Les zones rurales de Mayotte ont également été très touchées par le cyclone Chido. Pourtant, sur place, les habitants n'ont pas encore reçu d'aide alimentaire et leurs stocks commencent à s'épuiser. Des collectes s'organisent à Nantes.
Ce lundi 23 décembre, veille de réveillon de Noël, Anli a eu quelques nouvelles de ses proches vivant dans une zone rurale du nord de Mayotte. "Ils ont la santé", rapporte avec pudeur notre collègue nantais, originaire de l'île comorienne.
Pour parvenir à lui écrire, un de ses cousins a dû se rendre près de Mamoudzou, la capitale, à près de 40 km de son village. Le seul endroit de Mayotte où il est possible d'avoir un petit peu de réseau depuis le passage dévastateur du cyclone Chido.
Anli fixe son téléphone portable. Entre deux messages, son cousin lui a aussi envoyé des vidéos. "C'est fou… Tout est dévasté… Là, c'était la bibliothèque", commente-t-il d'un ton décousu. Il regarde ces séquences en boucle.
Cette petite commune qu'Anli peine à reconnaître, c'est celle dans laquelle il a grandi jusqu'à ces 20 ans, avant de rejoindre la France métropolitaine pour y faire ses études et, maintenant, y travailler. Il est en charge de l'informatique à France 3 Pays de la Loire.
Arbres à terre et bâtiments en partie arrachés, les paysages que donnent à voir les vidéos sont lunaires. "C'est difficile de regarder ça et de savoir sa famille dans cette situation. C'est très dur, mais je me retiens moralement", assure-t-il.
Sa voix est calme, mais ses yeux embués le trahissent. Anli est inquiet.
Destruction de l'agriculture vivrière
"Le plus gros du problème n'est pas maintenant, il arrive", alerte le Mahorais. Selon lui, les habitants des zones rurales de Mayotte n'ont pas, ou pas encore, vu la couleur des aides alimentaires apportées par l'État, lors de la venue d'Emmanuel Macron la semaine dernière.
Ces denrées auraient été principalement été distribuées auprès des habitants de Mamoudzou et des alentours. "C'est là où les images montrées à la télévision sont les plus importantes parce que l'on y voit des maisons détruites, mais il ne faut pas oublier les petits villages…", déplore Anli.
Les bananes, les noix de coco, tout est par terre et toutes les denrées alimentaires sont vouées à pourrir dans les prochains jours.
AnliMahorais habitant à Nantes
En effet, toute l'île pâtit des conséquences du cyclone. Et du côté des territoires ruraux, c'est la destruction de l'agriculture vivrière qui ébranle les populations, en plus du manque d'eau et de l'absence d'électricité.
Entre les bananes qui sont tombées et le manioc qui a été trop secoué par les rafales ayant approché les 250 km/h, toutes les cultures ont été rasées.
"Les plus précaires ne pouvaient se nourrir qu'à partir de ça. Là, ils ont ramassé ce qu'ils ont pu, mais dans deux semaines certains n'auront plus rien", indique Anli. Il ajoute : ""Pensez à nous pour les semaines qui arrivent", c'est l'appel qu'on nous lance depuis là-bas."
Des collectes alimentaires improvisées
Salimata a aussi de la famille à Mayotte. Il s'agit de ses parents, respectivement âgés de 90 ans pour son père et de 72 ans pour sa mère. Ils vivent également dans un petit village au nord de l'île. "Ils ont encore de la nourriture pour un mois, mais ils doivent se restreindre pour tenir", estime-t-elle.
Inquiète par l'absence de dons dans leur commune, la Nantaise a alors créé un groupe WhatsApp avec qui veut pour envoyer, par elle-même, des denrées aux habitants de cette bourgade mahoraise. Pour intégrer ce groupe, il est possible de la joindre au 07 83 98 41 25.
D'autres initiatives du même genre se sont ainsi lancées ici et là pour aider ces quelques villages oubliés. La Fédération des Associations Mahoraises de Métropole (FAMM) a aussi lancé des collectes à Nantes.
"Tout est encore improvisé. On n'a pas de local à Nantes, il faut nous appeler directement parce qu'on stocke dans nos propres caves avant de tout mettre dans un conteneur à Chateaubriant", détaille Ibrahim Yassef, membre de la fédération.
Les dons faits auprès de la FAMM sont ensuite envoyés au port de Longoni, au nord de Mayotte.
Par ailleurs, au-delà du manque de nourriture immédiat, il faut s'attendre à des conséquences sur le long terme de cet anéantissement des cultures. L'économie de Mayotte repose effectivement en grande partie sur cette agriculture vivrière.
Alors que les Mahorais étaient en période de plantation et que tout vient d'être détruit, il ne reste plus que l'espoir de la reconstruction. Cela pour éviter de faire plonger l'île dans un état de crise sociale encore plus grand qu'avant le passage du cyclone.
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