Yoann Barbereau, qui avait fui la Russie en 2017 alors qu'il y avait été condamné par contumace à 15 ans de camp pénitenciaire, n'est officiellement plus recherché par Interpol depuis ce 17 août 2020. La fameuse "notice rouge" le concernant est annulée.
Alors directeur de l'Alliance française d'Irkoutsk, en Sibérie, Yoann Barbereau, originaire de Nantes, avait été arrêté le 11 février 2015 par des hommes cagoulés, devant sa femme russe et leur fille alors âgée de 5 ans. Emprisonné 71 jours puis interné en hôpital psychiatrique, il avait été poursuivi pour une affaire de pédophilie. Affaire qu'il a dit être montée de toutes pièces par le FSB (services secrets russes), un "Kompromat" (dossier compromettant) aux origines toujours mystérieuses.
Évadé de sa geôle, puis réfugié à l'ambassade de France à Moscou, il a avait finalement fui la Russie dans des conditions rocambolesques qu'il raconte dans un ouvrage publié en février 2020, intitulé : "Dans les geôles de Sibérie" et publié chez Stock.
Ce mardi 18 août, Interpol vient de diffuser une note indiquant que Yoann Barbereau, à sa demande, n'est officiellement plus recherché. Au motif du caractère politique de la demande russe !
Réaction de Yoann Barbereau devant les caméras de France Télévisions
Après le refus du ministère des Affaires étrangères d’une demande indemnitaire au titre de la "protection fonctionnelle", due aux fonctionnaires et agents publics quand ils sont victimes d’attaques, Yoann Barbereau avait saisi le tribunal admistratif.
Dans un jugement rendu le 3 avril, le tribunal administratif a condamné l’Etat à lui verser la somme de 300 315,03 euros, dont 200 000 au seul titre du préjudice moral. Cette "juste appréciation" du préjudice est liée à la fois aux attaques ayant "porté atteinte à la réputation" de Yoann Barbereau, aux "atteintes à son intégrité corporelle et psychologique lors de sa détention en Russie puis de son internement d’office en hôpital psychiatrique", à la séparation "brutale" et "prolongée" d’avec sa femme et sa fille (sa femme l'a quitté pour vivre avec leur fille en Grande-Bretagne), ainsi qu’aux "atteintes à ses droits fondamentaux", ont souligné les juges administratifs.
Reste encore une action en justice contre l’État russe devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour le disculper.