Catastrophe de Liévin. "Il était 4h30, je voyais mon père pour la dernière fois" : 50 ans après, 500 personnes rassemblées pour se souvenir

Le 27 décembre 1974, un coup de grisou dans la fosse 3 de Liévin fauchait la vie de 42 mineurs. 50 ans plus tard, les enfants et descendants des hommes tués dans cette catastrophe leur rendent hommage à travers une fresque et un film documentaire, en présence du Premier ministre François Bayrou.

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Dans l'église Saint-Amé de Liévin, les fidèles sortent un mouchoir, s'essuient le nez, balaient une larme et essaient de rester dignes. Parmi les 500 personnes venues se recueillir ce 27 décembre 2024, certaines ont revêtu le casque de mineur de leurs aïeuls. D'autres sont venues habillés en bleu de travail. Toutes affichent grise mine.

Il y a un an jour pour jour, le drame surnommé "la catastrophe de Liévin" ôtait la vie à 42 mineurs de fonds descendus dans la fosse 3, dite Saint-Amé, du Siège 19 à Liévin. Un coup de grisou d'une violence inouïe qui derrière lui a laissé 116 enfants dépourvus de père.

Ces anciens enfants ont aujourd'hui atteint l'âge qu'avait leur paternel au moment de la catastrophe. Mais ce tragique évènement a laissé une trace au fer rouge dans leur esprit d'adulte. Cette nuit, Jean-Louis n'a pas pu fermer l'œil.

"À 4h30 précises j'étais réveillé et je n'ai pas réussi à me rendormir." Une heure symbolique pour ce nordiste puisque, 50 ans plus tôt, c'est à cette heure-ci qu'il voyait son père pour dernière fois. "Je me souviens de sa silhouette dans l'entrebâillement de la porte. Après ça, je ne savais pas encore, mais je ne le reverrai plus jamais." À 6h19 précisément, une explosion sourde retentissait à 710 mètres sous terre. 42 corps, dont celui du père de Jean-Louis, remontaient à la surface quelques heures plus tard, allongés dans des cercueils.

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François Bayrou, présent à la cérémonie

La messe donnée à 9 heures ce vendredi matin était suivie d'une cérémonie d'hommage et d'un dépôt de 51 gerbes, sur le monument dédié aux 42 mineurs. En présence du président de Région Xavier Bertrand, les centaines de personnes rassemblées à Liévin ont écouté avec attention le discours du Premier ministre François Bayrou, en visite surprise dans le Pas-de-Calais pour vivre cette journée de mémoire.

"Ces 42 mineurs doivent être en nous, ils sont en nous. Leur courage, leur capacité à affronter des conditions de travail que nous n'imaginons plus aujourd'hui, sont en nous. Nous ne sommes pas ici seulement pour honorer leur mémoire, mais l'esprit qui les animait. (...) Nous sommes là pour porter le souvenir reconnaissant de la nation et de l'État au Bassin minier", livrait le maire de Pau ce vendredi matin.

Se souvenir 50 ans après

Sur le parvis de l'église Saint-Amé, une quarantaine de personnes tiennent solennellement le portrait des mineurs décédés il y a 50 ans. Mettre des visages sur les noms et sur les chiffres, pour ne pas déshumaniser l'histoire, pour ne pas oublier cette catastrophe minière, l'une des plus tragiques en France.

Un devoir de mémoire que Véronique, fille d'un de ces hommes victimes de la mine, salue avec émotion.

"Je viens à cette cérémonie tous les ans pratiquement, par devoir de souvenir, envers mon père surtout", raconte-t-elle, la voix entrecoupée par l'émoi de la cérémonie. "Maintenant, je veux que mes enfants participent. Parce que nous qui les avons connus, on vieillit. Donc c'est aux autres que ce travail de mémoire va revenir."

Laisser une trace dans les esprits et dans le temps, voici tout l'enjeu de cette commémoration. C'est dans cette optique qu'une fresque réalisée par l'artiste Rouge Hartley a été inaugurée ce matin. Cette œuvre entièrement peinte au pinceau sur un logement social du quartier Saint-Amé (Liévin), représente huit enfants qui sortent d'un puits de mine, entouré de gerbes de fleurs. Un symbole d'espoir, de souvenir et de transmission, appuyé par la diffusion d'un film documentaire qui compile le témoignage des descendants des mineurs tués le 27 décembre 1974.

Le long-métrage sobrement nommé La Catastrophe de Liévin, doit être projeté en avant-première aux familles des victimes à 17h30 ce vendredi. Le film sera ensuite diffusé sur l'antenne de France 3 Hauts-de-France le 16 janvier 2025, à 22h50.

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