Pour l'ancien locataire de Matignon, Jean-Marc Ayrault, "si le pouvoir actuel décide d'abandonner le projet de Notre-Dame-des-Landes au profit d'une restructuration de Nantes-Atlantique (...) ça sera le symbole de l'impuissance de l'Etat".
Petit rappel des faits, Jean-Marc Ayrault est nommé premier Ministre de François Hollande le 15 mai 2012.
A la tête de la région Pays de la Loire, Jacques Auxiette, Philippe Grosvalet est, pour sa part, président du département. Tous trois sont de fervents partisans de l'aéroport.
Il semble alors qu'une décision va être prise en faveur de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Or, presque six ans après, une décision est toujours attendue dans ce dossier brûlant.
"Il y a eu d'abord une tentative d'évacuation de la ZAD en 2012 (Opération César NDLR)", rappelle Jean-Marc Ayrault sur le plateau de Dimanche en Politique, "et que nous avons suspendue parce que nous avions sous-estimé la menace de violence qui était extrême. On voulait éviter toute catastrophe".
"Un désaccord radical entre les pour et les contre"
Jean-Marc Ayrault rappelle qu'il a ensuite instauré une commission de dialogue "pour essayer d'apaiser et de rapprocher les points de vue. Ça n'a pas marché et je le regrette profondément. Il y avait au contraire, le maintien d'un désaccord radical entre les pour et les contre".
L'un d'eux était suspensif, "le contentieux porté devant la commission européenne au titre des compensations environnementales. Les opposants au projet contestaient le principe même qui avait été retenu pour le projet de compensations environnementales.""Le projet de NDDL c'est un projet qui a demandé énormément de temps pour être étudié, instruit et qui a fait l'objet d'un nombre considérable de recours"
Jean-Marc Ayrault rappelle qu'en 2012 les travaux ne pouvaient pas démarrer tant que ce contentieux n'avait pas été étudié par la commission européenne (or celui-ci est apparu en 2014), "nous avons répondu à chaque étape (de l'étude du contentieux, NDLR)" à toutes ses questions.
La commission européenne a finalement accepté le projet, elle "a dit "d'accord avec le principe même de vos compensations environnementales à condition que cela soit inscrit dans un document d'urbanisme qui soit opposable, qui ait une valeur juridique (...) donc nous vous demandons de réviser tous les documents d'urbanisme en particulier le schéma de cohérence territorial Nantes Saint-Nazaire".
La commission européenne le validera en 2017.
"Sortir par le haut de cette situation inextricable"
Quelques mois plus tôt, le 26 juin 2016, le référendum a donné le Oui gagnant à 51,08%.
Jean-Marc Ayrault, qui a quitté ses fonctions en tant que premier Ministre le 31 mars 2014, est revenu au gouvernement le 11 février 2016 en tant que ministre des Affaires Etrangères. C'est à ce moment-là que "François Hollande m'a dit " je propose de faire un référendum" pour sortir par le haut de cette situation inextricable, explique Jean-Marc Ayrault.
Une décision n'est cependant pas prise dans la foulée.
Jean-Marc Ayrault a-t-il aujourd'hui des regrets de n'avoir pu aller au bout de ce projet ? "Je ne veux pas concentrer toute mon énergie et mon engagement politique sur un seul projet", répond-t-il, "quand j'étais premier Ministre, il y avait Notre-Dame-des-Landes mais il y avait beaucoup d'autres choses. Le redressement du pays, la remise en marche de la France, en particulier sur le plan économique. C'est ça qui a pris l'essentiel de mon temps, pas Notre-Dame-des-Landes."
Et aujourd'hui ?
Notre-Dame-des-Landes, "j'y crois, mais je ne sais ce que le gouvernement va décider, je ne sais pas ce que le président de la République va décider", explique Jean-Marc Ayrault, "peut-être qu'ils vont s'asseoir à la fois sur le droit, le fait que les 180 recours qui ont été déposés ont tous été perdus par les requérants. Qu'ils vont s'asseoir sur le vote démocratique des citoyens qu'on a consultés".
estime l'ancien premier Ministre, "faire croire qu'il y a une solution alternative à Notre-Dame-des-Landes alors que c'est un projet prêt désormais à démarrer... Nantes-Atlantique, il n'y a rien de prêt. Il faudra tout recommencer, tout étudier (...) Je vous parie qu'avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron il n'y aura rien de commencé à Nantes-Atlantique"."Si le pouvoir actuel, le président de la République et le gouvernement décident d'abandonner le projet de Notre-Dame-des-Landes au profit d'une restructuration de Nantes-Atlantique, je pense que ça sera le symbole de l'impuissance de l'Etat"
Emmanuel Macron doit prendre sa décision d'ici la fin janvier à propos du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
► JM Ayrault à propos de Notre-Dame-des-Landes