Pour les personnes les plus touchées par la précarité, il peut-être difficile voire impossible, de payer les factures chez le vétérinaire. Pour leur venir en aide, l'association Vétérinaires pour tous prend en charge les deux tiers des frais médicaux pour les animaux de certains bénéficiaires.
Chez le vétérinaire, la facture peut vite grimper. Petit bobo, stérilisation, analyses, opération lourde… Souvent imprévus, les frais médicaux des animaux de compagnie peuvent faire basculer les comptes bancaires de certaines familles aux revenus déjà modestes.
Pour aider ceux qui ne peuvent pas payer, l’association Vétérinaire pour tous propose à ses membres de diviser la facture par trois. Un tiers de la facture est ainsi pris en charge par le bénéficiaire, un autre par l’association, et un dernier par le vétérinaire membre du réseau, qui accepte ainsi d’abaisser ses honoraires.
À peine 60 euros au lieu de 170
Guillaume est venu faire stériliser son chat à la clinique vétérinaire du Fresne, à Meslay-du-Maine. Allocataire du RSA, il n’avait pas les moyens de payer l’opération à plein tarif. « J’ai vu une publication sur le compte Facebook de la clinique qui proposait ce service, j’ai appelé pour me renseigner, on a constitué un dossier très rapidement, et c’est fait, ça y est."
Au lieu de 170 euros, le client a payé à peine 60 euros. Une réduction "pas négligeable", pour l’homme à la recherche d’un emploi, venu récupérer son chat encore un peu engourdi après son opération.
Coûteux, le dispositif Vétérinaires pour tous n’est pas accessible à n’importe qui. Si Guillaume a pu bénéficier du dispositif, c’est parce que son dossier rentrait dans les critères. Pour être éligible, le foyer du bénéficiaire ne doit pas être imposable. Il faut aussi respecter d’autres conditions : être allocataire du RSA, de l’allocation adulte handicapé ou encore toucher le minimum vieillesse.
La liste des bénéficiaires élargie
Soutenue par le Plan de relance du gouvernement, l’association a été subventionnée à hauteur de 4,5 millions d’euros en 2021. En septembre 2022, la liste des bénéficiaires a ainsi pu être élargie : les étudiants boursiers ou encore les personnes sans domicile fixe peuvent désormais constituer un dossier auprès de Vétérinaires pour tous.
C’est Madeleine Delcourt qui a opéré le chat de Guillaume à prix réduit. En mai 2022, la vétérinaire a rejoint le réseau de l’association. En poste depuis 18 ans, elle trouvait déjà souvent de petits arrangements avec certains clients.
"Ça a toujours fait partie de mon quotidien de faciliter l’accès aux soins pour les gens qui n’ont pas les moyens. On a toujours fait des facilités de paiement ou rendre la médecine accessible." Plus qu’un coup de pouce, la démarche est parfois nécessaire pour la vétérinaire : "On ne va pas regarder l’animal mourir sous prétexte que les gens n’ont pas d’argent, on veut le sauver à tout prix", explique-t-elle.
On ne va pas regarder l’animal mourir sous prétexte que les gens n’ont pas d’argent, on veut le sauver à tout prix.
Madeleine Delcourt, vétérinaire en Mayenne
Cela peut paraître surprenant, mais le dispositif n’est pas plébiscité par les associations de défense des animaux. Blandine, bénévole à Nantes au sein de l’association Sauvetage et chats en détresse, aimerait que "ceux qui adoptent des animaux l’assument, et s’assurent de pouvoir payer l’identification et la stérilisation de leur animal avant de l’adopter."
Des factures parfois exagérées
Plus largement, la militante dénonce les pratiques de certains vétérinaires, qui selon elle, font gonfler les factures : "Quand on emmène un chat pour un bobo et que le vétérinaire fait passer toutes sortes d'examens, on se dit qu’il fait n’importe quoi. C’est aussi pour ça que les gens ne peuvent pas payer, parce que certains font passer des examens inutiles," déplore Blandine.
Elle salue tout de même l’intérêt de l’association vétérinaire en cas de gros pépin. "Lorsqu’il y a une grosse opération et qu’une facture de 1 500 euros nous tombe dessus, là ça peut être utile. Mais parfois, ça n’est pas seulement une question d’argent, c’est aussi une question de mentalité", conclut Blandine, qui appelle ceux qui veulent adopter un animal à se responsabiliser.