Odette Nilès est décédée. Militante communiste et résistante, elle était connue pour être la "petite fiancée" de Guy Môquet, le plus jeune des 48 otages fusillés en 1941 à Châteaubriant, Nantes et Paris en représailles après la mort d'un officier allemand.
Résistante communiste décédée dans la nuit de vendredi à samedi à 100 ans, Odette Nilès était la dernière survivante du camp de Choisel. C'est là qu'elle avait fait la connaissance de Guy Môquet, son "fiancé", fusillé avant le baiser qu'elle lui avait promis.
"Je vais mourir sans avoir eu ce que tu m'avais promis"
Le 21 octobre 1941, trois militants des jeunesses communistes abattent rue du Roi Albert à Nantes, Karl Hotz, commandant des troupes d'occupation de Loire-Inférieure.
En guise de représailles, Hitler exige l'exécution de cent cinquante otages français.
À Châteaubriant, le sous-préfet Lecornu est chargé de désigner les otages qui seront fusillés au sein des prisonniers politiques internés au camp de Choisel. Parmi les 27 otages retenus, le jeune Guy Môquet, 17 ans.
Odette Nilès, écrira un livre en 2008, intitulé "Guy Môquet, mon amour de jeunesse". Les deux jeunes gens se sont fréquentés au sein du camp de Choisel.
Ils font connaissance "à la barrière", la limite entre le camp des hommes et celui des femmes. Et échangent de part et d'autre de la bande de terre qui sépare les clôtures.
Il joue de l'harmonica, écrit des poèmes et a vite le béguin pour Odette. Il lui demande un jour si elle voudrait bien lui donner "un patin" (un baiser en argot). "Je ne savais pas ce que c'était mais j'ai dit d'accord", se remémore-t-elle.
Il lui offre une bague confectionnée dans une pièce de monnaie. Et lui fait passer un mot doux d'adieu avant de partir pour le peloton d'éxécution le 22 octobre 1941: "je vais mourir (...) Sans avoir eu ce que tu m'avais promis".
Mais Odette Nilès n'a pas été que la "petite fiancée" de Guy Môquet.
Une évasion en 1944
Fille d'un militant communiste, Odette distribue des tracts et intègre le réseau de la résistante Danielle Casanova, également militante communiste. Elle a 17 ans. Odette Nilès est arrêtée trois ans plus tard, le 13 août 1941, lors d’une manifestation à Paris, sur les grands boulevards.
Odette Nilès sera transféré en 1942 au camp d'Aincourt, dans le Val d'Oise. Elle s'évadera en 1944.
Après la guerre, Odette épouse Maurice Nilès, qui deviendra le député-maire de Drancy.
"Un siècle d'engagement et de liberté"
Toute sa vie, Odette Nilès poursuivra son travail de mémoire. Elle deviendra la présidente de l’Amicale de Châteaubriant, transmettant inlassablement l’histoire de la Résistance et celle de Guy Môquet.
Elle a été un passeur de mémoire
Serge AdryAmicale de Châteaubriant
"C'était une dame de très, très haut niveau pour ce qui est du passage de la mémoire, estime Serge Adry, président du comité local du souvenir de Châteaubriant, elle avait la manière de donner des informations, de faire passer à la génération nouvelle 'attention aujourd'hui il y a une montée de l'extrême-droite"
"Odette Nilès représentait un siècle d'engagement et de liberté", lui a rendu hommage Emmanuel Macron, en ce samedi jour anniversaire de la création du Conseil National de Résistance.