Harcèlement de rue : selon une enquête en Loire-Atlantique et en Vendée, 79% des jeunes filles interrogées en ont déjà été victimes

814 filles de 13 à 20 ans de Vendée et Loire-Atlantique ont répondu à une enquête sur la condition des femmes lancée par la Nantaise Alexandra Benhamou. Harcèlement, violences sexuelles, Les résultats sont édifiants.

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En Loire-Atlantique et en Vendée, 66% des jeunes filles ne se sentent pas en sécurité dans l'espace public et 79% ont déjà été victimes de harcèlement de rue. Ces chiffres sont le résultat d'une enquête financée par la région Pays de la Loire, le département de Loire-Atlantique et la Ville de Nantes.

Un état des lieux du territoire qui résonne d'autant plus fort à la veille de la journée mondiale du droit des femmes. 

Qui a répondu à cette étude ? 

Alexandra Benhamou, la fondatrice du collectif LadydeNantes et l'initiatrice de cette enquête, "Aux filles du temps", retient une grande satisfaction de la participation à cette étude : "814 filles de 13 à 20 ans ont répondu entre décembre 2020 et mai 2021 dans plus de 80 communes en Loire-Atlantique et une trentaine en Vendée, pour avoir une base solide".

Cet échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de zones géographiques.

Le long questionnaire en ligne, anonyme et confidentiel, a été diffusé dans des établissements scolaires (collèges et lycées privés et publics), MJC, et via les réseaux sociaux (Instagram, Facebook). 

Quel visage à le harcèlement de rue en Loire-Atlantique et en Vendée ? 

Le questionnaire visait à mesurer à la fois la connaissance, le ressenti et les expériences vécues de filles tant en milieu rural qu’en milieu urbain entre deux départements limitrophes.

En moyenne, dans les deux départements, 66 % des filles interrogées craignent les agressions, les kidnappings et les hommes en général. Pour la majorité, les agressions sont si fréquentes qu’elles ne les comptent plus.

"La plupart ont d’ailleurs développé des stratégies pour y faire face comme ne plus rentrer la nuit ou s’interdire de porter certaines tenues", nous dit l'enquête. "Déjà j’évite d’être sur le même trottoir qu’un homme", "je respire et je reste calme tout en surveillant mes arrières", "je porte toujours des écouteurs même si je ne mets pas de musique", témoignent les jeunes filles. 

En milieu urbain, "ce harcèlement est beaucoup plus anonyme, constate Alexandre Benhamou. Les filles peuvent avoir des problèmes à la station de tram avec des groupes de garçons, sans forcément connaître les harceleurs". 

En milieu rural, "ça existe, mais on en parle moins. Souvent, les filles connaissent le harceleur. Ça peut être le copain d'un frère par exemple". 

Des violences psychologiques et sexuelles dans la vie amoureuse des jeunes filles

"Beaucoup de jeunes filles m'ont parlé de violence amoureuse, c'est bien la thématique des violences conjugales, qui existe chez les jeunes adolescentes. Et ça m'a vraiment interrogée", confie Alexandra Benhamou. Elle a donc voulu creuser. Quand elle a cherché des témoignages et des chiffres sur ces violences dans les territoires de Loire-Atlantique, elle n'a rien trouvé. "Alors je l'ai fait".

Résultat, dans l'espace intime, elles sont 26 % à faire état de violences psychologiques, 25 % de harcèlement sexuel (dont 14 %, plusieurs fois), 15 % ont pu dénoncer les faits subis.

47% disent avoir déjà eu des relations sexuelles sans en avoir envie

47 % disent avoir déjà eu des relations sexuelles sans en avoir envie. "Une fois sur trois pour faire plaisir, une fois sur quatre par peur de dire non", peut-on lire dans l'enquête. Dans 46% des cas, il s'agissait de leur "amoureux", 9% d'un inconnu, 8% d'un inconnu, 4% d'un membre de leur famille. Dans 16% des cas, elles ne souhaitent pas répondre. 

Enfin, 68 % connaissent une victime de violences sexistes et/ou sexuelles dans leur entourage proche. 

Cette enquête évoque aussi le rapport au féminisme, au genre, à l'IVG

Selon l'enquête, 89% des filles de 13 à 20 ans interrogées en Loire-Atlantique et en Vendée ont une "définition claire et positive" du féminisme. 

Sur la question du genre, 93,86% des répondantes se définissent comme femme, 2,21% comme garçon et 3,44% comme non-binaire.

Concernant l'accès à l'information, l'étude souligne que seulement 49% d'entre elles s'estiment bien informées sur l'IVG. 

Du positif ressort-il de cette étude ?

"Je trouve cela très optimiste de savoir dans quelle société on vit, quelles sont les perspectives, considère Alexandra Benhamou. Concernant l'égalité, ces jeunes filles sont plutôt à l'aise, que ce soit dans le sport, dans le milieu professionnel, elles prennent partie de leur vie, elles se prennent en main. Elles sont impliquées dans l'environnement. Les femmes ont de l'avenir dans les Pays de la Loire, et pas que." 

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