L'incendie de la cathédrale de Nantes : c'était il y a tout juste un an

18 juillet 2020, une date qui fait désormais partie de l'histoire de la cathédrale de Nantes. Ce jour-là, le feu se déclare à l'intérieur de l'édifice. Un an plus tard, les lieux sont toujours fermés au public.

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"J’enlève mes écouteurs et j’entends du bruit comme du verre qui se casse. Je me retourne, et je vois l’énorme brasier entre les deux tours". Maxime, habitant du quartier de la cathédrale à Nantes est le premier à appeler les pompiers ce matin du 18 juillet 2020 à 7h44. Il attend son bus à quelques pas de la cathédrale Saint-Pierre et Saint Paul pour rejoindre son lieu de travail.

Très rapidement de nombreux pompiers sont présents sur place. Ils parviennent à circonscrire l'incendie vers 10 heures. Mais les dégâts sont considérables sur des tableaux de maîtres, des vitraux d'une grande valeur et surout le grand orgue vieux de 400 ans qui est totalement détruit par le feu.

Un sacristain bénévole arrêté

Le procureur de la République privilégie très vite la piste criminelle. "3 départs de feu ont été observés à l'intérieur : un au niveau du grand orgue, un à droite et un à gauche de la nef". Aucune trace d'effraction n'a été constatée. Les policiers interpellent un homme de 39 ans, sacristain bénévole, qui était chargé de fermer les portes de la cathédrale la veille de l'incendie. Emmanuel A. est mis en examen, incarcéré plusieurs mois puis remis en liberté sous contrôle judiciaire en juin dans l'attente de son procès. "Il est coopérant, c'est important dans sa situation de faire preuve de sa sincérité" a déclaré Quentin Chabert, l'avocat du bénévole. "Il a expliqué dès le départ être l'auteur des faits. Il regrette amèrement." Pour Jean-Yves Magnier, sacristain lui aussi à la cathédrale de Nantes, "la faiblesse humaine fait qu'on peut tous péter un plomb". A propos de l'homme arrêté, il précise : "il avait vécu des choses difficiles, il était en soins médicaux tout l'hiver." 

Il exprimait des reproches auprès des différentes personnalités considérant qu'il n'était pas soutenu et qu'on ne l'aidait pas assez

Pierre Sennès, procureur de la République à Nantes

Un message envoyé avant l'incendie

L'homme mis en examen avait envoyé un long message juste avant l'incendie à la cathédrale de Nantes et aux autorités administratives. D'origine rwandaise, il s'était vu notifié une obligation de quitter le territoire français. "Il se plaignait fortement de sa situation administrative" avait expliqué le procureur de la République. "Il exprimait des reproches auprès des différentes personnalités considérant qu'il n'était pas soutenu et qu'on ne l'aidait pas assez". Dans le journal Le Parisien, le père Hubert Champenois, recteur de la cathédrale, évoque la correspondance épistolaire qu'il entretient avec Emmanuel A. "pour pouvoir retrouver l'origine et mieux prendre en compte ce qui a causé cet incendie par ce geste criminel". Emmanuel A. risque jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amendes. Le juge a ordonné une expertise psychologique.

Place à la reconstruction (...). L'Etat prendra toute sa part

Jean Castex, Premier ministre

 Des travaux longs et compliqués

"Place à la reconstruction que je souhaite la plus rapide possible et à laquelle l'Etat prendra toute sa part". Le premier ministre Jean Castex avait fait le déplacement le jour-même pour apporter le soutien officiel du gouvernement. Mais l'ampleur des dégâts et une pollution au plomb plus importante que prévue complique le début des travaux. La première phase de nettoyage est en cours d'achèvement. L'opération de restauration et de reconstruction devrait coûter au moins 10 millions d'euros. Un montant qui sera entièrement pris en charge par l'Etat.

 

Appel aux dons pour un grand orgue

Reconstruire un grand orgue, c'est l'objectif d'une collecte de dons ouverte par la Fondation du patrimoine en partenariat avec le ministère de la Culture et la DRAC des Pays de la Loire. A ce jour, le montant des dons s'élève à un peu plus de 160 000 euros. Cette somme correspond à 40 % des 400 000 euros à atteindre.

Réouverture partielle prévue fin 2023

"Nous pensons raisonnablement que toute fin 2023 on pourra réaccéder à l'édifice." Il faudra donc encore attendre deux ans et demi pour une réouverture au public selon Valérie Gaudard, conservatrice des monuments historiques à la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire. Mais elle précise aussi que cette réouverture ne sera pas complète. Des parties seront toujours en travaux, notamment "le massif occidental", c'est-à-dire la façade occidentale au niveau de l'entrée principale. C'est la partie qui a été la plus touchée.

Dans une matinée où les images nantaises resurgissent, l'incendie de 1972 est dans toutes les têtes.

Johanna Rolland, maire de Nantes

L'incendie du 28 janvier 1972

Ce n'est pas la première fois que cette cathédrale au coeur de Nantes est touchée par un incendie. Le 28 janvier 1972, le toit de la cathédrale gothique Saint-Pierre-et-Saint-Paul avait été ravagée par les flammes. Le sinistre s'était déclaré à la suite de travaux effectués par un couvreur. La cathédrale de Nantes n'avait pu être rendue au culte qu'en mai 1985, après plus de 13 ans de travaux. Pour le père François Renaud, administrateur du diocèse, les dégâts ne sont pas comparables : "Il y a 50 ans, c'est la charpente qui avait totalement brûlé, aujourd'hui elle est en béton. Cette fois-ci, c'est l'intérieur qui est touché, notamment les orgues".
    
En 2015, toujours à Nantes, un autre édifice catholique avait été touché par un incendie spectaculaire qui avait détruit les trois quarts du toit de la basilique Saint-Donatien-et-Saint-Rogatien.

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