste", assène Yves Dauvé, maire de Nort-sur-Erdre, "sur une zone comme la nôtre, qui est stratégique pour la population, il faut aller rapidement vers le zéro phyto. C'est un principe de précaution, c'est incontournable".
Environ 40 000 personnes consomment chaque jour l'eau captée à Nort-sur-Erdre. Inquiets, les usagers se mobilisent aussi pour réclamer des mesures d'urgence.
"Je crois qu'aujourd'hui on a le droit de savoir ce qu'on boit", explique Emmanuelle Peraldi, de l'association Malice, "on sait que la nappe phréatique est extrêmement polluée, qu'il ya peu de solutions. Sur le court terme, il faut trouver une solution en urgence pour livrer une eau de qualité. Sur le long terme, on va laisser aux générations suivantes une eau qui ne sera sans doute plus buvable si on ne prend pas des mesures très très rapidement".
Première avancée peut-être : le pesticide à l'origine de la contamination n'est plus utilisé par deux agriculteurs sur la zone de captage mais le risque c'est qu'un pesticide en remplace un autre.
Boire l'eau du robinet en Pays de la Loire, c'est dangereux ?
L'eau du robinet est de bonne qualité, on peut la consommer sans aucun risque pour la santé et sans aucune restriction d'usage - Régis Le Coq, ARS des Pays de la Loire
"L'eau du robinet est un aliment extrêmement bien contrôlé par les services de l'agence régionale de la santé sur toute la région", expliquait lundi 7 octobe dans notre édition régionale Régis Le Coq, responsable de la santé publique et environnementale à l'ARS des Pays de la Loire.
"Il faut discerner la norme environnementale de la norme sanitaire". On peut donc avoir une mauvaise qualité d'eau souterraine mais, au final, une bonne qualité d'eau à consommer.
Le contrôle sanitaire de l'eau est assuré par l'ARS "à la ressource, en production à la sortie de l'usine de traitement, et en distribution, au robinet", assure Régis Le Coq. Un contrôle effectué au quotidien sur l'ensemble du territoire des Pays de la Loire.
L'objectif est de protéger la ressource en eau et donc les nappes phréatiques. Pour cela, services de l'Etat, distributeurs d'eau potable et agriculteurs sont appelés à se mettre autour de la table et à travailler rmain dans la main.