La PJ se mobilise à nouveau contre le projet de réforme voulu par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin

Ce lundi à la mi journée, une trentaine de fonctionnaires de la police judiciaire se sont rassemblés devant le Tribunal Judiciaire de Nantes.

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D'ordinaire discrets, les fonctionnaires de la Police Judiciaire ont décidé de se faire voir et entendre.

Inquiets de voir leur service fondu dans une direction départementale de la Police Nationale, les fonctionnaires de la Police Judiciaire avaient décidé de se rassembler ce lundi midi devant l'entrée du Tribunal Judiciaire de Nantes. Ils s'étaient déjà réunis symboliquement devant l'Hôtel de Police de Nantes le 7 octobre dernier.

"Le danger, c'est de perdre notre spécialisation"

Ce qu'ils craignent, c'est de perdre leur spécificité, leur expertise et d'être appelés à traiter le tout-venant, d'être noyés dans une masse de dossiers qui restent en souffrance faute de moyens.

"Le danger, selon Sébastien, vice-président de l'Association Nationale de la Police Judiciaire, c'est de perdre notre spécialisation, de perdre le temps nécessaire au traitement des infractions lourdes comme la lutte contre la criminalité organisée et les crimes complexes."

"On fait le sacrifice de beaucoup de choses"

Sébastien défend ce qu'il appelle la "famille" de la PJ. "On passe d'avantage de temps au travail, dit-il, on fait le sacrifice de beaucoup de choses sur le plan personnel."

Pour lui, cette nouvelle action vise à "répondre à cette difficulté de dialogue qui nous est opposée aujourd'hui face à cette réforme de la police nationale."

Une trentaine d'administratifs et d'enquêteurs se donc retrouvés devant l'entrée du tribunal sous la bannière Association Nationale de la Police Judiciaire, association créée en août dernier. Seulement une trentaine sur la centaine de personnels que compte la PJ à Nantes, du simple fait que beaucoup sont mobilisés sur les affaires en cours et notamment le meurtre d'une femme ce dimanche matin à Nantes.

Ces policiers ont néanmoins trouvé ce midi, devant le tribunal, le soutien de plusieurs avocats et magistrats. Ce qui réjouit l'Association Nationale de la Police Judicaire.

"L'association n'est pas seule dans le combat qu'elle mène, affirme Sébastien, elle mobilise aussi les magistrats, les avocats et, d'une manière générale, tous les acteurs de la chaîne pénale."

"Qui va s'occuper de démanteler les trafics de stupéfiants ?"

Kim Reuflet, la présidente du Syndicat de la Magistrature, avait tenu à être présente, pour soutenir ce mouvement. 

"Ils vont devoir se consacrer à la petite et moyenne délinquance, craint-elle. Qui va traiter leurs enquêtes, qui va s'occuper de démanteler les trafics de stupéfiants, les réseaux de traite d'êtres humains, le proxénétisme, la délinquance économique et financière, toute cette délinquance moins visible et qui demande des investigations au long cour ?"

Un exemple : dans une ville comme Nantes, la présidente du syndicat de la magistrature s'inquiète de voir les policiers de la police judiciaire consacrer leur temps aux seuls points de deal de drogue et pas au démantèlement des grands réseaux qui alimentent justement ces points de deal.

Un risque de fuite dans les enquêtes

La magistrate soulève aussi la question de l'indépendance de ces policiers qui travaillent actuellement sous l'autorité d'un directeur qui n'est pas sous l'autorité du préfet. La réforme annoncée va justement faire passer cette police judicaire sous l'autorité des préfets et donc du ministre d' l'Intérieur.

"Il y aura un risque de fuite dans les enquêtes craint Kim Reuflet, par une remontée d'informations qui deviendra obligatoire."

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