L'année 2025 vient de débuter et en guise de bonne résolution, des centaines de randonneurs ont gravi le terril d'Haillicourt (Pas-de-Calais), ce mercredi 1ᵉʳ janvier 2025. Ils étaient ravis d'arriver au sommet de cette colline artificielle de 180 mètres d'altitude, classé "Espace Naturel préféré du Pas-de-Calais".
Vêtus de manteaux en fausse fourrure ou encore coiffés d'une perruque colorée, l'heure était à la fête mercredi 1ᵉʳ janvier 2025 aux abords des terrils jumeaux d'Haillicourt (Pas-de-Calais). Pour fêter la nouvelle année, ils étaient nombreux à se frotter à la pente de la colline artificielle. Au sommet, à 180 mètres d'altitude, une vue imprenable sur tout le Bassin minier.
10 ans pour une randonnée festive
Depuis dix ans, chaque année, des centaines de randonneurs réalisent ce pèlerinage au lendemain du réveillon de la Saint-Sylvestre. Le vent froid du matin du mercredi 1ᵉʳ janvier 2025 n'aura pas découragé les promeneurs. D'abord, il faut marcher une vingtaine de minutes sur un chemin plat aménagé avant d'atteindre des escaliers. Ensuite, après 389 marches, on arrive au sommet du terril. En haut, un belvédère permet d'observer à 360 degrés le Bassin minier.
"De là-haut, on peut tout voir : le clocher de l'église Saint-Vaast de Béthune, le stade Bollaert pour les sportifs, les corons d'Haillicourt, le parc d'Olhain, et par temps clair, même la ville de Lille", décrit Kévin Wimez, salarié du syndicat mixte Eden 62.
Le premier jour de l'année, les Dunkerquois se baignent dans la mer du Nord, tandis que les habitants du Béthunois profitent en toute convivialité de leur patrimoine minier. Pour ce faire, des centaines de randonneurs se sont inscrits en amont du 1ᵉʳ janvier afin de réaliser l'ascension en groupe.
Un exercice arrosé - avec modération - pour certains randonneurs ravis de l'ascension. "Ils êtôts fins bénaches", comme on dit en chti. Qu'ils aient 7 ou 77 ans, tout le monde peut monter au sommet du terril. La plupart des randonneurs sont souvent partants pour revenir l'année suivante.
Le terril "un pan de l'histoire du Pas-de-Calais"
Les terrils du Nord, prononcez "terri", constituent tout "un pan de l'histoire du Pas-de-Calais. Aujourd'hui, il s'agit d'un point touristique majeur et unique de la région", précise Kévin Wimez, salarié du syndicat mixte Eden 62.
Il s'agit d'un point touristique majeur et unique de la région.
Kévin Wimez, salarié du syndicat mixte Eden 62
Ces collines emblématiques et impressionnantes du Bassin minier ont été inscrites au Patrimoine mondial de l'UNESCO le 30 juin 2012. Ce label célèbre trois siècles d'exploitation du charbon. Les terrils jumeaux du 11/19 à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) sont les plus hauts d'Europe. Ils culminent à 190 mètres d'altitude.
Depuis la fin de l'ère minière, beaucoup de terrils ont disparu. Désormais, il en reste seulement près de 340. C'est en décembre 1990 que la dernière gaillette de charbon a été remontée à Oignies (Pas-de-Calais). Lorsque les mines tournaient à plein régime, de la terre à 400 mètres sous le niveau du sol était évacuée. Le charbon était prélevé et la terre non désirée, mise de côté, formait des collines.
Un espace naturel reconnu
"Cela en fait un endroit très fragile. Quand on est sur un terril, on marche principalement sur du schiste", indique Kévin Wimez, salarié du syndicat mixte Eden 62. Le 31 décembre 2024, le terril d'Haillicourt a été élu "Espace Naturel préféré du Pas-de-Calais" après la participation de 60 000 votants. Le lieu arrive en tête juste avant la réserve naturelle nationale du Romeläere (Pas-de-Calais). Ce concours a été lancé par le syndicat mixte Eden 62.
"Cette victoire, c'est la reconnaissance du sacrifice des mineurs. Le terril d'Haillicourt se distingue aussi pour la richesse de sa biodiversité, précise Kévin Wimez. Les habitants ont prouvé leur attachement sentimental à ce lieu."
Une riche biodiversité
Trois sentiers de randonnée d'1,km, 2,6 km ou 11 km sont aménagés autour de ce terril. Depuis la fin de l'exploitation minière, la nature a repris ses droits. Ce milieu naturel abrite plus de 200 espèces végétales et animales.
"On va trouver des plantes qu'on ne retrouve pas normalement sur des terres pauvres. Par exemple, le pavot cornu poussant habituellement sur le littoral s'y plaît bien. L'oseille à feuille d'écusson, quant à elle, sur le monticule, profite d'un climat lui rappelant son milieu montagnard d'origine", raconte le salarié du syndicat mixte Eden 62.
On va trouver des plantes qu'on ne retrouve pas normalement sur des terres pauvres.
Kévin Wimez, salarié du syndicat mixte Eden 62
Si la végétation peut être riche, c'est aussi le cas de la faune. "Il y a des amphibiens comme des crapauds calamites qu'on ne trouve presque ici. Il existe aussi des oedipodes turquoises, des criquets qui se fondent dans le paysage", énumère le spécialiste de la biodiversité.
Grimper, se balader ou encore festoyer pour le 1er janvier, le terril Haillicourt offre de multiples possibilités. Et pour les plus sportifs, ils pourront se risquer à gravir la célèbre colline le 4 mai 2025 prochain à l'occasion du Trail du Patois.