INTERVIEW. Sang Froid : un premier album sous le signe des nuits blanches

Sang Froid a muri pendant la pandémie. Quand tout s'est arrêté, quand tout a fermé, quand chacun de nous a dû se tenir à bonne distance, deux musiciens de Regarde les Hommes Tomber et un troisième issu du groupe The Veil se sont lancés dans cette nouvelle aventure. Ils sortent aujourd'hui leur premier album, All-Nighter. Interview...

Il y a de la cold wave dans l'air, et pas qu'un peu ! Le nom du groupe à lui seul annonce la couleur, sombre, et la température, glaciale. Fondé à l'aube de la pandémie mondiale, Sang Froid n'a pas mis longtemps à imposer son style, son écriture, son univers, une musique qui convoque Depeche Mode pour le côté pop, The Sisters of Mercy pour le gothique et Sigur Ros pour les passages atmosphériques. 

Galette noire pour nuits blanches

Aux commandes, le guitariste Jean-Jérôme alias JJS, le chanteur Thomas alias TC, tous deux issus du groupe de metal Regarde les Hommes Tomber, et le clavier Ben Notox de The Vieil, rejoints pour les lives par Younn à la basse.

Une petite année de travail aura suffi à nos trois musiciens pour sortir un premier EP en 2021. Deux petites années supplémentaires et voici leur premier album, All-Nighter, nuits blanches en bon français, huit titres foncièrement dansants et addictifs à l'image de ce premier single, Proudly Ruining Yourself, dont le clip a été tourné dans les rues de Nantes...

Le groupe est né pendant la pandémie, quand tout s'est arrêté, quand tout a fermé. Est-ce que ça vous a aidé moralement à traverser ce long tunnel anxiogène ?

Jean-Jérôme (guitares, basses, claviers). À vrai dire, le groupe est né en 2019, deux mois avant la pandémie. Notre volonté de monter un projet axé cold wave / new wave existait déjà avant. Mais effectivement, la pandémie nous a permis de nous concentrer à 100 % sur la composition pour sortir notre premier EP en 2021. Ce projet nous a aidé à surmonter ces mois difficiles dans le sens où la pandémie, malgré tout, nous a offert l’opportunité de nous adonner à notre passion à plein temps : la musique.

Vos créations de l'époque ont-elles été marquées par le contexte ?

Jean-Jérôme. Pas réellement. Nous venons d’univers musicaux déjà sombres : metal, cold wave, indus, goth, new wave. Notre musique était déjà sombre et froide de base. Cependant, la musique de Sang Froid est plus ouverte et accessible que celle que nous jouons dans nos autres projets musicaux. Le but, avec Sang Froid, est de sortir de cet univers metal et de notre zone de confort.

Regarde les Hommes Tomber était alors en sommeil, plus de tournées, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Vous parvenez à jongler avec les plannings des uns et des autres ?

Jean-Jérôme. Oui, RLHT était en arrêt forcé. Nous venions de sortir notre troisième album et une grande tournée était programmée en France et en Europe. La pandémie a tout stoppé net. Ça a été très dur à vivre pour nous. Heureusement, notre booker a réussi à recaler toutes les dates par la suite. Mais effectivement, sans cela, sortir un EP puis un album avec Sang Froid n’aurait pas été possible. Il y a 15 jours, après deux ans de tournée avec Regarde Les Hommes Tomber, nous avons enfin donné notre dernier concert pour ce cycle. Ce qui va nous laisser du temps pour développer Sang Froid et tourner avec ce projet.

Avec un quatrième musicien qui vous a rejoint…

Jean-Jérôme. Oui, le noyau dur de Sang Froid est composé de trois musiciens : Thomas, Ben Notox et moi-même. Mais pour le live, il nous a semblé important d’incorporer un quatrième membre à la Basse. C’est important de pouvoir retranscrire fidèlement un album sur scène. C’est la principale raison de la présence de Younn à la basse. Ça, et un son beaucoup plus rock pour le live.

Votre premier album s’appelle All-Nighter, nuits blanches en français. La nuit vous inspire, vous porte conseil ? D'une façon générale, que racontent vos textes ?

Jean-Jérôme. L’album est un hommage aux nuits blanches. Ces nuits où l’on erre sans but dans les rues d’une ville immense, où l’on se retourne sans cesse dans son lit, où l’on se perd dans l’alcool et les substances, où l’on cherche un but à son existence. C’est le récit d’une nuit où l’amour, la dépression et les déceptions broient le cœur du protagoniste. Thomas a fait un travail sublime sur les textes. Beaucoup abordent ses doutes, ses peurs et des thèmes qui lui sont chers.

Comment ont été travaillés vos morceaux ?

Jean-Jérôme. J’ai maquetté l’ensemble des morceaux. Puis derrière, Ben Notox a fait un gros travail d’arrangement et de réinterprétation. Il possède une belle collection de synthés vintages. Tous les sons de claviers et boîtes à rythme que j’ai composés ont été retravaillés par lui. Nous sommes ensuite allés enregistrer l’album au Drudenhaus studio (Alcest). Benoit Roux, le boss des lieux a été d’une aide inestimable. À tel point que l’on peut dire qu’il a été le directeur artistique de All-Nighter. Les synthés sont ses instruments de prédilection et l’on peut dire que c’est le fan ultime de Depeche Mode ! Il était donc très heureux de travailler sur le projet. C’est probablement grâce à lui et ses conseils que nous avons sorti un album aussi pro.

Nous n’avons aucun état d’âme à donner un côté pop à nos morceaux, sans jamais perdre de vue ce petit côté goth que nous aimons tant

Jean-Jérôme (Sang Froid)

Lors d'une interview en 2021, vous me disiez vouloir avant tout vous faire plaisir. C'est toujours votre objectif, ça l'a été pendant la conception de l'album ?

Jean-Jérôme. Clairement ! Ce projet a un côté madeleine de Proust. Nous avons tous grandi dans les années 90. Bercés par les musiques de l’époque. Cette période où à la radio passaient encore régulièrement des groupes de new wave, de synth pop, de pop rock, de cold wave, voire de goth rock. Nous sommes des fans de ces styles de musique et Sang Froid est un hommage à ces scènes. Pour Thomas et moi, c’était aussi l’occasion de sortir des codes du metal. C’est un réel plaisir de composer des moreaux avec une structure plus conventionnelle : couplet – refrain. Pendant l’enregistrement, c’était vraiment l’objectif : simplifier, faire des refrains marquants. Nous n’avons aucun état d’âme à donner un côté pop à nos morceaux. Sans jamais perdre de vue ce petit côté goth que nous aimons tant.

Au moment de la sortie de votre EP, il n'y avait plus de concerts. Une frustration totale. Aujourd'hui, l'air est plus respirable et vous donnez rendez-vous à vos fans le 15 décembre au Ferrailleur pour votre release party. Le bonheur ?

Jean-Jérôme. Oui, que ce soit avec Regarde Les Hommes Tomber ou Sang Froid, notre plus grand bonheur est de monter sur scène. C’est notre raison d’être. Pouvoir le faire à nouveau est une grande joie. Nous espérons faire beaucoup de dates avec Sang Froid.

Et après ?

Jean-Jérôme. Là, nous allons donc nous concentrer sur le live. Le but est de trouver un maximum de date pour défendre l’album. Nous voulons également continuer à sortir des EP et des albums. Nous avons déjà pas mal de nouveaux morceaux pour la suite.

Merci Jean-Jérôme, merci Sang Froid

Plus d'infos sur le groupe ici

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