L'œuvre de Michel Blazy qui détourne les jets d'eau de la fontaine Place Royale à Nantes fait polémique. Certes, elle contribue à apporter un peu de fraîcheur en aspergeant au delà du bassin mais elle semble bien contradictoire avec les messages visant à économiser l'eau en période estivale.
Tantôt amusés, tantôt surpris et parfois même perturbés les passants de la Place Royale à Nantes.
Lorsque les jets d'eau partent en vrille et inondent les pavés bien au delà de la fontaine, la dimension artistique peut échapper aux piétons.
L'opposition se mouille
Fin juin déjà, l'opposition s'étonnait lors du conseil municipal de la ville qu'on laisse ainsi gaspiller l'eau aux frais du contribuable.
Un mois et quelques fortes températures plus tard, il est vrai que le message envoyé par les jets de Michel Blazy embarrasse un peu.
"Dysfonctionnements aléatoires, trajectoires déviées des jets, échappées, débordements de toute part proposent un basculement, une expérience atypique de l’espace public, où les fontaines sont habituellement appréciées pour leur rythme continu et leur lancinant et rassurant écoulement d’eau."
Voilà pour la com' dans le plus pur style verbiage cultureux que le Voyage à Nantes associe à l'œuvre "Sortie de Fontaine".
Mais en cette journée mondiale du dépassement où l'on nous dit que nous consommons bien plus que la terre ne peut nous donner, une telle œuvre peut choquer.
"Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience" disait René Char. Un adage auquel s'associe volontiers le créateur du Voyage à Nantes Jean Blaise qui s'amuse régulièrement des critiques autour des œuvres de son rendez-vous estival.
Donc c'est réussi ! "Sortie de Fontaine" mérite tous les égards puisqu'elle trouble. Mais très concrètement, combien de litres d'eau sont ainsi envoyés dans les caniveaux au nom de la création artistique ?
On y travaille depuis le mois d'octobre...
Jenna Darde, chargée de projet au Voyage à Nantes défend la création de Michel Blazy :
"On y travaille depuis le mois d'octobre, explique-t-elle. Michel Blazy a imaginé l'œuvre avec le fontainier en charge de l'entretien de cet équipement. Des électrovannes ont été changées pour produire les jets et un programme informatique a été conçu avec quarante potentialités de sorties d'eau."
Au final ça donne un spectacle aléatoire. Mais a-t-on pensé à minimiser les pertes d'eau ?
"Bien sûr, répond Jenna Darde. On a pu estimer plus précisément les pertes d'eau une semaine après l'ouverture du Voyage à Nantes. On a constaté que c'était un peu trop et on a modifié le temps de fonctionnement. Il était de 9h à 22h, on a réduit d'une heure. C'est désormais de 10h à 22h. De plus, on a mis un temps de pause. 5 minutes toutes les 10 minutes, la fontaine ne fonctionne pas."
450 m3
Difficile apparemment d'obtenir un chiffre sur les mètres cube qui s'échappent de la fontaine. Une réponse à la Fernand Raynaud nous a été donnée : "Ça dépend du vent !" Les jets verticaux sont parfois déviés vers l'extérieur du bassin mais pas toujours...
Le chiffre de 450 m3 est avancé. Mais, nous a t-on aussi expliqué, la fontaine s'encrasse moins et on économie des vidanges.
Quoiqu'il en soit, la facture sera réglée par le Voyage à Nantes.
Ça coule de source...