L'artiste vidéaste Jacques Perconte expose son installation intitulée Marée métal au Lieu Unique de Nantes du 23 juin au 3 septembre.
Un cinéma à six écrans, c'est ainsi que Jacques Perconte a voulu concevoir son exposition dans la salle au sol en béton ciré du Lieu Unique de Nantes. Dessus, des vidéos de paysages modifiées grâce à la technique de compression vidéo dont l'artiste a le secret.
Tour à tour, lentement, les images évoluent, se parent de couleurs qui ne sont pas les leurs, ou éclatent en millions de pixels et forment, au cours de la balade, un film ponctué d'environnements naturels et industriels.
"Des images qui prennent leur temps", peut-on lire sur un texte projeté au sol. Elles prennent le temps d'exister, comme le charbon filmé en gros plan qui devient de plus en plus écarlate, ou les éoliennes disparaissant peu à peu, emportées par leur mouvement rotatif. En fond sonore, le chuchotement des vagues laisse place au bruit lourd d'un porte-conteneur arrivant à quai.
Le nom de cette exposition qui se déroule presque dans le noir : Marée métal. Cet intitulé renvoie au contraste mis en lumière entre images de nature et de complexes industriels. Sans vouloir "rendre monstrueux" ces derniers, ni "diaboliser l'industrie", Jacques Perconte orchestre la "rencontre de ces images".
L'artiste tend à recréer le "rapport physique au monde", pour donner à voir comment les choses issues de la nature cohabitent avec celles construites par l'humanité. Il représente, hors des cadres habituels, "cette situation particulière d'aujourd'hui, où l'on a conscience d'une crise écologique et sociale importante".
Marée métal n'est pas une critique, c'est un portrait. Et, peut-être qu'en regardant ce portrait, on a un regard critique.
Jacques PerconteArtiste numérique
Dans une forme de paradoxe, le spectateur peut trouver beau ou impressionnant la vue d'une forêt au feuillage vert d'été, mais aussi celle d'usines immenses aux cheminées fumantes.
Ce voyage dans nos sensations les plus intimes et inconscientes, l'artiste tente de le susciter à travers un film de presque 3 heures en 6 chapitres : lumière, énergie, ruines, anges, souffle et machines.
Il travaille sur l'assemblage des images depuis septembre 2022. "C'est un mouvement rétrospectif sur mon travail. Les rush les plus anciens datent de 2012, et les plus récents d'un mois et demi", précise-t-il.
Ses dernières vidéos ont été tournées en Loire-Atlantique. "C'est important pour moi de m'ancrer dans le territoire et dans le lieu où j'expose", confie Jacques Perconte. C'est à l'observatoire de Lavau-sur-Loire qu'il a trouvé son refuge ligérien, d'où il a pu capturer l'estuaire de la Loire.
Des images de la raffinerie de Donges cohabitent avec des vidéos de glaciers, ou de forêts écossaises dont les arbres sont débités comme des brindilles par de puissantes mâchoires de métal.
Pour constituer ce "poème visuel" où "chacun doit trouver son chemin", Jacques Perconte utilise une technique qu'il a développée depuis plus de 20 ans, et qui démontre son rapport plastique avec l'outil informatique. Le code, les algorithmes et les données sont ses pinceaux et la caméra, son tube de peinture.
Qualifié de "pionnier de l'art informatique" par Eli Commins, directeur du Lieu Unique et commissaire des expositions, le vidéaste s'affranchit des règles du numérique pour les subvertir et les mettre au service de la création. Il fait surgir des visions inédites du monde, tenant de réconcilier l'humain avec la matière et le vivant via le numérique, un médium qui a contribué à l'en séparer.
La balade cinématographique qu'il propose est accessible gratuitement en entrée libre pendant les horaires d'ouverture du Lieu Unique.