Derrière la scène du célèbre théâtre de Nantes, des dizaines de professionnels circulent dans un dédale de couloirs étroits, d'escaliers en colimaçon et d’innombrables pièces dédiées à la technique. Ici, histoire et modernité se rencontrent comme a pu le constater notre reporter-comédien, Alexis Ziane, lors du montage du fastueux décor de La Chauve Souris, un opéra de Johann Strauss.
Le théâtre Graslin, édifié à la fin du XVIIIe siècle, est un monument emblématique de Nantes conçu par l'architecte Mathurin Crucy. Sa façade, avec ces huit colonnes corinthiennes, est inspirée du théâtre de l'Odéon à Paris. Mais, c'est surtout l'intérieur et les coulisses que notre reporter-comédien, Alexis Ziane va nous faire découvrir.
Une plongée labyrinthique dans les couloirs du théâtre Graslin
Attention à ne pas se perdre. Visiter les coulisses du théâtre Graslin s’apparente à une expérience labyrinthique, entre ses couloirs étroits, ses escaliers en colimaçon et ses pièces cloisonnées par des portes coupe-feux. Un dispositif obligatoire pour éviter que ne se reproduise un incendie comme celui qui a ravagé le bâtiment en 1796, provoquant la mort de sept personnes.
Accompagné de William Leclerc, le directeur technique du célèbre théâtre, le reporter Alexis Ziane a eu la chance d’assister au montage de la pièce "La Chauve-souris", un grand classique de l'opéra, de Johann Strauss.
L’envers du décor
Derrière la scène et les projecteurs, c'est une véritable fourmilière que découvre Alexis. Ça court, ça s'interpelle, ça se croise et se recroise... Il faut dire que plusieurs dizaines de professionnels - machinistes, électriciens, accessoiristes, habilleurs - travaillent d’arrache-pied pour monter le gigantesque décor de l'opéra "La chauve-souris". Un décor somptueux fait de fenêtres ornées de dorures dans lequel les comédiens évoluent.
Et c'est Samuel Baron, le régisseur technique général, qui se charge de coordonner tout ce petit monde. Et la mission n’est pas si simple. Comme il l'explique à notre reporter, c’est lui qui vérifie notamment que les "étages" du décor seront capables de supporter le poids d’un ou plusieurs chanteurs d’opéra.
Le régisseur veille aussi à l’installation d’une frise, un énorme rideau qui a pour but de cacher aux spectateurs la partie haute de la scène, notamment les projecteurs.
On est un peu comme des réalisateurs de cinéma, on montre ce que l’on veut. Et juste avant une représentation, on se met dans le public et on regarde si des éléments de coulisse n’apparaissent pas.
Samuel BaronRégisseur
La technique au service de l'artistique
Un passage dessous la scène mérite le détour. C’est dans cette pièce que les cintriers, à l’aide de poulies, hissent les porteuses qui permettent de suspendre des éléments de décors, des lumières et des enceintes.
"Ces porteuses sont prises par des fils d’acier qui repassent sur un grill et qui retombent en cheminée sur des clés de contrepoids", schématise William Leclerc. "Quand les contrepoids sont en bas, cela veut dire que la porteuse est à 17 m. Un homme ou une femme, quel que soit son gabarit, peut soulever jusqu’à 350 kilos tout seul".
Des superstitions maritimes aux techniques modernes
Ce cours technique est l’occasion de revenir sur les expressions et les nombreuses superstitions qui entourent le monde du théâtre. Pour tout nous expliquer, Alexis fait encore appel au savoir de William Leclerc, le directeur technique.
"Tous les termes techniques de la machinerie viennent de la marine à voile", contextualise William Leclerc. "Ce sont les mêmes personnes qui hissent les voiles. On n'utilise que des termes de marine, on ne siffle pas sur un plateau, car les ordres étaient donnés au sifflet sur les bateaux. On ne porte pas de chapeau, car seul le capitaine avait un chapeau". Gare aussi à l’emploi du mot "corde" qui était synonyme de mort.
La salle du tonnerre : des effets sonores vieux de 200 ans
Enfin, la visite s’achève dans l’une des pièces les plus secrètes du théâtre, la salle du tonnerre. Sous les combles, l’opéra nantais conserve des machines artisanales vieilles de 200 ans qui permettent de recréer le bruit du tonnerre, de la pluie et du vent.
Le principe est simple : un chariot aux roues crantées est rempli de pierre. En déplaçant l’engin, les pierres sautent et produisent une forte vibration dans la salle. Alexis, notre reporter, ne résiste pas à l'envie de tester cette machinerie, qui fait encore son effet !
Mais William Leclerc précise que ce chariot est de moins en moins utilisé : "C’est assez rare qu’il soit employé, car nous diffusons des sons préenregistrés la plupart du temps. Mais, il arrive que certains metteurs en scène préfèrent utiliser ces outils pour faire résonner la coupole".
Article écrit avec l'équipe du Vlipp
L.A Confidentielle, est une web-série qui propose une visite des lieux insolites ou interdits au grand public.
Équipe du VLIPP, le média étudiant Nantais :
Réalisation : Augustin Flepp
Comédien : Alexis Ziane
Chef opérateur : Fabien Dolbeau
Cadrage : Margaux Bannwarth
Prise de vue aérienne : Vincent Schaub
Son : Marcelin Brisard
Montage : Augustin Flepp et Margaux Bannwarth
Graphiste : Pierre Lemboli
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