Monsieur le maire de Frossay voit rouge, un taureau réputé dangereux divague sur le territoire de la commune. Par arrêté municipal, il s'autorise à abattre l'animal. Le propriétaire a jusqu'au 8 février pour prendre les précautions nécessaires. Pour autant, le sort du taureau semble scellé.
À Frossay dans le Pays de Retz, entre le canal de la Martinière et la rive sud de la Loire, un taureau vit plus ou moins librement dans ces prairies inondables, perturbant, par la réputation qu'on lui fait, l'immobilité du paysage.
Assurément il inquiète les promeneurs qui profitent de la quiétude des lieux. "Il pourrait être dangereux et provoquer un accident", fait remarquer Monsieur le maire, Sylvain Scherer.
Le géniteur du troupeau
"Je l'ai aperçu deux fois, dans le chemin et puis dans le champ à côté du canal, j'étais avec mon chien", précise Gabrielle. La jeune femme ajoute : "il nous a regardés passer, sans bouger, il est resté stoïque". Gabrielle ne s'était pas posée la question de sa dangerosité.
"Je viens marcher ici, il y a des gens qui le disent agressif. Il a l'air en bonne santé, plus que le reste de l'état du troupeau. Il manque de contacts humains, si les gens s'approchent, il se sent agressé, c'est son instinct d'animal", témoigne Yannick sur le ton de l'évidence.
Agressif selon les uns, placide selon les autres, tout le monde est d'accord pour constater que l'animal est le géniteur d'une bonne partie de la douzaine de vaches, qui constitue le troupeau qui l'accompagne. "Les animaux vivent en semi-liberté", le propriétaire ne conteste pas les faits. Il vit dans une ferme voisine.
"C'est un taureau pie noir breton (espèce bretonne pie noir, NDLR), qui pose des problèmes depuis un an, il a déjà chargé d'autres agriculteurs, il a cassé des clôtures pour aller voir des génisses voisines, son propriétaire n'arrive pas à le maitriser", déplore Sylvain Scherer.
Maire et chasseur, pas toréador
Monsieur le Maire s'est renseigné, "C'est une réserve naturelle gérée par l'Office de la biodiversité, qui appartient au Syndicat des Marais ou au Conservatoire du Littoral. J'ai contacté la préfecture, le lieutenant de louveterie et les services de l'OBD, qui m'ont dit : c'est le pouvoir de police du maire. Prenez les mesures nécessaires"!
Sylvain Scherer garde son sang-froid, "je suis chasseur, pas toréador, si le propriétaire ne rentre pas son taureau on va l'abattre". Le propriétaire est prévenu par arrêté municipal, il a jusqu'au 8 février pour prendre soin de son animal. Monsieur le maire s'autorise tout à fait légalement à abattre l'animal.
Il y a quelques mois, la commune avait déjà dû régler le problème de la divagation d'une huitaine d'ânes, appartenant à la même personne. Sans difficulté, une association était venue récupérer les animaux. "Je doute qu'on trouve quelqu'un pour s'occuper d'un taureau", ajoute le maire, laconique.
Le propriétaire n'a pas souhaité s'exprimer devant notre caméra, se contentant de préciser que le taureau sera retiré du marais d'ici le 8 février, et conduit... à l'abattoir !