"Je suis un gardien de la paix, je sais d'où je viens". Le flic de Nantes remporte le Prix du Quai des Orfèvres pour son roman policier mais garde les pieds sur terre

C'est son septième roman mais son premier prix littéraire et pas n'importe lequel : le Prix du Quai des Orfèvres, une référence dans le monde du polar. Jean-François Pasques s'inspire de son quotidien de policier à Nantes.

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"Fils de personne" est le dernier roman de Jean-François Pasques.

Paris, 2005, un groupe d'enquêteurs de la Police Judiciaire se penche sur trois disparitions inquiétantes de femmes. Des affaires complexes. Parallèlement, le corps d'un SDF est retrouvé dans le bassin des Tuileries. Le tout sur fond d'une naissance sous X. 

"J'embarque le lecteur dans l'intimité de ce groupe de la PJ" annonce Jean-François Pasques, l'auteur de ce polar édité chez Fayard et qui vient de recevoir le Prix du Quai des Orfèvres. Le jury a apprécié les qualités littéraires du roman mais pas seulement.

Qualités littéraires et exactitude des détails

Dans l'article 2 de son règlement, il est expliqué que, pour ce prix que l'on qualifie parfois de Goncourt des polars, "il est tenu compte par le jury, entre autres considérations, des qualités littéraires, de l'exactitude matérielle des détails et du respect apporté par l'auteur dans la description des modalités de fonctionnement de la police et de la justice françaises."

Ça tombe bien, la procédure, Jean-François la connait, il est policier. Le capitaine Pasques est officier de la voie publique à Nantes, et, à ce titre, s'occupe de tout type de problématique, homicides, disparitions, violences urbaines.

Les termes techniques, juridiques, il les maîtrise et ça l'agace passablement quand, sur le terrain, des quidams chez qui il débarque lui demandent s'il a un mandat de perquisition. Des mots sortis tout droit des séries américaines et qui n'ont pas leur place dans le droit français où l'on parle plutôt de commission rogatoire. Autant dire qu'on ne trouvera pas ce genre d'erreur dans les romans du capitaine Pasques.

"J'étais confronté à des situations incroyables"

Sa rigueur, Jean-François Pasques l'a d'abord cultivée dans son premier métier de chimiste. Mais faire ses petites expériences dans des labos l'a vite ennuyé. Il avait besoin de terrain, de rencontre. C'est comme ça qu'il est arrivé dans la police, chez les bleus, les gardiens de la paix. 

"J'étais confronté à des situations incroyables en émotions, explique Jean-François Pasques. Vous êtes obligé de retenir vos émotions sinon vous travaillez mal." Alors, tôt le matin ou lorsqu'il était en congé, Jean-François Pasques qui n'était pas encore capitaine, couchait sur le papier les émotions qu'il n'avait pas le droit d'exprimer en service. Mais pas comme on écrit un rapport, non, avec du style, de la forme, du ressenti.

"J'écrivais de petits résumés où je pouvais lâcher des émotions. C'est devenu un plaisir d'écrire de façon régulière, dit-il. Quand j'écris, c'est de 5h à 10h, j'ai l'esprit frais, dispo."

"J'ai bien fait d'écrire"

Au fil des années (ça fait 27 ans qu'il est dans la grande maison), Jean-François Pasques a signé huit livres dont un recueil de nouvelles et sept romans. Le dernier étant "Fils de personne".

Le capitaine Pasques s'inspire bien sûr des affaires qu'il traite au quotidien mais il les entremêle, les adapte, leur donne du souffle. "Je lis beaucoup, dit-il, de la littérature blanche". Pas ou peu de romans policiers donc car il ne veut pas se trouver dans la situation de vouloir imiter le style d'un auteur qu'il apprécierait.

"Le PQO (Prix du Quai des Orfèvres pour les experts) va apporter une visibilité sans pareil, se réjouit l'auteur. Dans les salons, les librairies. Ça montre aussi que j'ai bien fait d'écrire même si je n'en doutais pas."

Manque de modestie ? Non, pas du tout. Jean-François Pasques n'a pas l'intention de rendre sa carte de flic et son SIG Pro, son arme de service. "Je suis un gardien de la paix, rappelle-t-il, je sais d'où je viens. Demain, je serai encore avec eux, dehors."

Même s'il va quand même devoir prendre quelques jours de congé pour assurer les séances de signature qui s'imposent à tout lauréat du prix du Quai des Orfèvres.

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