Créé en 2011 par un Nantais, "Chasse aux Livres" compare les prix d’une trentaine de commerces ou plateformes qui vendent des livres neufs ou d’occasion. Il peut y avoir jusqu’à 40 % de différence sur les prix, selon Thibaut Le Port.
Son concepteur n’a pas souhaité être photographié. "J’aime bien rentrer dans une librairie sans qu’on sache qui je suis, dit Thibault Le Port. Et puis je suis quelqu’un de discret."
Dont acte. Mais il a bien voulu nous parler du site internet qu’il a créé et qui est devenu son entreprise, basée à Nort-sur-Erdre, au nord de Nantes.
Thibault Le Port est un gros lecteur. Pour son plaisir personnel, mais aussi, quand il était ingénieur en informatique pour des sociétés de services (banques, assurances…), pour ses besoins professionnels.
"Je ne trouvais pas d’outils adaptés pour comparer les prix des livres en France, explique-t-il. J’ai donc travaillé sur un comparateur simple, ergonomique, intuitif."
En partenariat avec une trentaine d'enseignes
C’est ainsi, qu’en 2011, est né "Chasse aux livres", un comparateur qui, 13 ans plus tard, séduit 20 à 25 000 utilisateurs, selon son créateur.
Pour nourrir son comparateur, Thibault a établi des partenariats avec une trentaine de bouquinistes et librairies en ligne.
Si un lecteur en recherche d’un titre trouve son bonheur sur le comparateur "Chasse-aux-livres.fr" et en fait l’acquisition via la plateforme, la librairie qui l'aura ainsi vendu reverse une commission à l’entreprise de Thibault. C’est aussi simple que ça.
"Mon critère de prix (pour renseigner son comparateur), c’est le prix du livre, plus le prix de la livraison" explique Thibault Le Port.
L’homme nous assure avoir gardé son indépendance par rapport à ses partenaires commerciaux.
"J’ai des concurrents, mais qui appartiennent à de grosses plateformes" précise-t-il.
Interroger le comparateur peut être très intéressant quand un livre est épuisé en librairie, mais qu’il existe encore sur le marché de l’occasion, Ebay, Amazon, Momox…
"Je vends beaucoup de livres d’occasion sur mon site, affirme Thibault. Actuellement, il y a un engouement pour les livres d’occasion."
20 % des livres achetés d’occasion
Selon une étude publiée par la SOFIA (Société Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit), "le nombre d’acheteurs de livres d’occasion a augmenté depuis au moins dix ans, à l’inverse du nombre d’acheteurs de livres imprimés neufs… Près de 20 % des livres ont été achetés d’occasion en 2022... Le marché de l'occasion est désormais massivement opéré en ligne, par des acteurs de tailles et de natures hétérogènes : plateformes de mise en relation entre particuliers, places de marché, détaillants tout en ligne, etc."
Le comparateur créé par Thibault a donc trouvé sa place dans ce marché en pleine évolution positive.
Les motivations des "consommateurs" de livres d’occasion peuvent être multiples. Economiques, bien sûr, mais pas seulement. On peut y voir aussi une démarche écologique. Mais, toujours selon l'étude menée la SOFIA et que publie le Ministère de la Culture, "c'est avant tout pour payer moins cher leurs livres que les Français achètent d'occasion ; les considérations écologiques ne pèsent pratiquement pas dans leurs motivations."
Et l'économie peut être substantielle si on prend le temps de comparer les prix.
"Il y a des livres où il y a beaucoup de concurrence, constate Thibault. Il peut y avoir 30 à 40 % de différences sur les prix."
Succès des boîtes à livres
Pour d’autres, l'objet a aussi son charme, justement parce qu'il est d'occasion.
"Un livre d’occasion, c’est un objet qui a une histoire. Parfois, on y trouve des annotations", fait remarquer Thibault.
Ce qui, évidemment, est une concurrence pour les libraires. Et un manque à gagner pour les auteurs, qui ne touchent aucun droit sur la revente sur le marché de l’occasion de leurs ouvrages.
Sur ce même thème de l’engouement pour les livres d’occasion, on peut aussi évoquer la multiplication des "boîtes à livres". Qu’il s’agisse d’anciennes cabines téléphoniques réaménagées en rayonnages pour livres et magazines en accès libre et gratuit, de "niches à livres" vues également dans certains villages, ou de divers abris bricolés par des associations de quartier ou des particuliers.
Là encore, pas de rétribution de l'auteur ni de l'éditeur. Mais un partage de la culture, rendue accessible aux bourses les plus plates.
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